Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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mercredi 30 juin 2021

Burden of Dreams de Les Blank (1982) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

En 1982, le réalisateur allemand Werner Herzog signait l'une de ces expéditions cinématographiques dont lui seul a le secret. Après avoir notamment tourné Herz aus Glas dans le canton des grisons en Suisse et en Bavière en 1976, il retourne dix ans après son chef-d’œuvre Aguirre, der Zorn Gottes filmer au Pérou l'un de ses plus prestigieux longs-métrages. Fitzcarraldo met en scène Brian Sweeney Fitzgerald qui arrivé à Manaus après avoir effectué un long voyage sur les rivières amazoniennes assiste à un opéra dont la vedette n'est autre que son idole Enrico Caruso. Dès lors, Fitzcarraldo va entreprendre un rêve fou : celui de bâtir un opéra en pleine forêt amazonienne. Aidé par des centaines d'indigènes et accompagné par une toute petite poignée d'hommes, c'est à bord d'un bateau qu'il a fait récemment réparer qu'il s'apprête à vivre une expérience hors du commun... Et qui mieux que l'acteur fétiche du cinéaste allemand Klaus Kinski pour incarner le rôle-titre ? Mais ce que nous apprend tout d'abord le formidable documentaire Burden of Dreams de Les Bank entièrement consacré à un tournage houleux qui faillit ruiner tous les espoirs de Werner Herzog et condamner ainsi son œuvre au même sort que celui de The Man Who Killed Don Quixote de Terry Gilliam dont la première version ne vit jamais le jour, c'est que le rôle de Brian Sweeney Fitzgerald tomba d'abord entre les mains de l'acteur américain Jason Robbards qui fut victime d'une dysenterie qui le condamna à abandonner le projet.


Autre personnalité à avoir quitté l'aventure, le chanteur Mick Jagger qui refusera finalement de reprendre le tournage, celui-ci ayant été retardé et le chanteur ayant prévu de sortir un nouvel album avec son célèbre groupe The Rolling Stones... Quelques précieuses images témoignant de la participation des deux hommes à la première mouture de Fitzcarraldo nous sont offertes dans le documentaire de Les Blank et si sans doute Jason Robbards aurait fait un excellent personnage principal, Klaus Kinski emporte quant à lui l'adhésion générale. Constitué d'une somme importante d'images d'archives tournées avant et pendant le tournage de Fitzcarraldo, Burden of Dreams évoque les grandes difficultés rencontrées par l'équipe de tournage et notamment Werner Herzog qui malgré les pressions et les nombreux problèmes qui semblèrent vouloir saper le moral et la patience du réalisateur tiendra bon. Burden of Dreams est un voyage au cœur de l'Amazonie et nous rappelle qu'il s'agit d'une aventure folle et presque mégalomaniaque puisque Werner Herzog entreprendra à l'aide de centaines d'indigènes de faire passer modèle de bateau de plusieurs tonnes qu'il a, tout comme dans le récit fait réparer, au sommet d'une montagne.


Sans doute le point culminant du long-métrage. Bien que la communication entre les habitants des lieux et l'équipe de tournage s'avère parfois compliquée, Werner Herzog filme avec passion ces indigènes dont le nombre se raréfiait déjà beaucoup à l'époque. Burden of Dreams, c'est aussi l'occasion de séquences proprement hallucinantes. Comme le récit d'un ''accident'' survenu une nuit lors de laquelle un homme et sa femme du clan des Machiguengas ont été attaqués par des Amahuacas armés d'arcs et de flèches leur infligeant ainsi de terrible blessures. Hallucinant puisque inenvisageable chez nous pendant le tournage d'un film. À tout point de vue Burden of Dreams est remarquable. Werner Herzog y expose une vision pragmatique de l'état des lieux et de ses habitants. Le documentaire de Les Blank sort parfois de son contexte de strict making-of pour s'intéresser à la vie des Machiguengas et des conflits que peut engendrer par exemple un rassemblement trop important lorsque ceux-ci sont habitués à vivre en petits groupes. Passionnant, Burden of Dreams est un complément absolument indispensable au chef-d’œuvre qu'est Fitzcarraldo mais également à l'édifiant documentaire My Best Fiend que Werner Herzog réalisera lui-même dix-sept ans plus tard en 1999 et dans lequel il racontait sa ''liaison'' houleuse avec l'acteur Klaus Kinski...

 

Méandre de Mathieu Turi (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Paraît qu'en France on n'a pas de pétrole mais qu'on a des idées. Avec son concept piégeux, soit dit en passant, sans mauvais jeu de mots, Méandre, le second long-métrage du réalisateur français Mathieu Turi après Hostile en 2017 risque d'en surprendre plus d'un. À commencer par votre serviteur qui n'a pas attendu plus de dix minutes avant de souffler et de ronchonner devant cette œuvre qui ne semble tout d'abord n'être ni plus ni moins qu'une alternative frenchie au vieillissant mais néanmoins toujours efficace Cube réalisé par le canadien Vincenzo Natali voilà maintenant vingt-quatre ans. Avec son titre poétique et ''onanistique'', on cherche tout d'abord à comprendre ce qui a pu tant émouvoir certains chroniqueurs spécialisés pour qu'ils lui lâchent d'aussi élogieuses critiques. Car enfin, suivre les péripéties d'une jeune femme coincée dans tout un réseau de tunnels exigus dont la technologie et la perversité des pièges semble le fruit d'une entité autre que terrestre doit bien avoir ses limites. Et quand bien même les dits pièges puissent faire preuve d'un grand sens de l'imagination de la part de leur(s) auteur(s), l'ensemble risque de ne supporter la comparaison qu'avec l'insipide Oxygène d'Alexandre ''Haute Tension''Aja proposé sur la plate-forme Netflix depuis le 12 mai dernier. À la lecture de telle ou telle critique, le fond n'est pas toujours aussi clair que la forme lorsqu'il s'agit d'évoquer tel ou tel point de vue. Ici, l'allusion en rapport avec le deuil semble pourtant effectivement faire partie du récit. C'en est même très clair et, ô miracle, très touchant...


