Second long-métrage du
réalisateur Michael Matthews après le western Five Fingers
for Marseilles
il y a quatre ans, Love and Monsters a
débarqué en octobre dernier sur Netflix.
De la science-fiction ? Du fantastique ? À vrai dire, un
peu des deux, dans une aventure presque adolescente. Un conte moderne
pour petits et grands qui ravira les premiers mais pourra
décontenancer les seconds par son approche relativement puérile du
récit. Pourtant, tout semble être là, dans cette recette dont
chaque élément semble avoir été déjà utilisé mille fois
auparavant et dont certains mélanges auraient pu faire craindre le
pire. Le récit s'articule autour de Joel Dawson, sympathique jeune
homme qui, généralement paralysé par la peur, se voit refuser
l'accès à l'extérieur de l'abri dans lequel il vit maintenant
depuis sept ans en compagnie d'hommes et de femmes tous en couples.
Bricoleur, cuisinier et ''fée du logis'', Joel est parvenu à se
rendre utile mais se sent de trop, son statut de célibataire lui
pesant terriblement. C'est pourquoi, un jour, il prend la décision
de partir pour rejoindre celle qu'il aime et qui vit dans un autre
abri à cent-trente kilomètres de là. Un périple éminemment
risqué, qu'il devra faire en solo, dans un monde dévasté et
apparemment bienveillant mais qui cache en réalité d'innombrables
créatures aux proportions monstrueuses. Car oui, aussi surprenant
que cela puisse être, c'est en tentant de détruire à l'aide de
missiles un astéroïde qui fonçait droit sur la planète que
l'homme s'est lui-même condamné en éradiquant plus de quatre-vingt
dix pour cent de son espèce des suites des retombées
radioactives...
Love and Monsters repose
donc en partie sur un bestiaire qui, il faut l'avouer, se révèle
particulièrement original. Le long-métrage de Michael Matthews peut
s'envisager comme une relecture non officielle de Des
monstres attaquent la ville de
Gordon Douglas (1954) et de tous ces longs-métrages qui mirent en
vedette, et surtout dans les années cinquante, nombres de créatures
aux dimensions surprenantes. Crapaud et Escargot géants donnent le
sentiment d'avoir été piochés dans les quelques créatures qui
hantent l'univers de L'histoire dans fin de
Wolfgang Petersen tandis que le reste est propre à toute cette vague
de longs-métrage de science-fiction post-apocalyptique qui font le
bonheur des amateurs de dystopies et notamment de fin du monde. Sur
ce plan là, Love and Monsters est
un régal visuel. Il ne manque presque rien. Des villes abandonnées
à la végétation avec tout ce que peut constituer une telle
dégradation, même si le plus gros du récit est tourné dans des
paysages sauvages, ce qui a sans doute permis de réduire le budget.
Des créatures en image de synthèse convaincantes, même si au fond,
le traitement de l'histoire écrite par Brian Duffield et Matthew
Robinson le prédispose davantage à un public féru de comédie
fantastique ou de science-fiction qu'à l'amateur pur et dur de films
d'horreur et d'épouvante. Si le ton est léger, c'est cependant sans
doute bien là le problème.
En
effet, si suivre les aventures de Joel Dawson (interprété par
l'acteur Dylan O'Brien, héros de la trilogie Le
labyrinthe)
n'est pas une gageure d'un point de vue intellectuel (aucun cerveau
ne devrait logiquement se mettre à fumer devant l'absence de
complexité et de profondeur du scénario), chaque séquence semble
avoir été construite de manière à n'en retenir qu'une armature
légère et dénuée de toute ''chair''. Love and
Monsters déroule
donc le fil de son intrigue sans prendre le moindre pari d'exploser
les codes. C'est fluide mais sans aspérités. Tout juste les
amoureux d'espèces canines auront-ils une pensée émue en se
remémorant cet adorable bête à poils prénommée Boy qui suit de
près notre héros. L'un des vrais plaisirs, outre le fait d'avoir
entre les mains une véritable aventure humaine et familiale, est
sans doute d'y retrouver l'acteur Michael Rooker qui en baroudeur
couperosé prénommé Clyde aurait mérité de suivre les traces du
personnage principal jusqu'au terme du récit. Un récit qui se
termine sur cette même approche un peu trop bâclée qui parasite
l'ensemble du long-métrage. Love and Monsters
n'est
donc ni un mauvais film ni une pépite. Tout juste un très bon
divertissement qui ne souffrira cependant peut-être pas d'une
seconde projection...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire