Paraît qu'en France on
n'a pas de pétrole mais qu'on a des idées. Avec son concept
piégeux, soit dit en passant, sans mauvais jeu de mots, Méandre,
le second long-métrage du réalisateur français Mathieu Turi après
Hostile
en 2017 risque d'en surprendre plus d'un. À commencer par votre
serviteur qui n'a pas attendu plus de dix minutes avant de souffler
et de ronchonner devant cette œuvre qui ne semble tout d'abord
n'être ni plus ni moins qu'une alternative frenchie au vieillissant
mais néanmoins toujours efficace Cube
réalisé par le canadien Vincenzo Natali voilà maintenant
vingt-quatre ans. Avec son titre poétique et ''onanistique'', on
cherche tout d'abord à comprendre ce qui a pu tant émouvoir
certains chroniqueurs spécialisés pour qu'ils lui lâchent d'aussi
élogieuses critiques. Car enfin, suivre les péripéties d'une jeune
femme coincée dans tout un réseau de tunnels exigus dont la
technologie et la perversité des pièges semble le fruit d'une
entité autre que terrestre doit bien avoir ses limites. Et quand
bien même les dits pièges puissent faire preuve d'un grand sens de
l'imagination de la part de leur(s) auteur(s), l'ensemble risque de
ne supporter la comparaison qu'avec l'insipide Oxygène
d'Alexandre ''Haute Tension''Aja
proposé sur la plate-forme Netflix
depuis le 12 mai dernier. À la lecture de telle ou telle critique,
le fond n'est pas toujours aussi clair que la forme lorsqu'il s'agit
d'évoquer tel ou tel point de vue. Ici, l'allusion en rapport avec
le deuil semble pourtant effectivement faire partie du récit. C'en
est même très clair et, ô miracle, très touchant...
La
route qui mène vers la lumière est éreintante et semée
d'embûches. Si c'est ça le Paradis, mieux vaut croupir pour
l'éternité en Enfer. Incarnée par l'actrice française Gaia Weiss
dont la carrière a débuté il y a maintenant presque une décennie,
Lisa fait du stop lorsqu'elle est prise en charge par un drôle
d'individu qui l'enferme dans un étrange labyrinthe dont les
nombreux mécanismes mortels vont mettre son existence à rude
épreuve et vont solliciter ses réflexes et son instinct de survie.
Si dans un premier temps l'intérêt de nous resservir presque un
quart de siècle plus tard le même concept que celui de Cube
laisse à désirer, un curieux phénomène commence à s'opérer dans
l'esprit du spectateur. D'abord, avouons que les pièges concoctés
pour l'occasion sont souvent ingénieux. De ce postulat déjà
revigorant ne manquerait finalement plus que la caractérisation de
l'héroïne dont on se fiche pour l'instant du sort que lui réserve
son bourreau. Intelligemment éclairé, Méandre
nous évite la fâcheuse manie qu'ont certains longs-métrages de
plonger leurs protagonistes dans une obscurité presque totale. Puis
apparaissent ensuite les symboles, un... zombie (?) et un drôle de
mécanisme fait de métal et de matières organiques. Le début d'un
long voyage qui finalement aura sa propre destinée en s'éloignant
de sa trop lourde référence. Malgré un maigre budget largement en
deçà des trois millions d'euros, Méandre
bénéficie
de nombreuses séquences à effets-spéciaux. Quelques CGI mais
surtout des décors organiques et trois ou quatre plans gore...
De
quoi satisfaire en partie les amateurs de films d'horreur mais aussi
les amoureux d'une certaine science-fiction dont le regard ne se
tourne pas forcément vers les étoiles. L’œuvre de Mathieu Turi
fait appel aux souvenirs mais aussi et surtout aux regrets. Ce mur
d'images réminiscentes bouleverse le quotidien de l'amateur de
films d'horreur pure qui se retrouve démuni devant l'émotion réelle
qui s'en dégage. Accompagné par la partition sobre mais touchante
du compositeur Frédéric Poirier (déjà en charge de la BO de
Hostile),
on se dit que Méandre
aurait pu faire un satané concept de jeu vidéo (comme une Lara
Croft débarrassée de toutes les phases d'exploration pour ne plus
que se concentrer que sur les pièges et les énigmes). Parfois très
angoissant (le piège de la triple-guillotine à dix minutes de la
fin est significatif), le film de Mathieu Turi est une très belle
surprise. Surtout inattendue. Gaia Weiss habite littéralement le
personnage de Lisa et porte sur ses épaules une grande part dans la
réussite de ce projet cent pour cent tricolore. À découvrir...
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