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samedi 26 juin 2021

En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaron de Roy Andersson (2014) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Lorsque sort sur les écrans de cinéma En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaron (Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence), le réalisateur suédois Roy Andersson a déjà derrière lui une solide carrière émaillée de courts et de moyens métrages, mais aussi de longs, et notamment d'un Giliap dont le naufrage condamna presque son auteur au silence. Du moins, durant un quart de siècle lors duquel le gothembourgeois ne tournera que des courts-métrages. Mais alors que Giliap n'avait pas rencontré le succès escompté, lorsque Roy Andersson remonte sur la scène cinématographique, c'est pour y proposer une vision encore plus décomplexée que celle qui déjà semblait vouloir percer vingt-cinq ans plus tôt. Vouant désormais son art à la lenteur, à cette apesanteur qui fait de l’œuvre du cinéaste toute sa singularité, lequel n'abandonnera alors plus jamais cette approche toute particulière faisant de ses films, une accumulation d’œuvres picturales à peine perturbées par la respiration et les quelques phrases prononcées par ses interprètes. Tout commence vraiment avec Sånger från andra Våningen, alors que l'ancien monde s'éteint et qu'un nouveau va bientôt éclore. Celui des réseaux sociaux auxquels le cinéma de Roy Andersson échappe encore fort heureusement. Puis lui succède en 2007 Du Levande, et avant son tout dernier long-métrage Om det oändliga, le très poétique En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaron que je vais me charger d'évoquer ici...


Cinquième long-métrage du suédois mais à vrai dire, troisième de ce qui demeure peut-être jusqu'à ce jour une tétralogie remarquable de cohérence et d'homogénéité tout en étant indépendant de ce qui a précédé, En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaron reprend les affaires là où le réalisateur les a laissées sept ans plus tôt. Nous sommes en 2014 et Roy Andersson est resté fidèle à sa vision. À ses obsessions dirons-nous. Un travail d'orfèvre qui transpire dans chaque recoin du cadre. Des tableaux vivants qui ont toujours cette même particularité d'être constitués de plans fixes uniquement animés par les interprètes. Un discours lent, des gestes lents. Des personnages blafards encrés dans des décors où chaque interprète et le moindre objet est placé selon une formule dont seul Roy Andersson a le secret. Constitué de dizaines de scénettes qui n'ont apparemment aucun lien entre elles, son cinquième long-métrage met pourtant en avant deux personnages. Deux vendeurs de farces et attrapes qui justement lient les différentes séquences entre elles. Le suédois épure une fois encore chaque plan en lui autant tout le superflu. S'en dégage alors une drôle de sensation de vide alors même que dans chaque séquence s'y déroule une foule d'événements aussi bien au premier qu'en arrière-plan. Fasciné par le travail du réalisateur tchèque Milos Forman et appréciant notamment l'humour grinçant qu'il injecte parfois dans son œuvre, Roy Andersson ne s'interdit jamais d'inclure à la sienne un brin de fantaisie, de tendresse et de cruauté...


Source d'inspiration renouvelée une fois encore avec En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaro, les visages pâles des interprètes proviennent directement du théâtre Nô japonais. Alors qu'il pourrait se satisfaire des mêmes techniciens que ceux employés par le passé, Roy Andersson se passe désormais de Gustav Danielson engagé en tant que responsable de la photographie sur De Levande ou de Jesper Klevenås sur Sånger från andra Våningen au profit de Gergely Pálos et de István Borbás, ce dernier ayant tout de même déjà participé au précédent. Une attitude et un changement majeur qui auraient pu avoir des conséquences néfastes mais qui démontrent d'autant plus le contrôle de l'auteur sur son œuvre puisque l'illusion est parfaite et les choix artistiques identiques aux deux précédents longs-métrages du suédois. Côté bande son, là encore il y a du changement. Ce sont désormais les compositeurs Hani Jazzar et Gorm Sundberg qui sont chargés d'habiller En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaro. Face à l'épure de l'image et d'un scénario écrit par Roy Andersson, on pourrait prétendre que ce génie de l'image ne fait que tourner en rond , refaire sans cesse la même chose. Car une fois que les interprètes sont en place, les décors et la colorimétrie sélectionnés, que reste-t-il de En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaro ? Sans doute ce même spectacle qui séduit déjà depuis des années celles et ceux qui apprécient le minutieux travail de Roy Andersson et agace les impatients. Beau à mourir, le cinquième long-métrage du suédois est notamment parcouru de quelques plans-séquences plus ambitieux encore que les autres : voir celui qui se déroule dans un bar où l'armée de Charles II fait la rencontre de badauds du temps présent. Un exemple de ce qu'est capable d'accomplir le réalisateur suédois et qui devrait faire taire ceux qui lui reprocheraient son approche par trop minimaliste. Entre autres sélections et nominations, En Duva satt på en Gren och Funderade på Tillvaro a notamment remporté le lion d'or à la Mostra de Venise en 2014 ainsi que le prix du cinéma européen 2015 dans la catégorie ''meilleure comédie''...

 

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