La route qui mène vers la lumière est éreintante et semée d'embûches. Si c'est ça le Paradis, mieux vaut croupir pour l'éternité en Enfer. Incarnée par l'actrice française Gaia Weiss dont la carrière a débuté il y a maintenant presque une décennie, Lisa fait du stop lorsqu'elle est prise en charge par un drôle d'individu qui l'enferme dans un étrange labyrinthe dont les nombreux mécanismes mortels vont mettre son existence à rude épreuve et vont solliciter ses réflexes et son instinct de survie. Si dans un premier temps l'intérêt de nous resservir presque un quart de siècle plus tard le même concept que celui de Cube laisse à désirer, un curieux phénomène commence à s'opérer dans l'esprit du spectateur. D'abord, avouons que les pièges concoctés pour l'occasion sont souvent ingénieux. De ce postulat déjà revigorant ne manquerait finalement plus que la caractérisation de l'héroïne dont on se fiche pour l'instant du sort que lui réserve son bourreau. Intelligemment éclairé, Méandre nous évite la fâcheuse manie qu'ont certains longs-métrages de plonger leurs protagonistes dans une obscurité presque totale. Puis apparaissent ensuite les symboles, un... zombie (?) et un drôle de mécanisme fait de métal et de matières organiques. Le début d'un long voyage qui finalement aura sa propre destinée en s'éloignant de sa trop lourde référence. Malgré un maigre budget largement en deçà des trois millions d'euros, Méandre bénéficie de nombreuses séquences à effets-spéciaux. Quelques CGI mais surtout des décors organiques et trois ou quatre plans gore...


De quoi satisfaire en partie les amateurs de films d'horreur mais aussi les amoureux d'une certaine science-fiction dont le regard ne se tourne pas forcément vers les étoiles. L’œuvre de Mathieu Turi fait appel aux souvenirs mais aussi et surtout aux regrets. Ce mur d'images réminiscentes bouleverse le quotidien de l'amateur de films d'horreur pure qui se retrouve démuni devant l'émotion réelle qui s'en dégage. Accompagné par la partition sobre mais touchante du compositeur Frédéric Poirier (déjà en charge de la BO de Hostile), on se dit que Méandre aurait pu faire un satané concept de jeu vidéo (comme une Lara Croft débarrassée de toutes les phases d'exploration pour ne plus que se concentrer que sur les pièges et les énigmes). Parfois très angoissant (le piège de la triple-guillotine à dix minutes de la fin est significatif), le film de Mathieu Turi est une très belle surprise. Surtout inattendue. Gaia Weiss habite littéralement le personnage de Lisa et porte sur ses épaules une grande part dans la réussite de ce projet cent pour cent tricolore. À découvrir...

 

mardi 29 juin 2021

Le tigre du Bengale de Fritz Lang (1958) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

En préambule au double article que j'ai décidé de consacrer au diptyque formé par Le tigre du Bengale et Le Tombeau Hindou, traduction plus ou moins fidèle pour l'un (Der Tiger von Eschnapur) et tout à fait respectueuse pour l'autre (Das indische Grabmal) de deux longs-métrages parmi les plus grands réalisés par le cinéaste austro-hongrois Fritz Lang, évocation d'un souvenir lointain. Très lointain. Si lointain même que je ne me souviens plus si je dois désigner le Ciné-Club ou bien le Cinéma de Minuit. Deux émissions qui me furent chères, mais dont une seule marqua à jamais mon esprit à travers la diffusion d'un cycle justement consacré à Fritz Lang. Si mes souvenirs sont bons, tout avait démarré avec le fantastique (dans tous les sens du terme) Der Müde Tod de 1921, poursuivi par Dr Mabuse der Spieler réalisé l'année suivante et auquel succédèrent au hasard Fury de 1936, Man Hunt de 1941, House by the River de 1949 ou encore The Big Heat de 1953. Sans oublier, donc, ces deux chefs-d’œuvre du cinéma d'aventure que sont Der Tiger von Eschnapur et Das indische Grabmal respectivement réalisés en 1958 et 1959. Toutes les périodes de Fritz lang y figurèrent. À Commencer par l'Allemagne, qu'il quitta pour se rendre aux États-Unis pour cause de Nazisme (dont le réalisateur prit un soin particulier à se faire le pourfendeur) juste après avoir fait un tout petit tour en France, avant de revenir en Allemagne, celle de l'ouest où il termina sa carrière avec une poignée de longs-métrages dont les deux qui nous intéressent ici... Mais Fritz Lang, ce fut aussi un cinéma sous toutes ses formes. Du noir et blanc à la couleur, et du muet au parlant. Peut-être accorderai-je un cycle à ce géant du septième art, mais d'ici là, bienvenue dans la ville imaginaire d'Eschnapur où se situe l'action du Tigre du Bengale...


Notez qu'une première version fut réalisée en 1938 par l'allemand Richard Eichberg, dans un noir et blanc restrictif qui empêchait le majestueux exotisme de l'Inde de s'y déployer totalement. Beaucoup plus ambitieux sur le papier et à l'écran, la version de Fritz Lang enfonce à tel point profondément la mouture de Richard Eichberg que l'on peut se poser la question : ''Mais qui s'en souvient aujourd'hui ?''. Si la couleur ne fait pas tout, elle semble ici plus que jamais un élément essentiel. Lui ôter cet atout serait comme de couper les cou%##es d'un lion pour en faire ensuite le héros d'un documentaire consacré au roi de la savane... Lorsque l'on regarde en arrière, une grande partie de l’œuvre de Fritz Lang fit l'apologie de la noirceur. De son cycle consacré au Docteur Mabuse, en passant par M le Maudit, portrait (mais pas que) d'un tueur en série fictif inspiré d'un criminel ayant réellement existé (le sinistre Peter Kürten), cette insupportable traque dont fut victime l'extraordinaire Spencer Tracy dans Fury, ou encore le visionnaire et dystopique Metropolis dont la version intégrale longue de deux heures et trente-trois minutes semble perdue à jamais. Après un Technicolor bichrome très coûteux et qui donc s'effondre arrive sur le marché le Technicolor trichrome qui rend hommage à toute la palette de couleurs (le rouge, le vert et le bleu rendent chacun sensibles autant de négatifs qui sont entraînés simultanément). Si l'on ne pense pas immédiatement au Tigre du Bengale lorsque l'on évoque cette technique, celle-ci semble avoir été pourtant pensée pour ce genre de productions et notamment pour l’œuvre de Fritz Lang qui utilise une technique proche connue sous le nom de Eastmancolor. Aussi surannés, voire kitsch que puissent paraître les images de nos jours, dans mes souvenirs c'est une véritable explosion de couleurs qui fait honneur à cet exotisme qui imprègne le long-métrage dans sa totalité. Un film d'aventure, oui. Mais aussi, une histoire d'amour mêlée d'une dualité entre deux hommes. L’architecte Henri Mercier d'un côté, le maharadjah Chandra de l'autre... Pour les yeux et les faveurs d'une femme, la belle Seetha...


