Dernier long-métrage en
date du réalisateur Darren Aronoksky avant l'hypothétique bain de
sang que semble promettre le synopsis de son prochain The Whale
concentrant apparemment son sujet autour de l'autophagie, Mother !
retrouve-t-il la puissance du vertigineux Requiem
for a Dream ?
En un sens, oui. Mais c'est alors avec un luxe de précaution qu'il
faudra comparer ces deux œuvres dont l'une demeure un authentique
monument du septième quand la seconde s'avère être une
semi-déception. Un long-métrage en demi-teinte, flamboyant par ses
nombreux symboles mais relativement creux d'un point de vue de la
narration. Doté de deux parties distinctes mais demeurant pourtant
relativement similaires, l'impact de la seconde, qui se veut sans
doute la plus remarquable, est diminué par cette mise en bouche
relativement ''sobre'' et intrusive qui lui est pourtant bien
supérieure. Drame ? Thriller ? Allégorie ? On trouve
un peu de tout dans ce capharnaüm grand-guignolesque qui
contrairement aux habitudes des téléspectateurs, de ceux qui
détestent être conduits par la main, fait œuvre de pauvreté
lorsqu'il s'agit de donner un sens aux images qu'assène Mother !
Certains nous promettent un inconfort certain... Mais s'agit-il du
même malaise que l'on pouvait ressentir en 1976 devant un certain
Locataire,
description brillante, et pour le coup, là, véritablement anxiogène
de la paranoïa signé par le réalisateur polonais Roman Polanski ?
Plus vraiment à vrai dire...
Autant
l’œuvre d'Aronofsky semble pousser le spectateur à faire sa
propre analyse de cette proposition étonnante dans un contexte où
le cinéma d'horreur nous refourgue sans cesse les mêmes histoires,
autant l'auteur du formidable The Fountain
nous laisse-t-il sur notre faim. Pire : pour que le spectateur
ne meure pas idiot, en fin de parcours nous seront révélés les
aboutissants de tenants au demeurant fragiles. Si visuellement peu de
choses sont à reprocher à son dernier long-métrage (qui date
maintenant de quatre années) et si ses interprètes y mettent
beaucoup de cœur à l'ouvrage, Darren Aronofsky ne semble plus
vraiment avoir les idées claires lorsqu'il s'agit de mettre en scène
une histoire extraite de sa formidable imagination. Le réalisateur y
dévoile toute une symbolique dont il a l'habitude. Religieuse dans
ses derniers retranchements, mais aussi sous forme de ''mise en
abyme''. Si dans le cas présent Darren Aronofsky n'intègre pas son
œuvre dans le principe du film dans le film, il y expose cependant
l'art créatif, ses excès, ainsi que le carburant nécessaire à
toute création. Ici, l'auteur de romans en panne d'inspiration
remplace le scénariste et le réalisateur. Il y inclut la ferveur
(cette obsession, oui!) des lecteurs du romancier incarné par un
Javier Bardem inquiétant mais aussi la nécessité pour lui, d'avoir
à ses côtés, une véritable source d'inspiration (formidable
Jennifer Lawrence en épouse et muse... soumise).
Peut-être moins évident mais identifiable lors de la seconde
intrusion dans la demeure où se situe l'intégralité de l'intrigue,
on peut supposer l'attachement du réalisateur à se faire l'écho
d'une peur exagérée de ''l'autre'' et du désir profond de rester à
l'écart de toute cette information anxiogène que diffusent les
médias en continu. Mais là où le bas-blesse, et c'est en toute
subjectivité que je m'exprime, c'est dans la tournure que prennent
les événements qui plutôt que de nourrir les phobies de l'héroïne
en nous expliquant que tout ne pourrait être que le fruit de son
imagination (Mère ne suit-elle pas un étrange traitement
médical ?), Darren Aronofsky préfère prendre un virage plutôt
sec en plongeant ses protagonistes (ou plutôt SA protagoniste) dans
un univers fantastico-religieux un peu désuet. Personnages sans
noms, Lauwrence, Bardem, mais également Ed Harris ou Michelle
Pfeiffer permettent une lecture allégorique du récit. Quant à la
présence du point d'exclamation dans le titre, et quels que soient
les avis, il peut se voir comme une affirmation de soi. Celle de
l'héroïne qui à force d'encaisser trouvera la force, enfin, de
s'émanciper. Attention aux maux de tête...
Pour moi, il n'y a que l'auteur qui existe dans ce film, tout le reste n'est qu'allégorie. La maison est la pensée de l'auteur, Jennifer Lawrence sa muse, la cave les pensées sombres de l'auteur, les gens sont ceux qui s'accaparent et dépossèdent l'oeuvre de l'auteur quand celui-ci la met à disposition du public, le cristal est l'inspiration de l'artiste (il n'en a plus quand le cristal est cassé). D'ou la dernière scène, qui reprend l'introduction à l'identique mais avec une nouvelle actrice, une nouvelle muse pour la nouvelle oeuvre de l'artiste... Une oeuvre très forte !
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