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jeudi 10 septembre 2020

Une Affaire de Goût de Bernard Rapp (1999) - ★★★★★★★☆☆☆



Lors d'un déjeuner dans un grand restaurant en compagnie de Flavert, l'un de ses employés, le chef d'une grande entreprise Frédéric Delamont fait la connaissance de Nicolas Rivière. Serveur depuis très peu de temps, il goûte sur demande de Frédéric le plat qu'il vient de lui servir. Dès lors, le chef d'entreprise lui propose un emploi richement rémunéré : Nicolas accepte de devenir le goûteur de Frédéric. Mais ce qui ne devait devenir qu'une relation professionnelle entre un homme et son employeur va se muer peu à peu en une relation malsaine ayant des conséquences désastreuses pour Nicolas dont le couple qu'il forme avec la libraire Béatrice va très rapidement battre de l'aile. Avili et manipulé, Nicolas n'est plus seulement le goûteur de Frédéric mais se plie à la moindre de ses exigences. Au fil des jours et des semaines, la distinction entre les deux hommes et de plus en plus ténue. Se ressemblant presque comme deux gouttes d'eau, ils se rapprochent de plus en plus, s'installent ensemble dans la luxueuse demeure de Frédéric, et pourtant... Ce dernier continue à mener la danse auprès d'un Nicolas dont il ne cesse de dévorer le cerveau. Une Affaire de Goût, le second long-métrage de l'ancien journaliste et écrivain français Bernard Rapp après le sympathique Tiré à Part réalisé trois ans auparavant et adapté du roman de Jean-Jacques Fiechter, gagne en profondeur et en maîtrise.

Adaptant désormais le roman Goûter n'est pas Jouer de Philippe Balland en compagnie du scénariste et écrivain Gilles Taurand, Bernard Rapp signe un second film prenant. Un thriller intimiste redoutablement efficace et porté par la superbe interprétation du duo formé par Bernard Giraudeau et Jean-Pierre Lorit. Une Affaire de Goût remonte le court du temps. De la rencontre entre les deux principaux personnages (auxquels il ne faudra pas oublier d'ajouter la participation de l'excellente Florence Thomassin dans le rôle de Béatrice) jusqu'au drame que tentent d'expliquer alors les protagonistes lors de témoignages effectués auprès d'un magistrat (Jean-Pierre Léaud) et d'une juge d'instruction. Parmi les divers interprètes, nous retrouvons également dans le rôle du cuisinier René Rousset, l'acteur Charles Berling, Artus de Penguern dans celui de Flavert, Laurent Spielvogel dans la peau du docteur Rossignon ou encore Patrick Zimmermann dans celle du chauffeur de Frédéric. Véritablement porté par un Bernard Giraudeau aussi bien ''monstrueux'' dans son attitude envers Nicolas Rivière que dans sa performance, l’œuvre de Bernard Rapp monte peu à peu en puissance pour ne jamais relâcher son emprise et ce, jusqu'à ce dernier regard lancé par un Jean-Pierre Lorit impérial. Un regard empli de tristesse mais aussi de relâchement qui exprime sans doute à la fois l'apaisement et la torpeur...

Le spectateur vit littéralement avec effroi l'expérience vécue par un Nicolas Rivière sous influence, vampirisé par un Frédéric Delamont dont les phobies multiples l'empêchent de vivre sereinement. Mais comme un enfant qui ne peut assumer seul son désarroi, il lui faut trouver un bouc émissaire. Celui qui partagera sa douleur de vivre quitte à en faire un pantin vers lequel évacuer sa souffrance. Bernard Giraudeau incarne un individu rarement émouvant. Plutôt monstrueux à vrai dire. Son jeu subtile navigue entre cruauté et ambiguïté. Quant à Jean-Pierre Lorit, son personnage agit comme un pantin. Comme la victime d'une addiction très particulière dont il aura bien du mal à se défaire. Florence Thomassin joue très justement la compagne de Nicolas. Une Béatrice témoin de la dérive psychologique de son compagnon. Sous une forme intimiste, voire épurée Une Affaire de Goût évoque l'emprise d'un gourou sur l'un de ses adeptes. Difficile de rester insensible à ce phénomène même si le long-métrage souffre de quelques défauts, ici heureusement rarement rédhibitoires et qui consistent en une image trop léchée et une partition musicale manquant parfois d'intensité. Reste que Une Affaire de Goût démontre que Bernard Rapp fut capable de s'améliorer et parvint à gravir une marche supplémentaire dans le métier de réalisateur... Une réussite...

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