Si la question généralement cruciale du choix de la langue vous étreint l'esprit, pas d'inquiétude à avoir : la version française conviendra tout à fait si vous n'adhérez pas au fait que Seetha puisse par se manifester dans la langue de Goethe malgré ses origines indiennes. On pourrait rétorquer de même pour son doublage en français effectué par Michèle Montel, mais l'architecte Henri Mercier étant d'origine hexagonale (dans cette version en tout cas), il est déjà nettement plus envisageable pour nous d'entendre ces deux là ainsi que les autres s'exprimer en français. Fort de quelques incohérences dont un Henri Mercier à peine marqué par l'enfant qui vient de tomber entre les griffes d'un tigre à peine le récit entamé, Le tigre du Bengale risque de faire des victimes collatérales parmi celles et ceux qui espéraient sans doute une version exotique du puissant Sur la route de Madison de Clint Eastwood alors que l’œuvre de Fritz Lang devra être davantage envisagée comme une alternative au très romantique Angélique, Marquise des anges que Bernard Borderie réalisera cinq ans plus tard. Autre lieu, autre temps, autres origines... Représentation de divinités aux dimensions parfois stupéfiantes, hommes enturbannés, femmes voilées, maisons en terre crue, tabla, Bansuri, mais, fait étonnant, pas de sitar à l'horizon. Palais, et léproserie illuminés par des flambeaux, costumes recouverts d'or et de joyaux... Le tigre du Bengale tente le jusqu’au-boutisme exotique mais à y regarder de plus près et surtout, avec un regard neuf, l'Inde rêvée, vue à travers les cartes postales où les reportages n'y est pas forcément représentée. Plutôt une Inde de contes et de légendes. Ce grand film d'adolescence s'est fané. S'est délité petit à petit pour qu'aujourd'hui, son aspect ''toc'' soit plus étalé à l'écran que jamais. Si son budget dix fois moindre que celui du Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz le condamne à ne pas entrer dans la postérité, c'est sans doute cette différence entre les quarante millions de l'un et les quatre de l'autre qui font que justement, l'on se souvienne du premier plutôt que du second. C'est presque une tragédie que de se demander plus de trente ans après sa découverte quels purent être les éléments du tigre du Bengale qui faillirent en faire l'un de mes films de chevet. Les fastueux décors manquent de vie. Derrière les murs du palais du maharadjah Chandra, les grands espaces nus s'enchaînent et la vie grouillante que l'on imaginait est absente.


Cependant, cette première partie évoque déjà l'esprit de vengeance dont est capable le séducteur mais tyrannique maharadjah. Interprété par l'acteur autrichien Walter Reyer, il est opposé à l'écran au suisse Paul Hubschmid avec lequel il entre en guerre pour le cœur d'une Seetha sensuelle interprétée par l'actrice et ancienne danseuse américaine Debra Paget... À l'origine du Tigre du Bengale, un scénario. Celui du réalisateur lui-même et de Werner Jörg Lüddecke qui adaptent ensemble le roman Le tombeau hindou de Thea von Harbou qui ne fut autre que l'épouse de Fritz Lang et écrivit pour lui une partie des scénarii de ses films parmi lesquels Die Nibelungen en 1924, Metropolis en 1927 ou M le maudit en 1931 ainsi que pour d'autres réalisateurs comme le célèbre Friedrich Wilhelm Murnau. Complots et fourberies sont ici au centre d'un récit qui mélange décors naturels et décors de studio qui nuisent grandement à l'immersion. Beaucoup d'entre eux sonnent effectivement faux et empêchent l'immersion. Quant à cette passion dévorante entre Seetha et Henri Mercier, la musique du compositeur russe Michel Michelet ne lui rend malheureusement pas hommage. L'ensemble se révèle relativement plat et convenu et ce Tigre du Bengale adulé dans les années quatre-vingt semble désormais bien anodin. Ce qui paraît ambitieux à l'évocation ne s'avère plus aujourd'hui qu'un film d'aventure aux péripéties trop simplistes pour être considéré comme un classique du genre. Demeure alors le nom de son auteur et l'espoir d'une séquelle qui aura réussi à corriger les erreurs d'un Tigre du Bengale finalement fort décevant...


 

lundi 28 juin 2021

L'horoscope de Jean Girault (1978) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

L'horoscope de Jean Girault démarre comme si le personnage d'Alexandre le bienheureux d'Yves Robert avait choisi de prendre sa vie en main d'une toute autre manière. Comme si métamorphosé en Antoine Fromont, Alexandre Gartempe avait pris la bonne décision en prenant la fuite avant de faire l'erreur d'épouser la Grande. Ici, en la personne de Ginette Marchand (l'actrice Katia Tchenko), sœur de deux brutes épaisses prénommées Édouard (Sylvain Lévignac) et Fernand (Henri Czarniak) qui n'auront de cesse de poursuivre l'un des deux principaux protagonistes interprétés par Henri Courseaux et Claude Rollet. Homme de théâtre, acteur de télévision mais aussi de cinéma, Henri Courseaux n'a fort heureusement pas été toujours aussi mal dirigé que dans cet Horoscope quelque peu franchouillard et dans lequel il incarne un poltron qui après avoir gagné aux courses grâce à la lecture de son horoscope, descend vers Monaco afin d'y acquérir un bar luxueux. Avant cela, Henri Courseaux à promené sa sympathique trogne dans le film culte de Jean Yanne Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil avant d'interpréter plus tard l'un des amoureux transits de Sabine Azéma dans le sympathique On n'est pas des anges... elles non plus de Michel Lang ou le docteur Clipps dans le premier film des Inconnus (ici au complet puisqu'au départ, il étaient cinq, Smaïn et Seymour Brussel faisant à l'origine partie de la troupe) Le téléphone sonne toujours deux fois.


Son personnage d'Antoine Fromont est suivi de près par Vincent Vallier qui lui aussi est désormais détenteur d'une petite fortune. Interprété par l'acteur, scénariste et dialoguiste français Claude Rollet, ce dernier n'est peut-être pas le plus connu des interprètes hexagonaux mais le timbre de sa voix est lui, par contre, resté célèbre. En effet, doubleur pour le cinéma, on a pu notamment entendre sa voix dans les versions françaises de Y a-t-il un pilote dans l'avion ? des ZAZ (dans lequel il doubla Lloyd Bridges) et de l'excellente comédie de John Landis Un fauteuil pour deux dans laquelle il doublait l'acteur Dan Aykroyd. Si quelques acteurs français bien connus parcourent le long-métrage de Jean Girault, parmi lesquels Georges Descrières en notaire, Michel Galabru en Plancheteau ou Jacques Marin en J.L. Beauché, Claude Rollet et Henri Courseaux sont donc les deux principaux trublions qui feront vivre cette comédie franchouillarde qui navigue entre les eaux de la série Z et celles de la comédie familiale. Accompagnés de quelques représentantes de la gente féminine non négligeables, on retrouve en tête de gondole l'actrice Evelyne Buyle et son intense regard qui dans le rôle de Josy suit nos deux hommes et se laisse séduire assez facilement. Belle à croquer mais interprétant comme à son habitude son personnage en surjouant son rôle, la belle illumine L'horoscope de sa présence...


