Five
(à ne pas confondre avec l'excellente comédie réalisée par Igor
Gotesman en 2016) ou la survie de cinq individus dans un univers
post-apocalyptique consécutif à un holocauste nucléaire. Un sujet
qui de nos jours est régulièrement mis en scène mais qui dans le
cas présent, remonte à l'année 1951. Spécialisé dans l'horreur
et l'épouvante (il anime en outre l'émission radiophonique Lights
Out
dans les années 1950), Arch Oboler fut l'auteur d'une quinzaine de
longs-métrages et épisode de série télévisée (Oboler
Comedy Theatre
en 1949) mais surtout celui de ce film qui bien avant la vague de
longs-métrages de science-fiction dystopiques qui allaient déferler
des décennies plus tard, s’intéressa aux conséquences d'une
catastrophe d'ampleur mondiale. Pour cela, il réuni cinq individus,
tous blancs sauf l'un d'entre eux, un homme de couleur. Peu aidée
par des effets-spéciaux rudimentaires (des écrans de fumées
ajoutés à des images piochées dans des archives du monde entier),
la séquence d'introduction signifie la catastrophe en question. Suit
le survol d'une région désertique, une route sur laquelle marche
hébétée l'une des rares survivante. Ah oui, car faut-il le
préciser, l'un des quatre blancs en question est de sexe féminin.
Unique ''femme'' du récit comme le sera également le ''noir'', l'un
et l'autre vont devoir sans doute plus que les trois autres montrer
leurs capacités à résister à certaines pressions. Surtout que le
récit ne s'articule pas uniquement autour de la survie mais aussi
autour de vielles.... ''rancœurs'' qui opposent comme toujours
l'homme et la femme, le blanc et le noir...
Si
d'une manière générale le récit de Five
paraît tout de même ne tourner qu'autour d'un seul enjeu qui est
celui de survivre, il arrive parfois au réalisateur d'y injecter
quelques rares rebondissements qui trouvent en Eric (l'acteur James
Anderson), le plus ignoble des portes-parole. Alors que certains
philosophent sur le passé et le devenir de l'humanité, citant
parfois la Bible, Eric personnifie tout ce que peut avoir eu
d'abjecte l'homme pré-catastrophe. Raciste et tyrannique, il
démontre que le chemin de croix des hommes ne s'est pas subitement
arrêté le jour où il détruisit sa propre planète mais qu'il
n'est qu'un éternel recommencement. Les radiations ont eu beau
chasser le naturel, celui-ci est revenu à la charge dès l'arrivée
de ce personnage d'abord nébuleux mais qui montrera finalement assez
vite son vrai visage. C'est bien là que le long-métrage de Arch
Oboler prend toute sa puissance, même si son approche n'a bien
évidemment rien d'originale. Dès le groupe réuni, il est facile de
deviner quelles anicroches vont compliquer la vie de ces cinq
individus qui très vite ne seront plus que quatre (l'acteur Earl Lee
qui interprète le rôle de Mr. Barnstaple disparaissant rapidement
des suites des radiations). Situé presque exclusivement au sommet
d'une colline sur laquelle est perché une maison d'architecte, Five
est relativement avare en matière d'effets-spéciaux. L'intrigue
s'intéressant davantage à la personnalité de ses quatre
personnages principaux, c'est donc principalement sur les épaules de
James Anderson, donc, mais aussi sur celles de William Phipps, Susan
Douglas Rubes et Charles Lampkin que repose le film...
Une
œuvre qui n'a certainement pas à rougir face à la concurrence même
si parfois Five
manque de rythme et d'ambition. Le long-métrage de Arch Oboler fait
figure d'ancêtre de la série de science-fiction La
quatrième dimension portant
davantage son approche sur la réflexion plutôt que sur l'action. On
regretterait presque que le réalisateur n'ait pas situé l'intrigue
de son film au cœur d'une ville plus ou moins grande que dans un
lieu presque désertique au vu des dernières dix minutes se
déroulant justement dans l'une de ces petites cités où trônent au
beau milieu des rues des carcasses de voiture et sur le pavé, des
cadavres qui n'ont même plus la peau sur les os. Bien que les deux
films n'entretiennent que peu de rapports, Five
peut s'envisager comme l'ancêtre du premier chef-d’œuvre signé
de George Romero, La nuit des morts-vivants.
Si de zombies il n'est jamais question, Arch Oboler parvient à
rendre crédible les rapports qu'entretiennent ses différents
personnages. De plus, même si les toutes dernières secondes sont
porteuses d'espoir, le réalisateur aura su une poignée de minutes
auparavant, faire preuve d'une authentique cruauté envers le
personnage de Roseanne. À noter que le film est disponible chez nous
sous le titre Les cinq survivants
chez Artus Films
au prix modique de 9,90€...
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