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jeudi 3 septembre 2020

Cecil B. Demented de John Waters (2000) - ★★★★★★★☆☆☆



Vingt ans que Cecil B. Demented de John Waters est sorti sur les écrans. Si en 2000, on pouvait encore considérer à l'aune d'une carrière riche d'une quinzaine de courts et longs-métrages le onzième bébé de l'un des maître de la comédie trash américaine comme l'un de ses meilleurs, certaines de ses saveurs passées semblent avoir pris de profondes rides. Et pas forcément celles que l'on trouve au coin des lèvres à force de (sou)rire mais plutôt celles qui s'imposent par dépit comme le lit d'une rivière asséchée passant entre deux globes oculaires. Ouais, franchement, il y a de quoi faire la gueule aujourd'hui devant ce produit mal fagoté. Cette formule dont use en général John Waters pour réaliser ses films et qui avait tout l'air de fonctionner lorsque plus jeune, nous n'étions pas encore formés à l'analyse objective de son contenu. Adolescent, ou jeune adulte, lorsque l'on est passionné, on peut avoir pour habitude d'ignorer, inconsciemment ou pas, ce qui fait défaut. Surtout qu'en ce qui concerne John Waters, comme un Russ Meyer ou un Herschell Gordon Lewis antérieurs, on était près à lui pardonner le moindre écart de route. Des écarts dont il abusait pour le bonheur et l'avidité de spectateurs aimant l’irrévérence et les kilos superflus de l'iconique Divine...

Égérie de John Waters et membre d'un groupe de fidèles acquis à la cause du cinéaste, elle/il s'en est allé(e) un 7 mars 1988. D'autres depuis ont pris la relève sans jamais l'occulter. Il y eut Amy Locane, Tracy Lord, Ricky Lake ou la très étrange et très rare Kim McGuire dans Cry Baby en 1990, Kathleen Turner dans Serial Mother en 1994 ou Christina Ricci dans Pecker en 1998. Et puis, en 2000 donc, il y eut Melanie Griffith, ses premiers pas dans le domaine de la chirurgie esthétique (signes qui apparaissent à l'écran), que l'on n'attendait certainement pas voir évoluer dans l'univers de John Waters. Un réalisateur qui aura quand même pris le temps de s'assagir même si quelques saillies trash viennent rappeler qu'il fut notamment l'auteur du cultissime Pink Flamingos vingt-huit ans auparavant. Encore désirable, l'actrice de quarante-trois ans accepte carrément de participer à une œuvre éminemment critique envers un certain cinéma. Celui du tout Hollywood auquel John Waters oppose l'underground de Baltimore, ville chérie du réalisateur qui sert de décor à chacun de ses longs-métrages. Melanie Griffith écorne donc avec fraîcheur et fausse naïveté le cinéma dont elle participe pourtant à l'élaboration. Entouré par un casting constitué de très rares ''figures'' du septième art en dehors de la star, de son ''mentor'' Stephen Dorff/Cecil et de la future vedette du cinéma Michael Shannon (L'excellent Take Shelter de Jeff Nichols en 2011), Melanie Griffith n'aura pas eu d'autre occasion de tutoyer l'ancienne ''ménagerie'' du réalisateur qu'à travers une courte séquence l'opposant à l'actrice Mink Stole dont la particularité est d'être apparue dans tous les films de John Waters...

Le principe consiste dans Cecil B. Demented à mettre à mal le cinéma hollywoodien et tout ce qu'il représente. Dès le générique, le spectateur est plongé dans le bain. Les références (peu élogieuses) y sont nombreuses et l'écriture apparaît pour l'instant relativement pertinente. Sur une bande-son signée de Basil et Zoë Poledouris, entre hip-hop et trash metal, le onzième long-métrage enchaîne les séquences sans véritable temps mort. Si le concept s'établit autour de l'enlèvement d'une star de cinéma par un réalisateur underground bien décidé à la faire tourner dans une œuvre à l'opposé du cinéma hollywoodien, le film montre malheureusement ses limites en milieu de course. Le principal défaut de Cecil B. Demented se situe au niveau de l'écriture. Car qu'on le veuille ou non, depuis quelques années, le réalisateur a passé un cap et ne peut plus se permettre simplement de jeter ça et là des idées délirantes sans y apporter un minimum de soin. Il n'empêche, le film reste délirant. Et concernant les saillies évoquées plus haut, le plaisir de retrouver le John Waters ''roi du trash'' est là, même si en de moindres proportions que par le passé. Melanie Griffith joue si bien, qu'elle ira même jusqu'à jeter des regards vers la caméra. Action innocente ou volontaire. Elle seule (et peut-être John Waters) détient la vérité. Cecil B. Demented n'atteint donc pas le sommet de la pyramide dans la carrière de John Waters mais il allait demeurer comme le dernier véritable vent de fraîcheur de John Waters avant le désastreux A Dirty Shame en 2004...

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