Alors qu'Alice Sapritch passe à de rares occasions devant la caméra dans le rôle d'une bohémienne chiromancienne particulièrement talentueuse, la charmante France Dougnac irradie tout comme Evelyne Buyle le long-métrage de Jean Girault un an seulement avant d'être violée par le joueur numéro un d'une équipe de football dans l'excellente comédie de Jean-Jacques Annaud, Coup de tête... L'horoscope aurait pu être une excellente comédie N'oublions pas que Jean Girault a réalisé quelques petites merveilles avec l'un de ses acteurs fétiches Louis de Funès (Pouic-Pouic et Faites sauter la banque en 1963, Le gendarme de Saint Tropez en 1964 ou Jo en 1971) et que Jacques Vilfrid eut une belle carrière en tant que scénariste. Mais les interprètes en faisant des caisses comme si le réalisateur avait choisi de leur laisser le champ libre et les dialogues étant souvent misérables, l'ensemble condamne le film à n'être qu'une toute petite comédie très largement dispensable. Heureusement l'on n'atteint tout de même pas le fond du panier de la comédie Z hexagonale comme l'envisagèrent par exemple Bernard Launois (Touch' pas à mon biniou, avec Sim ou Sacrés gendarmes avec Jacques Balutin, Robert Castel et Sim, encore une fois) ou Philippe Clair (l'ahurissant Le Führer en folie avec Henri Tisot, Alice Sapritch ou Luis Régo en 1974). A voir pour les plus courageux ou les fans absolus de Jean Girault...

 

dimanche 27 juin 2021

Toolbox Murders de Tobe Hooper (2004) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

À l'origine, The Toolbox Murders est un long-métrage d'horreur réalisé en 1978 par Dennis Donnelly et interprété entre autre par Cameron Mitchell (L'inévitable catastrophe d'Irwin Allen, Terreur extraterrestre de Greydon Clark). Vingt-six ans plus tard, le réalisateur Tobe Hooper reprend le concept et offre une version souvent discréditée par le grand public et par une partie de la presse spécialisée. Pourtant, à bien y regarder, Toolbox Murders version 2004 n'est pas aussi désastreux que certains voudraient nous le faire croire. Avec son affiche se référant plus ou moins ouvertement au grand classique de l'épouvante que réalisa Tobe Hooper au milieu des années soixante-dix (Texas Chainsaw Massacre premier du nom), on pourrait croire à la renaissance de l'un des plus célèbres boogeymen de l'histoire du cinéma d'horreur, avec son masque de peau humaine recouvrant un visage que l'on devine défiguré. Ce serait présager un peu trop rapidement du contenu de l’œuvre puisque l'image ainsi affichée s'avère tronquée par rapport à la réalité. Divisé en deux parties dont la première est bonne à jeter aux ordures, Toolbox Murders situe son action au cœur d'un immeuble miteux mais légendaire, qui célébra il y a longtemps la présence de nombreuses vedettes du cinéma mais qui depuis maintenant un certain nombre d'années tombe en désuétude. De plus, de mystérieuses disparitions s'y déroulent sans que cela ne gène le moins du monde les habitants. Jusqu'à ce que débarque Nell Barrows (l'actrice Angela Bettis) et son époux, le médecin urgentiste Steven (Brent Roam)...


Nous sommes évidemment bien loin des Massacre à la tronçonneuse, Le crocodile de la mort, Poltergeist ou encore Lifeforce qui ont plus moins forgé la réputation de leur auteur. Toolbox Murders est dans sa première partie d'une banalité qui confine à l'ennui. Des meurtres sans intérêt et une héroïne qui passe son temps à parcourir les couloirs d'un immeuble vétuste. Un employé inquiétant (Adam Gierasch dans le rôle de Ned Lundy) que l'on soupçonne immédiatement mais qui s'avérera évidemment innocent. Un voisin encombrant en la personne de Byron McLieb (l'acteur Greg Travis), un adolescent geek et voyeur, une voisine fort sympathique qui ne fera pas long feu (Juliet Landau dans le rôle de Julia Cunningham) et quelques autres vraiment louches. De quoi avoir envie de faire très rapidement ses valises pour aller se trouver un autre trou à rats où se loger. Mais pas Nell et Steven, non. Il faut dire qu'ils ont mis toutes leurs billes dans cet horrible appartement dans lequel rien ne fonctionne mais qu'on leur promet de très vite remettre en bon état de fonctionnement. En attendant de trouver un poste d'enseignante, la jeune femme va enquêter sur la disparition de sa nouvelle amie Julia, tuée dans d'improbables conditions, clouée au plafond de son propre appartement...


Signifiant littéralement meurtres à la boîte à outils, Toolbox Murders met donc en scène un tueur qui commet ses crimes à l'aide de différents outils, tels un marteau, un pistolet à clous, une paire de tenailles ou bien une scie circulaire. De quoi donner lieu à des meurtres atroces et sanglants mais qui restent en général malheureusement trop sobres pour un film d'horreur. Cependant, le long-métrage prend un virage à cent-quatre-vingt degrés alors même que l'on finissait par se dire que l'on se trouvait devant une véritable purge sans intérêt. Tobe Hooper se remémore sa glorieuse époque de réalisateur des débuts et nous offre une plongée dans les combles d'un immeuble recelant des appartements entiers totalement abandonnés. Mais pas pour tout le monde puisque ces lieux vont se révéler être le repaire d'un tueur qui depuis des décennies collectionne les cadavres. Des dizaines, voire des centaines de corps suspendus ou reposant plus simplement sur le sol. Parfois même, découpés à des fins de décoration. Le célèbre Boucher de Plainfield Edward Gein qui sévit dans les années cinquante n'est plus très loin. Décors cradingues, lumière glauque et enfin, quelques séquences gore font regretter que Toolbox Murders ait d'abord commencé avec aussi peu d'ambition pour se conclure lors d'une longue promenade dans les entrailles de l'enfer. Au final, ce qui aurait pu être le grand retour de l'un des réalisateurs cultes du cinéma d'horreur et d'épouvante n'est qu'un navrant long-métrage horrifique, un slasher du pauvre qui fort heureusement est sauvé du naufrage absolu par quelques sinistres visions...

