Second long-métrage de Billy Senese après Closer to God en 2014, The Dead Center venait à bien nommé quatre ans plus tard pour nous rappeler que même au sein d'une thématique vue et revue sur petit et grand écran ou en littérature, il est toujours possible de proposer quelque chose de neuf. C'est en partie en cela que le film de Billy Senese tient toutes ses promesses. Mais pas que. Il y a aussi le traitement, cette manière si particulière de nous conter une histoire tournant autour du thème apparemment éculé du Mal. Sans fioritures exagérées qui décrédibiliseraient instantanément le propos, le réalisateur plonge ses interprètes au cœur d'une mystérieuse affaire concernant un certain Michael Clark qu'interprète l'acteur Jeremy Childs, frère siamois cinématographique du Michael Shannon/Curtis LaForche du troublant Take Shelter réalisé par Jeff Nichols et sorti en janvier 2012. Tourné sous sédatifs mais pas pour autant ennuyeux, The Dead Center distille une ambiance relativement inconfortable notamment due au contexte situé dans un asile de fou où les patients soliloquent d'incohérents monologues, où les infirmiers font leurs rondes nocturnes et où les médecins tentent de mettre un nom sur les diverses pathologies dont sont atteints leurs patients. Et parmi ces derniers, Michael Clark, justement, que le réalisateur décrit malheureusement dès les premiers instants comme un homme s'extrayant d'un sac mortuaire après que ceux qui le prirent en charge l'aient considéré comme mort...
Un
de ces détails qui font l'erreur de briser un chouilla du mystère
qui entoure un ou plusieurs personnages. Fort heureusement, il y a là
suffisamment de matière pour que le scénario de The
Dead Center écrit
lui-même par Billy Senese conserve une grande part de mystère.
Surtout, le film se décompose en deux sections parfaitement
distinctes tout en étant indissociables l'une de l'autre. D'un côté,
l'étude comportementale du patient par le psychiatre Daniel
Forrester qu'interprète Shane Carruth (acteur, mais aussi
réalisateur de Primer
et Upstream Color,
deux œuvres de hard science-fiction) et de l'autre, l'enquête
policière menée par Edward Graham qu'incarne Bill Feehely. Derrière
cette double intrigue passionnante où le fantastique s'invite très
rapidement comme le sous-entend tout d'abord le comportement du
malade, le récit développe un scénario ''multi-prises'' qui laisse
envisager tout et n'importe quoi. Au téléspectateur de se faire sa
propre opinion, qu'elle soit avérée lors de la dernière partie ou
tout à fait en désaccord avec ce qu'a voulu dire l'auteur.
ATTENTION SPOILERS !!! On pourra peut-être y voir durant un
temps une alternative dépressive au chef-d’œuvre de Jack Sholder,
Hidden
avant de comprendre que la vérité est ailleurs. Dans les écrits
sacrés et notamment dans d'anciens textes religieux et poétiques de
l'Inde ancienne comme le relate un article de journal accroché au
mur d'une chambre et où est inscrit : ''Je
suis la bouche de la Mort. Personne ne m'échappe''.
On comprend alors que l'on est loin de l'idée que l'on se faisait au
départ et qu'il s'agit plus ici d'un cas de possession ou du moins,
d'une présence maléfique positionnée en tant que corps étranger...
FIN DU SPOILERS !!!
The Dead Center
distille
parfois un étrange sentiment de malaise dû à des visions
mortifères aussi glaçantes que purent l'être en leur temps les
visuels morbides de l'étouffant Macchie solari
réalisé par l'italien Armando Crispino en 1975. Mais aussi dû à
la présence de l'acteur Jeremy Childs et son regard de poisson mort,
le corps recouvert de brûlures dont certaines semblent rituelles.
Plutôt que de nous livrer la totalité des clés de l'énigme et
quitte à nous laisser croire qu'une suite puisse être immédiatement
mise en chantier à l'issue de celui-ci, The Dead
Center abandonne
le spectateur avec quelques questions en tête. Des réponses que
l'on attend mais dont la dérobade ne laissera cependant personne
circonspect. Car en effet, l'essentiel est dit et il ne faudra pas
bien longtemps pour comprendre quel peut être le rôle de ce curieux
patient sans pour autant avoir de réponse quant aux raisons de ses
agissements. Une réponse qui d'ailleurs nous est sans doute offerte
à travers les dites coupures de journaux. Envoûtant...
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