C'est pour Reno, juste
pour Reno et rien que pour Reno, parce que le titre, lui, évoque
d'emblée ces mauvaises comédies françaises qui pullulaient déjà
à l'époque. Ces longs-métrages qui réunissaient toutes celles et
ceux qui allaient plus tard représenter le paysage cinématographique
français. Mais bon, là, on est un cran en dessous de tout. Les
truffes est
le second et dernier long-métrage de Bernard Nauer, lequel aura
réalisé avant cela, l'adaptation de l'excellente pièce de théâtre
Nuit d'ivresse
en la transformant en une œuvre passablement vulgaire bien que très
regardable. Si la truffe est un champignon généralement très
prisé, le mot possède ici un sens tout autre puisqu'il évoque la
stupidité de ses deux principaux personnages qu'interprètent donc
Jean Reno et Christian Charmetant. Le premier incarne un boxeur raté
et le second, un escroc à la petite semaine. Un duo qui va traverser
le pays à bord d'une voiture pour un road movie des plus lénifiant.
C'est pas qu'on s'emmerde devant Les truffes,
c'est juste que le film est mal écrit et réalisé avec un minimum
de moyens. Écrit par le réalisateur lui-même, le scénario est
également l’œuvre de Philippe de Chauveron qui depuis a fait ses
preuves en tant que réalisateur puisqu'il a notamment réalisé
L'Élève
Ducobu
en 2011, Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?
en 2016 (ainsi que ses suites en 2019 et 2021) ou A
bras ouverts
en 2017. On aurait sans doute préféré que ce dernier soit aux
commandes de ces Truffes relativement
avariées même si de son côté, Philippe de Chauveron débuta sa
carrière à un niveau d'exigence à peu près équivalent à celui
de Bernard Nauer avec Les parasites,
en 1999...
Jean
Reno et Christian Charmetant s'entendent pour cabotiner à outrance.
Ils en font des tonnes, surtout le premier dont le futur charisme et
le timbre de voix ténébreux sont ici encore aux abonnés absents.
C'est franchouillard, écrit à la truelle, les dialogues sont à
peine réfléchis, au point que l'on se demande si les interprètes
n'ont pas eux-même eu carte blanche pour débiter leurs âneries
devant la caméra. La petite touche de féminité apportée par
l'actrice Isabelle Candelier ne tempère malheureusement pas le
niveau médiocre du film et de sa mise en scène. On est bien loin du
Jean Reno que l'on connaîtra plus tard. Quant à Christian
Charmetant, pour lui, rien de changé. Le réalisateur lui offre un
costume qu'il a l'habitude de porter donc rien de bien navrant pour
celles et ceux qui le connaissent déjà et l'apprécient. Les
truffes
est parcouru de quelques sympathiques présences qui ne font
malheureusement que passer. On pense notamment à l'humoriste
Jean-François Derec dans le rôle de Monsieur Polk, le voisin ravi
de voir Patrick/Jean Reno débarrasser le plancher, à Didier
Bénureau, sympathique samaritain lâchement abandonné sur la route
par Nathaniel/Christian Charmetant ou encore Marc Dudicourt dans le
rôle du coach ici, très caricatural au point d'en être éminemment
vulgaire. À noter le passage éclair de l'ancienne actrice
pornographique Julia Channel qui sous son véritable nom Julia Sow
interprète l'amante de Jean Reno au tout début du film (l'occasion
de la voir passer la poitrine (siliconée) à l'air). Ou celui de
Jean-Paul Roussillon qui se voit offrir le rôle du vigneron que le
réalisateur avait prévu d'offrir à l'origine à l'acteur Jean
Carmet avant que celui-ci ne meurt quelques temps avant le début du
tournage. Au final, Les Truffes
est une œuvre à oublier très rapidement. Le fond du panier de la
comédie française...
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