 

samedi 26 juin 2021

En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaron de Roy Andersson (2014) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Lorsque sort sur les écrans de cinéma En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaron (Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence), le réalisateur suédois Roy Andersson a déjà derrière lui une solide carrière émaillée de courts et de moyens métrages, mais aussi de longs, et notamment d'un Giliap dont le naufrage condamna presque son auteur au silence. Du moins, durant un quart de siècle lors duquel le gothembourgeois ne tournera que des courts-métrages. Mais alors que Giliap n'avait pas rencontré le succès escompté, lorsque Roy Andersson remonte sur la scène cinématographique, c'est pour y proposer une vision encore plus décomplexée que celle qui déjà semblait vouloir percer vingt-cinq ans plus tôt. Vouant désormais son art à la lenteur, à cette apesanteur qui fait de l’œuvre du cinéaste toute sa singularité, lequel n'abandonnera alors plus jamais cette approche toute particulière faisant de ses films, une accumulation d’œuvres picturales à peine perturbées par la respiration et les quelques phrases prononcées par ses interprètes. Tout commence vraiment avec Sånger från andra Våningen, alors que l'ancien monde s'éteint et qu'un nouveau va bientôt éclore. Celui des réseaux sociaux auxquels le cinéma de Roy Andersson échappe encore fort heureusement. Puis lui succède en 2007 Du Levande, et avant son tout dernier long-métrage Om det oändliga, le très poétique En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaron que je vais me charger d'évoquer ici...


Cinquième long-métrage du suédois mais à vrai dire, troisième de ce qui demeure peut-être jusqu'à ce jour une tétralogie remarquable de cohérence et d'homogénéité tout en étant indépendant de ce qui a précédé, En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaron reprend les affaires là où le réalisateur les a laissées sept ans plus tôt. Nous sommes en 2014 et Roy Andersson est resté fidèle à sa vision. À ses obsessions dirons-nous. Un travail d'orfèvre qui transpire dans chaque recoin du cadre. Des tableaux vivants qui ont toujours cette même particularité d'être constitués de plans fixes uniquement animés par les interprètes. Un discours lent, des gestes lents. Des personnages blafards encrés dans des décors où chaque interprète et le moindre objet est placé selon une formule dont seul Roy Andersson a le secret. Constitué de dizaines de scénettes qui n'ont apparemment aucun lien entre elles, son cinquième long-métrage met pourtant en avant deux personnages. Deux vendeurs de farces et attrapes qui justement lient les différentes séquences entre elles. Le suédois épure une fois encore chaque plan en lui autant tout le superflu. S'en dégage alors une drôle de sensation de vide alors même que dans chaque séquence s'y déroule une foule d'événements aussi bien au premier qu'en arrière-plan. Fasciné par le travail du réalisateur tchèque Milos Forman et appréciant notamment l'humour grinçant qu'il injecte parfois dans son œuvre, Roy Andersson ne s'interdit jamais d'inclure à la sienne un brin de fantaisie, de tendresse et de cruauté...


Source d'inspiration renouvelée une fois encore avec En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaro, les visages pâles des interprètes proviennent directement du théâtre Nô japonais. Alors qu'il pourrait se satisfaire des mêmes techniciens que ceux employés par le passé, Roy Andersson se passe désormais de Gustav Danielson engagé en tant que responsable de la photographie sur De Levande ou de Jesper Klevenås sur Sånger från andra Våningen au profit de Gergely Pálos et de István Borbás, ce dernier ayant tout de même déjà participé au précédent. Une attitude et un changement majeur qui auraient pu avoir des conséquences néfastes mais qui démontrent d'autant plus le contrôle de l'auteur sur son œuvre puisque l'illusion est parfaite et les choix artistiques identiques aux deux précédents longs-métrages du suédois. Côté bande son, là encore il y a du changement. Ce sont désormais les compositeurs Hani Jazzar et Gorm Sundberg qui sont chargés d'habiller En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaro. Face à l'épure de l'image et d'un scénario écrit par Roy Andersson, on pourrait prétendre que ce génie de l'image ne fait que tourner en rond , refaire sans cesse la même chose. Car une fois que les interprètes sont en place, les décors et la colorimétrie sélectionnés, que reste-t-il de En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaro ? Sans doute ce même spectacle qui séduit déjà depuis des années celles et ceux qui apprécient le minutieux travail de Roy Andersson et agace les impatients. Beau à mourir, le cinquième long-métrage du suédois est notamment parcouru de quelques plans-séquences plus ambitieux encore que les autres : voir celui qui se déroule dans un bar où l'armée de Charles II fait la rencontre de badauds du temps présent. Un exemple de ce qu'est capable d'accomplir le réalisateur suédois et qui devrait faire taire ceux qui lui reprocheraient son approche par trop minimaliste. Entre autres sélections et nominations, En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaro a notamment remporté le lion d'or à la Mostra de Venise en 2014 ainsi que le prix du cinéma européen 2015 dans la catégorie ''meilleure comédie''...

 

Into the Dark : Down de Daniel Stamm (2018)

 


 

On a tous plus ou moins vécu le désagrément d'une panne d'ascenseur, le pire n'étant pas forcément de s'y retrouver enfermé seul mais plutôt avec des inconnus devenant rapidement nerveux à l'idée de demeurer des plombes confinés dans une boite à chaussures de quelques mètres-carré seulement. Version hardcore de la légendaire panne d'essence qui permet en général de développer chez certains le jeu de la séduction envers l'être désiré, Down, qui est le cinquième épisode de la première saison de l'anthologie Into the Dark, a la difficile tâche de tenir son public en haleine durant plus d'une heure et vingt minutes alors même que ses deux personnages principaux vont se retrouver enfermés dans une cage d'ascenseur bloquée entre deux étages. Réalisateur du Dernier Exorcisme en 2010 et de divers épisodes de séries télévisées dont Scream en 2016, Daniel Stamm adapte un scénario écrit par le cameraman, acteur et producteur Kent Kubena qui pour la première (et pour le moment dernière) fois se penchait ici sur l'écriture d'un script. La difficulté demeurant d'apporter une touche d'originalité sur un sujet terriblement rebattu. Il n'aura pas fallut que viennent au monde des dizaines de longs-métrages sur le sujet mais seulement une poignée pour que très vite le tour du sujet soit rapidement fait. Surtout que dans le cas présent, Down délimite son intrigue non pas entre quatre ou six individus mais seulement autour d'un homme et d'une femme. Deux êtres employés dans le même immeuble mais dans deux services différents. Deux êtres qui ne se connaissent pas mais qui vont très vite se rapprocher jusqu'à ce qui semblera comme étant l'ultime séquence d'un épisode dont certains tenant mettront sans doute les spectateurs en émoi...


