En 1957 sortait sur les
écrans de cinéma l'un des plus grands films de science-fiction des
années 50, The Incredible Shrinking Man
de Jack Arnold. En pleine mode où les créatures de toutes sortent
se mettaient à grandir dans d'effroyables proportions (Tarantula
!
que réalisa lui-même le réalisateur trois ans auparavant ou Them !
de Gordon Douglas en 1954), Jack Arnolds décide d'inverser le
principe en mettant en scène Scott Carey, un homme ordinaire qui à
la suite d'une sortie en bateau et après avoir été en contact avec
une brume étrange se mettait à rapetisser jusqu'à atteindre la
taille d'un insecte. L'intrigue situait alors le plus intéressant de
son intrigue dans la cave de sa propre demeure où il allait
notamment affronter une araignée plus grande qu'il ne l'était
lui-même. Adaptation cinématographique de la nouvelle écrite par
le romancier américain Richard Matheson parue en 1956, The Shrinking
Man, le film est considéré comme un classique de la
science-fiction. Statut qu'il conserve d'ailleurs plus de
soixante-ans après sa sortie. Le concept fut reprit à la fin des
années quatre-vingt par le réalisateur Joe Johnston avec le fameux
Chérie, j'ai rétréci les gosses
dans lequel l'acteur Rick Moranis en inventeur de génie mais
laborieux était le créateur d'une machine qui par accident allait
réduire dans de ridicules proportions ses enfants ainsi que ceux de
ses plus proches voisins. Énorme succès dans les salles, le
long-métrage de Joe Johnston n'est cependant pas le premier à
avoir repris le concept du roman de Richard Matheson puisque le 30
janvier 1981 sort sur les écrans américains la seconde adaptation
officielle du célèbre ouvrage. D'abord confié au réalisateur John
Landis, celui-ci refuse finalement d'en assurer la réalisation et
c'est un autre grand cinéaste qui se retrouve aux commandes du
projet...
Joel
Schumacher... FUTUR grand cinéaste devrions-nous plutôt dire
puisqu'en 1981, il n'a derrière lui que deux téléfilms réalisés
en 1974 et 1979. On peut donc affirmer qu'il demeure encore inconnu
chez nous, les Générations Perdue,
L'expérience Interdite
ou Chute Libre
n'ayant même pas encore pris la forme de projets. Alors qu'un quart
de siècle auparavant Jack Arnolds avait traité son sujet avec un
minimum de sérieux, Joel Schumacher opte pour une vision beaucoup
plus joyeuse du thème. Première différence entre le héros du
premier et celui du second : désormais, il ne s'agit plus d'un
homme mais d'une femme. Ensuite, ça n'est plus en passant à travers
un brouillard à l'origine mystérieuse que Pat Kramer se met à
rétrécir mais à la suite d'une combinaison de produits ménagers
avec lesquels elle est entrée en contact. Interprétée par
l'actrice Lily Tomlin (qui au beau milieu d'une riche carrière au
cinéma et à la télévision apparaîtra notamment dans Desperate
Housewives
dans le rôle de Roberta Simmons), il s'agit d'une femme d'intérieur
elle aussi tout à fait ordinaire, mère de trois enfants et épouse
de Vance (l'acteur Charles Vance que l'on pu découvrir dans
Rosemary's baby
de Roman Polanski en 1968 ou Beethoven
de Brian Levant en 1992), un publicitaire. Au fur et à mesure
qu'agit l'étrange mixture responsable de son état, Pat devient
célèbre non seulement auprès des habitants de son quartier qui
s'agglutinent devant sa maison mais aussi et surtout auprès des
médias. Bientôt, elle devient si petite que sa famille lui offre
une maison de poupée, comme cela fut le cas pour le héros de The
Incredible Shrinking Man. C'est
alors là que les deux longs-métrage divergent d'un point de vue
scénaristique, outre leur ton foncièrement divergents...
Alors
que le héros du long-métrage de 1957 se retrouvait seul et isolé
dans sa propre cave, Pat, elle, n'a jamais été aussi bien entourée
et intéresse même une équipe de scientifiques mal intentionnés
qui en kidnappant la mère de famille espèrent trouver la formule
qui leur permettra de réduire des populations entières. Si le
propos laisse envisager un ton sérieux, le public a droit aux
gaudrioles incessantes de ses interprètes. Joel Schumacher n'ayant
apparemment pas l'intention de calmer le jeu même lorsque cela
semble nécessaire, le réalisateur oppose des scientifiques ultra
caricaturaux et surtout, un singe prénommé Sidney sous le costume
duquel se cache le spécialiste des effets-spéciaux de maquillage
Rick Baker. Si le ton de The Incredible Shrinking
Woman est
furieusement léger, il n'en demeure pas moins que le film bénéficie
de quelques effets visuels plutôt réussis malgré l'allégement
d'un budget qui passa alors de trente à dix millions de dollars. Si
certaines séquences proposent un humour relativement lourd, on
appréciera par contre le soin apporté à certains décors aux
proportions revues à la hausse ou le travail sur la profondeur de
champ qui permet à l'actrice principale d'être parfaitement
intégrée dans des décors où évoluent des personnages à taille
normale. Bien sûr, en comparaison du film de Jack Arnolds, celui de
Joel Schumacher fait pâle figure. Il n'empêche que The
Incredible Shrinking Woman est
parfois très drôle (ce gorille que rien dans l'interprétation de
Rick Baker ne fait pour rendre crédible) et propose certaines
séquences vraiment très réussies (la scène du broyeur d'évier).
Détails amusants : comme le noteront sans doute certains
spectateurs, Lily Tomlin interprète plusieurs rôles à l'écran. De
plus, la fin laissait présager une séquelle lorsque l'héroïne
découvre au moment où s'inverse le phénomène, qu'elle ne cesse
cette fois-ci plus de grandir...
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