S'agissant du romancier
Stephen King dont Cell Phone
est l'adaptation de l'un de ses nombreux ouvrages, cela
ne m'arrivant pas souvent (je crois même qu'il s'agit de la première
fois), j'ai eu très envie de quitter la projection au bout d'une
demi-heure. Fidèle de l'écrivain, spécialiste de l'épouvante et
de l'horreur, au moins jusqu'au début des années 2002 et la
parution chez nous du roman Territoires co-écrit
en collaboration avec l'écrivain Peter Straub, je suis totalement
passé à côté du roman Cellulaire (Cell)
paru en 2006. Quant à son adaptation, il aura fallut que je patiente
jusqu'en cette année 2021 et ce samedi de forte chaleur pour me
lancer dans sa projection. Difficile de croire que derrière ce film
se cache effectivement l'auteur à l'origine des Evadés,
de La ligne verte,
du Fléau
ou de Ça...
Je me souviens de cette époque qui peut-être (sans doute?) a
perduré au delà des années 80/90 où le King était critiqué,
voire détesté pour son approche descriptive poussée à son
paroxysme. Tel que certaines intrigues ne débutaient véritablement
qu'après la lecture de plusieurs dizaines de pages (lire notamment
Cujo
pour comprendre). Cell Phone,
c'est tout l'inverse. On parle évidemment ici du film et non pas du
roman qui en est à l'origine. Caractérisation résumée à sa plus
simple expression, il s'agit du cas typique de long-métrage qui ne
donne absolument pas envie de découvrir le roman. Mais comme cela
paraissait essentiel pour La tour sombre
face à son abominable transposition sur grand écran, il semblerait
que le roman Cell
est bien plus intéressant à lire que son adaptation à voir...
D'entrée
de jeu, et alors que l'on ne sait rien du personnage interprété par
l'acteur John Cusack, la quasi totalité des individus présents dans
l'enceinte d'un aéroport sont victimes d'un mal étrange qui les
transforme littéralement en enragés, écume aux lèvres, hurlant
pour certains, tuant et dévorant leurs congénères pour d'autres et
gesticulant tout en arborant un rire de dément pour les derniers.
Volontairement ou pas, le réalisateur Tod Williams, ce tâcheron de
triste mémoire s'étant rendu coupable de la purge Paranormal
Activity 2
en 2010, fait de cette séquence d'introduction un acte d'une
drôlerie visiblement incontrôlée. Ses dizaines de figurants
courent dans tous les sens dans une attitude tellement grotesque
qu'il devient difficile pour le spectateur de réagir autrement que
par le rire... lorsqu'il ne lui arrivera pas simplement de se montrer
affligé par tant de ridicule. On a bien du mal à retrouver la patte
de Stephen King dans ce qui demeure sans doute comme l'un des pires
films d'infectés qui par delà son originalité (un virus se propage
à travers des signaux transmis par téléphones mobiles interposés)
est vraiment trop caricatural pour que l'on y adhère ne serait-ce
qu'un seul instant. Dommage car si le film compte sur la présence de
John Cusack, il repose également sur celle de Samuel L. Jackson...
Mais
la présence des deux hommes n'y fait rien. Cell
Phone
est une engeance. En dehors des séquences où ils sont poursuivis
par une horde de dégénérés dont les grognements finissent par
devenir insupportables, le film est de plus, me semble-t-il,
parfaitement incohérent. Alors que le ''virus'' n'a débuté ses
ravages que quelques minutes, voire quelques heures auparavant, Tod
Williams dépeint à certaines occasions un territoire
post-apocalyptique dont la décrépitude est parfois bien trop
avancée par rapport au temps qui sépare celui d'avant à celui du
présent. Le plus compliqué pour Cell Phone est
qu'il arrive beaucoup trop tard. Après les classiques du genre que
sont 28 jours plus tard
de Danny Boyle et sa séquelle réalisée par Juan Carlos
Fresnadillo, et bien plus tard que l'une des œuvres séminales du
genre, The Crazies
que George Romero réalisa quarante-trois ans auparavant en 1973.
Faites comme nos héros, fuyez devant cette indigeste hordes
d'infectés...
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