Car après trente minutes environ durant lesquelles Jennifer Robbins et ''Guy'', respectivement interprétés par Natalie Martinez et Matt Lauria, vont apprendre à mieux se connaître en révélant des détails sur leur personnalité, la température monte d'un coup, faisant littéralement exploser le thermomètre à force de faire monter le mercure jusqu'à son point de rupture. Tout d'abord plus sexy que véritablement terrifiant, Down révèle ensuite le véritable visage de l'un et de l'autre lors d'un twist dont les spectateurs auront deviné les tenants et les aboutissants bien avant que ne nous le révèle le scénario. S'ensuit alors un duel au poing ou, plus original, au thermos à café. Rien que de très banal au fond et un épisode qui tient surtout sur la performance de Natalie Martinez et Matt Lauria plutôt que son son scénario qui se révèle lui, au fond peu original. À dire vrai, l'intérêt de l'épisode réside dans le piège tendu par l'un contre l'autre et de l'espoir d'échapper à un individu potentiellement dangereux. Moins glauque que le film culte de Carl Schenkel Abwärts sorti trente-quatre ans en arrière et sans doute beaucoup plus archétypal que l'excellent De Lift de Dick Maas lui aussi sorti en 1984, Down pèche une fois encore par une trop longue durée. Et même si plusieurs séquences s'avèrent prenantes, l'intrigue aurait sans doute mérité d'être quelque peu resserrée. En comparaison de ce qui a été produit jusque là dans l'anthologie Into the Dark Daniel Stamm parvient cependant à maintenir une certaine moyenne. Si pour l'originalité il faudra aller voir ailleurs, quelques séquences grand-guignolesques comme le collègue coupé en deux par la cage d'ascenseur valent le coup d’œil...

 

Into the Dark : New Year, New Me de Sophia Takal (2018)

 


 

Pour ce quatrième épisode de l'anthologie Into the Dark, c'est au tour d'une femme de démontrer ses capacités à générer le malaise et l'angoisse dans un épisode dont la durée ne déroge pas à la règle tenue depuis les débuts de la série. Plus d'une heure et vingt minutes lors desquelles Sophia Takal plonge quatre anciennes amies de lycée dans la luxueuse demeure de l'une d'entre elles avant qu'elle ne soit vendue. Une grande et belle maison d'architecte qui a connu il y a très longtemps, un drame qui a laissé des séquelles visibles sur le visage de l'une d'entre elles. Alexis qu'interprète l'actrice britannique Suki Waterhouse. Une jeune femme mal dans sa peau qui revit sans cesse un drame exploité à l'écran par bribes peut éloquentes, ce qui permet de conserver le secret durant une bonne partie du long-métrage. Puis viennent la rejoindre Kayla et Chloe, respectivement interprétées par les actrices Kirby Howell-Baptiste et Melissa Bergland. Les trois femmes se réunissent afin de fêter le réveillon du nouvel an. Surtout, elles attendent leur amie Danielle Williams qui depuis quelques années s'est faite un nom sur les réseaux sociaux en tant qu'influenceuse. Interprétée par une Carly Chaikin absolument saisissante, Danielle ''améliore'' l'existence de ses nombreux followers en leur prodiguant des conseils par Internet interposé. Mais alors qu'elle s'apprête à vivre de nouveaux projets qui lui permettront de devenir plus célèbre que jamais, elle accepte de participer à la soirée organisée par ses trois plus vieilles amies qu'elle n'a pourtant pas revues depuis longtemps...


Il ne faut pas être devin pour rapidement deviner que quelque chose se passera durant cette soirée entre copines de lycée dont deux d'entre elles furent les témoins d'une véritable tragédie. Outre les personnages interprétés par Kirby Howell-Baptiste (la plus sage d'entre toutes) et par Melissa Bergland (la plus influençable), Suki Waterhouse incarne avec une grande vraisemblance une jeune femme véritablement hantée, abîmée aussi bien physiquement qu'intellectuellement. Carly Chaikin personnifie quant à elle la superficialité du métier qu'elle incarne et de cette jeunesse sans but qui trouve la gloire et la reconnaissance dans les réseaux sociaux. Véritable gourou adoubée par des centaines de milliers de fans, le clash entre elle et Alexis semble inévitable. Mais surtout, le déroulement de l'intrigue prend une tournure pas forcément attendue et qui frôle parfois le grand-guignol. Pas toujours crédible dans les choix faits par la réalisatrice et son scénariste Adam Gaines, en prenant des airs de jeu du chat et de la souris, cet épisode intitulé New Year, New Me perd un peu de son ampleur au fil du récit. L'un des principaux soucis dont la récurrence commence à se faire ressentir au sein de l'anthologie Into the Dark se situe au niveau de certaines longueurs sans doute dues à la durée proche d'un film cinéma.


En revanche, le spectateur pourra apprécier le soin apporté à la caractérisation d'au moins deux de ses quatre principaux personnages. En prenant comme contexte une demeure dont toutes les issues sont hermétiquement closes, Sophia Takal tente sans doute de donner à New Year, New Me les allures d'un huis-clos étouffant mais sans jamais vraiment y parvenir. Ce qui par contre fonctionne relativement bien demeure dans les rapports tendus entre Alexis et Danielle. Un sentiment de gène profond s'installe alors durant une première partie durant laquelle les ambiguïtés s'enchaînent. Et si le final est attendu tout en demeurant fort improbable (une enquête approfondie des autorités policières suffirait à convaincre n'importe quel détective en herbe de la supercherie), New Year, New Me est une excellente surprise que pas même le concept du jeu '' Je n'ai jamais...'' ne vient pervertir...

 

vendredi 25 juin 2021

The Howling Reborn de Joe Nimziki (2011) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Seize ans séparent Howling : New Moon Rising de Clive Turner de The Howling Reborn de Joe Nimziki. Et sans doute pensons-nous, autant d'années à mûrir ce qui allait peut-être enfin devenir le dernier volet d'une franchise-calvaire pourtant débutée de la plus brillante manière en 1980 par le réalisateur Joe Dante. Huitième et à ce jour, dernier acte d'une succession de naufrages artistiques, The Howling Reborn est, paraît-il, un reboot de l’œuvre originale The Howling. Ce qui chez Joe Nimziki ne signifie absolument pas qu'il faille à la lettre près respecter le déroulement de l'intrigue originale. Non, chez ce réalisateur dont The Howling Reborn est pour l'instant le seul long-métrage qu'il ait mis en scène (ce qui laisse augurer du pire), le concept de Reboot signifie faire table rase de tout ce qui fut abordé dans The Howling et d'effacer le moindre de ses personnages. D'ailleurs, l’œil attentif aura remarqué que le scénario de Joe Nimziki et de James Johnston ne s'inspire non pas du roman original de Gary Brandner mais ''très officiellement'' de la séquelle que l'écrivain écrivit en 1979, soit deux ans après le premier tome...


