Fallait pas tuer Daisy !
Ce mignon petit chiot de sexe féminin, dernier cadeau offert par
l'épouse récemment décédée de John Wick. Fallait pas non plus
lui voler sa mustang datée de 69, ni débarquer chez lui et le
laisser pour mort. Après s'être reconverti en mari aimant loin de
sa carrière d'ancien tueur à gages, John Wick rempile dans
l'objectif de remonter jusqu'à Iosef Tarasov, le fils d'un grand
patron de la pègre connu sous le nom de Viggo Tarasov. Armé
jusqu'aux dents, vêtu d'un costume de couleur sombre impeccable,
barbe de trois jours et cheveu mi-long laqué, John Wick fait mal à
tous ceux qui l'ont précédé et n'en déplaise à toutes celles et
ceux qui ergotent sur le devenir du genre en proclamant que le Hutch
Mansell de Nobody
lui est supérieur, ses successeurs auront bien du mal à rivaliser.
Si l'acteur Bob Odenkirk et le réalisateur Ilya Naishuller assurent
sept ans plus tard le transport de la marchandise jusqu'à bon port,
faute sera à moitié pardonnée au scénariste Derek Kolstad d'avoir
repris dans les grandes lignes son propre script jusqu'à opposer au
(super)héros, de bons gros méchants tout droit issus d'origines
slaves, tout comme en 2014. Un grand millésime que cette année là.
Non, sans déconner l'ancêtre Léon
(Luc Besson, 1994) peut être fier de cette progéniture qui fit des
petits chaque décennie lui succédant.
Taken de
Pierre Morel avait su y ajouter une très belle dose d'action avec un
Liam Neeson ultra-charismatique. Mais en 2014, John
Wick
devait rivaliser avec un adversaire de poids en la personne de Robert
McCall que devait incarner l'acteur Denzel Washington dans Equalizer
d'Antoine
Fuqua. Fallait choisir son camp. Ou plutôt, non ! Pourquoi pas
après tout se délecter des deux ? John
Wick,
c'est avant tout autre chose l'acteur Keanu Reeves. D'un charisme
absolu, en homme survitaminé que pas même les balles et les coups
de couteaux ne parviennent à faire tomber, il n'en demeure pas moins
humain et plie parfois devant plus fort que lui. C'est alors là
qu'intervient toute la fantaisie du personnage créé par Derek
Kolstad. Se comportant tantôt comme n'importe quel super-héros
capable de se sortir de situations inextricables pour le commun des
mortels, il montre cependant certaines faiblesses. Plus que le film
bourrin qu'il paraît être, John Wick
semble vouloir d'entrée de jeu faire passer un message : celui
de l'émotion. Celle qui touche au Cœur, exploit réalisé en
seulement quelques minutes. Une fois démontrée leur capacité en la
matière, les réalisateurs Chad Stahelski et David Leitch changent
de braquet et nous proposent un spectacle total, entre gunfights,
art-martiaux, courses-poursuites et explosions. Pas ou peu.... Non,
en fait, pas du tout de gentils à l'horizon. John
Wick
dépeint un univers sombre dominé par l'argent et divers trafics
dont le détail nous est étonnamment épargné.
Un
monde parallèle où la police ne s'étonne pas de découvrir en
arrière-plan d'un appartement un cadavre allongé sur le sol mais où
le spectateur s'étonnera peut-être, lui, de la voir retourner
jusqu'à sa voiture sans demander d'explications à John Wick.
Chorégraphies de combats et de gunfights au millimètre, un Keanu
Reeves envoûtant et un parterre d'acteurs totalement fou :
Michael Nyqvist interprète le rôle de Viggo Tarasov. Assez poltron
pour être capable de vendre son fils pour sauver sa peau. Adrianne
Palicki incarne Mlle Perkins, sorte de James Bond girl déviante,
aussi séduisante qu'inquiétante. Et puis, bien sûr, Willem Dafoe,
qu'on ne cesse jamais d'aimer chaque fois qu'il apparaît sur un
écran et qui dans le cas présent interprète Marcus, ce sniper
chargé d'éliminer le perturbateur... John Wick
est absolument jouissif. C'est violent, très meurtrier (on ne compte
plus les morts une fois la trentaine de cadavres passée), rythmé
par la bande-son de Tyler Bates et Joel J. Richard, les combats sont,
une fois n'est pas coutume, parfaitement lisibles malgré des
environnements qui rendent parfois les choses complexes (la boite de
nuit, ses centaines de figurants et ses éclairages stroboscopiques).
Pour un budget ''riquiqui'' de vingt millions de dollars, le film
rapportera presque cinq fois la mise sur le plan international. Un
joli succès qui sera à l'origine d'une séquelle trois ans plus
tard réalisée cette fois-ci par Chad Stahelski tout seul sur un
scénario une fois encore écrit par Derek Kolstad...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire