Alice Sapritch, Patrick
Prejean, Sim, Henri Genès, Jacques Balutin, Henri Tisot, Paul
Préboist, Jacky Sardou et la liste est encore longue... Moi qui
pensais que la présence d'un ou de plusieurs d'entre eux était
nécessaire pour qu'une comédie se voit octroyer le cachet de
''Comédie franchouillarde'',
c'était sans me douter des ressources inépuisables dont le cinéma
français était doté dans les années soixante-dix/quatre-vingt, ne
s'arrêtant justement pas à cette viande faisandée synonyme de
poilade pour décérébrés mais allant au contraire jusqu'à puiser
chez des interprètes d'un tout autre niveau. Si tant est que l'on
puisse trouver un intérêt à cette purge nanardesco-zédifiante
signée de Robert Pourel, auteur de Cours après moi...
que je t'attrape en
1976 avec Jean-Pierre Marielle et Annie Girardot, c'est peut-être
dans sa capacité à réunir autour d'un même thème, différentes
niveaux d'interprètes, allant de l'honorable artisan du septième
art (Georges Wilson dans le rôle du commissaire Garmiche ou Julien
Guiomar dans celui de Jeannot Bidart dit ''la Presse''), au pire
(Gilbert François dans le rôle de l'inspecteur Benoît, Marthe
Villalonga dans celui d'Albina, la directrice du cours de danse), en
passant par quelques acteurs dont la valeur reste encore à évaluer
de nos jours (Aldo Maccione dans la peau d'Aldo Rimoldi, Charles
Gérard dans celle de Charlot dit ''l'empereur)...
Tout
ou presque tient dans le seul titre de ce long-métrage datant de
1978. imaginez donc : à l'époque sortaient sur les écrans,
Les Bronzés
de Patrice Leconte, La Carapate
de Gérard Oury et...donc... Les Ringards
de Robert Pourel. Autant dire qu'en cette seule année pouvait sortir
sur grand écran l’œuvre culte réunissant pour la première fois
au cinéma la troupe du Splendid
et cette engeance ni faite, ni à faire. Si l'on peut se demander ce
que Georges Wilson ou Julien Guiomar sont venus faire dans cette
galère, la question se pose sans doute encore davantage lorsque se
présente à l'écran la sublime Mireille Darc. Une filmographie
parmi laquelle, plusieurs Georges Lautner, Yves Robert, Jacques
Deray, et puis... ce furoncle, cette excroissance cinématographique
dont il est certain que seuls les amateurs de nanars y trouveront
leur compte. C'est sans doute bien grâce à la présence de la
''Grande Sauterelle'' si ces trois ringards, que le réalisateur
semble beaucoup de plaisir à mettre en scène, parviennent à
maintenir le cap consistant à retenir le public et certainement pas
grâce aux dialogues du réalisateur et de Jean Lacroix, d'une
confondante bêtise. Tellement crétins qu'ils hypnotisent sans pour
autant parvenir à générer le moindre rire. C'est donc avec
effarement que l'on assiste aux aventures de ce trio de malfaiteurs
lamentables, pourtant considérés comme de dangereux criminels par
le commissaire Garmiche, et dont le projet commun est de mettre la
main sur une forte somme d'argent transportée par fourgon aux abords
du circuit du Castelet. S'ensuit une succession de séquences
terriblement navrantes durant lesquelles aucun des interprètes ne
semble pourtant mal à l'aise. Vu la prose qu'ils eurent à réciter,
on peut s'étonner qu'ils n'eurent pas le reflex de refuser leur
rôle. Du moins, pour certains peu habitués à jouer dans ce genre
de navet...
Seule
l'intelligence (ou la perfidie) de Robert Pourel, au moment même où
l'envie de tout envoyer valdinguer se présente, parvient à retenir
l'attention des spectateurs. À ce moment très précis où Mireille
Darc débarque avec pour seule tenue, un bikini. Grand moment
d'émotion qui semble avoir figé le temps... Superbe créature...
Vénus venue sauver du naufrage une production qui prend l'eau dès
ses premiers instants. Ou presque à vrai dire : lorsque à la
suite de la séquence pré-générique, le film nous assène l'une
des nombreuses compositions de Francis Lai et dont la musique, ici,
n'élève absolument pas le sujet. La question se pose : a-t-on
le droit de rire ? Doit-on en avoir honte ? Car j'avoue,
oui, avoir ri, une fois, lorsque Charles Gérard apparaît à l'écran
une perruque blonde vissée sur la tête. Une faute de goût,
j'avoue. Un mauvais reflex. Le genre d'attitude incontrôlable qui se
rencontre parfois lorsque l'on voit un type tomber parterre après
avoir glissé sur une plaque de verglas mais dont on s'inquiète de
l'état quelques secondes plus tard. Bref, pas de quoi être fier ni
se vanter. Par conscience ''professionnelle'' et puisqu'il faut aller
jusqu'au bout si l'on veut pouvoir prétendre être en droit d'écrire
un article, j'ai regardé Les Ringards
jusqu'à la dernière seconde. Et si, très honnêtement, le film
n'est pas aussi mauvais que certaines comédies interprétées par
les actrices et acteurs cités en début d'article, c'est peine
perdue que d'espérer y voir autre chose qu'une infâme comédie
franchouillarde section Z...
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