Le cauchemar enfin terminé, je vais pouvoir me tourner vers autre chose. Parce que se taper au quotidien un épisode de la franchise The Howling, c'est un peu comme de manger un jour, le cœur d'un animal, le lendemain le foie, le surlendemain les rognons et les jours suivants les joues, le ris et la langue tout en ayant une très grandes aversion pour les abats. Une séance de torture quotidienne qui prend donc fin avec The Howling Reborn, un teen Movie sous perfusion de Twilight sauf qu'ici les vampires sont remplacés par des loups-garous. Inutile de dire que la qualité n'est toujours pas au rendez-vous même si Joe Nimziki maîtrise davantage sa caméra que ses cinq prédécesseurs. Perclus d'innombrables clichés, ce huitième chapitre met en scène une très grande majorité de personnages et donc d'interprètes dont l'âge n'excède que très rarement la vingtaine d'années. Du jeunisme crasse où les seuls représentants de l'autorité parentale sont quelques rares parents, comme ceux du héros Will Kidman, dont on ne sait si le réalisateur cherche à en faire un marginal tant il semble osciller entre deux eaux. Forcément victime de l'abruti de service, lui-même fiancé à celle dont Will est amoureux, notre Harry Potter de substitution (l'acteur canadien Landon Liboiron) se voit comme la victime d'une malédiction causée par son lien de parenté avec une mère qui elle-même fut une lycanthrope et réapparaît au moment même où Will découvre qu'il a la particularité de se transformer en loup-garou dès que certaines pulsions l'y encouragent...


Visuellement, c'est presque ''beau'' si on le compare aux six derniers chapitres. Et d'un point de vue scénaristique, ça a presque l'air de se tenir si là aussi, on fait la comparaison avec les précédents volets. Mais en tant qu'entité individuelle, The Howling Reborn est vraiment mauvais. Pas tout à fait une purge mais visant souvent l'objectif de franchir la fragile frontière du Z. Tous les lieux communs du genre teen movie y sont allégrement évoqués. Un héros qui vit seul avec son père et dont la mère est ''officiellement'' morte, quelques boloss bien musclés et la tête vide faisant partie d'une meute, une jolie étudiante ''inaccessible'' en la personne d'Eliana Wynter (l'actrice et chanteuse américaine Lindsey Shaw)... S'ensuit une succession de séquences dont l'incohérence côtoie l'invraisemblance. La caricature est à son comble avec une Ivana Milicevic/Kathryn qui se croit sur la scène d'un théâtre et en fait donc des tonnes. L'acteur québécois Frank Schorpion qui interprète le père de Will possède le charisme d'un puceau au visage couvert d'acné et la bande-son est visiblement à la recherche d'un public strictement compris entre douze et seize ans. Du rock FM absolument dégueulasse que pas même la plus putassière des stations de radio pour adolescents en mal de relation sociale n'oserait passer sur les ondes! Je n'ose même pas parler des effets-spéciaux eux aussi du domaine de l’indicible pour des générations de sepctateurs qui bien avant on connu ceux, au hasard, d'un Jurassic Park. À éviter...

 

jeudi 24 juin 2021

Hurlements VII - Nuits de pleine Lune de Clive Turner (1995) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Après la foire aux monstres, petite visite chez les ploucs.. Au fond, quelle différence entre les uns et les autres, qui d'une manière ou d'une autre mènent une existence bien différente de la notre ? Je sais, ça n'est pas se montrer très respectueux envers ce genre de mode de vie qui, même dans l'hexagone fait pourtant des émules que de se montrer aussi définitif. Mais bon, une fois que les derniers retardataires auront découvert le septième long-métrage consacré à la franchise Hurlements, il est certain qu'ils verront d'un tout autre œil cette drôle de danse typique de là-bas et où le steston et les santiags sont le minimum requis. Les dits rednecks de Howling: New Moon Rising ont cette particularité d'avoir le pas hésitant, léthargique comme s'ils étaient sous l'emprise d'un quelconque antidépresseur. Autre détail amusant : l'humour. Allez savoir pourquoi, mais ces vannes qui fusent et transpirent le houblon ne font rire que ceux qui les éructent et ceux qui en sont les destinataires. Et visiblement, ça n'est dans ce cas là pas l'attention du spectateur qui est requise. Moins festifs que chez John Waters et son formidable Hairspray (un modèle du genre), les cours de danse revêtent une allure de club glauque vampirisé par une horde de zombies défroqués que l'on aurait oublié de maquiller selon la circonstance voulue...


Seize ans avant que le réalisateur Joe Nimziki et le tout dernier volet intitulé The Howling : Reborn ne viennent (provisoirement?) conclure la franchise Hurlements, il y a de fortes chances pour que Clive Turner ait désiré mettre un terme définitif à une saga des plus médiocre et décousue avec Howling: New Moon Rising. Sixième engeance après une œuvre originale signée de Joe Dante, ça n'est autre que le scénariste et réalisateur de l'épisode IV qui revient à la charge en se mettant lui-même en scène dans ce qui restera sans doute comme l'épisode le plus éloigné de la thématique d'origine. Car si de loup-garou il s'agit encore de marquer la présence à travers des crimes que Clive Turner s'est sans doute senti obligé de mettre en scène à la manière de Wolfen mais sans le talent de Michael Wadleigh, Howling: New Moon Rising, le réalisateur semble davantage intéressé par la promotion de groupes de country locaux auxquels il laisse tous loisirs d'interpréter leur répertoire musical. S'ensuit alors une longue, très longue succession de séquences mettant en scène des hommes et des femmes chantant sur une minuscule scène des airs que semble connaître par cœur leur public. Mais Howling: New Moon Rising étant tout d'abord en théorie un film d'épouvante dont le sujet est la lycanthropie, Clive Turner a bien dû se croire obligé d'en tenir compte. Mais sans inspiration aucune (un comble pour un scénariste qui de surcroît ose prétendre que là encore, ce septième long-métrage s'inspire toujours de la trilogie de romans écrits par Gary Brandner), Clive Turner opte pour une solution proche de l'escroquerie :


Reprendre des séquences de deux des six volets précédents. Et forcément, pas les meilleurs. C'est ainsi qu'un duo formé par un prêtre et un flic vieillissant évoquent tout d'abord les événements qui ouvraient les hostilités du cinquième volet Hurlements V - La Re-Naissance réalisé en 1989 par Neal Sundstrom avant qu'un peu plus loin ne soient à leur tour repris ceux de Howling IV que Clive Turner réalisa aux côtés de John Hough. C'est ainsi donc que l'on retrouve l'actrice Romy Windsor qui depuis s'est laissé poussé les cheveux et se les est teint on blond ! Aussi mauvais réalisateur que scénariste, Clive Turner demeure de plus, un très mauvais acteur. Dans la peau de Ted Smith, il débarque à Pioneertown, petite ville américaine plantée en plein désert californien. L'anarchie règne au cœur d'une intrigue confuse et mêlant événements passés à des situations bien actuelles dont l'intérêt s'avère tout relatif. À dire vrai, le film voue davantage la passion du réalisateur (que l'on pourrait fort aisément confondre avec le bassiste-guitariste du groupe Genesis, Mike Rutherford) pour la country que pour la lycanthropie. Monté par Clive Turner, le récit déroule son intrigue au petit bonheur la chance. Hurlements V - La Re-Naissance a beau avoir été directement éditée en vidéo en 1995, on a très souvent l'impression qu'il s'agit d'une bande magnétique sortie tout droit de la fin des années soixante-dix. D'une laideur absolue, interprété par une trèèèèèès grande majorité de débutants (sans doute piochés parmi la faune locale), il était temps que Clive Turner, le réalisateur, le scénariste, le monteur et l'acteur mette ses ambitions de côtés et se trouve un job à la hauteur de ses capacités intellectuelles et motrices... À noter que le film prend de la valeur dans sa version doublée en français. Il passe ainsi du statut de navet à celui de nanar. Les amateurs comprendront...

 

mercredi 23 juin 2021

Hurlements VI de Hope Perello (1991) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Sixième volet de la saga Hurlements, Howling VI: The Freaks change une nouvelle fois de réalisateur. Désormais, c'est au tour de Hope Perello de signer un chapitre qui comme à l'habitude de la franchise n'a rien à voir avec les épisodes précédents. Cette fois-ci, le contexte se situe dans une petite ville des États-Unis où va bientôt s'installer un cirque itinérant dirigé par un certain R.B Harker (l'acteur Bruce Payne). Quelques semaines auparavant,un vagabond prénommé Ian (Brendan Hugues) est arrivé en ville pour trouver du travail auprès du révérend Dewey (Jered Barclay) qui le charge de faire des travaux de réparation dans l'église. La fille de Dewey, Elizabeth (Michelle Matheson), tombe très vite amoureuse de ce très étrange et discret jeune homme dont l'arrivée ne semble pas être le fruit du hasard. Impression que semble confirmer la présence du gérant du cirque, persuadé d'avoir déjà croisé la route de Ian. Lorsqu'un soir Harker assiste à la transformation du jeune homme en loup-garou, il le kidnappe et le fait enfermer par ses employés dans une cage avec pour projet de l'exhiber comme monstre de foire. Un monstre parmi d'autres puisque l'une des spécialités de ce cirque est sa faune très étrange dont un homme-caïman (l'acteur Sean Gregory Sullivan dans le rôle de Winston) et un hermaphrodite (Christopher Morley dans celui de Carl / Carlotta)...


Si les effets-spéciaux et notamment la transformation de Ian en loup-garou ne sont pas légion, cette dernière semble davantage inspirée par celle de David Naughton/David Kessler du Loup-garou de Londres de John Landis que du Hurlements de Joe Dante. Le héros s'y tord en effet lui aussi de douleur, son attitude étant proche de celle que connu ce pauvre touriste américain onze ans plus tôt. Dès son arrivée, Ian est traité comme un individu tout sauf le bienvenu. On croirait presque assister à une alternative besogneuse à l'ouverture du Rambo réalisé par Ted Kotcheff et sorti sur les écrans en 1982 lors de laquelle le héros interprété par Sylvester Stallone se frottait au shérif Will Teasle (excellent Brian Dennehy), ce dernier lui refusant l'accès à sa petite localité et le chassant comme un malpropre. Sauf que Ian peut lui, compter sur la bienveillance d'un révérend et de sa fille. Tout va donc très bien jusqu'à ce qu'arrive en ville le propriétaire du cirque, donc. Une foire aux monstres où les freaks du titre se comptent sur les doigts d'une seule main, lesquels impressionnent évidemment beaucoup moins que ceux, véridiques, du chefs-d’œuvre de Tod Browning, Freaks, la monstrueuse parade alors vieille de plus de soixante ans. Et même encore moins que les étranges créatures qui hantent The Mutations de Jack Cardiff ou celles de La Sentinelle des maudits de Michael Winner...


Première réalisation de Hope Perello directement vouée au marché de la vidéo, Howling VI: The Freaks est une piteuse production qui joue sur sa lointaine relation avec le romancier Gary Brandner, le film n'hésitant pas un seul instant à citer carrément les trois titres de la séries d'ouvrages littéraires (''based on a series of books "The Howling I, II & III" by Gary Brandner'') avec sans doute dans l'espoir d'attirer encore du monde malgré l'absence de qualités d'une franchise qui s'enlise plus ou moins franchement dans la fange du cinéma Z. Ce sixième et antépénultième long-métrage oscille entre le très moyen et l'indiciblement mauvais. Si le scénario de Kevin Rock dont la carrière sera émaillée de quelques scénarii écrits pour le cinéma fantastique (Philadephia Experiment 2 en 1993 ou sa participation à la série télévisée Expériences Interdites en 1997), celui de Howling VI: The Freaks est un fourre-tout qui à force de vouloir empiéter sur divers terrains fini par ne ressembler à pas grand chose. Le loup-garou représente ici pour une fois le Bien tandis qu'il combattra le Mal à travers le personnage de Harker, sorte de vampire violet empruntant davantage son faciès au Diable. Très peu sanglant mais proposant une transformation sinon aussi marquante que celle du Loup-garou de Londres du moins acceptable, Howling VI: The Freaks ne s'avère pas le plus mauvais épisode de la franchise mais se situe très loin encore de l'épisode original. À noter la présence à l'écran dans le rôle Bellamey, l'acteur Antonio Fargas qui ne fut autre que Huggy-les-bons-tuyaux dans la série télévisée Starsky et Hutch...

 

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