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vendredi 4 septembre 2020

Belle-Fille de Méliane Marcaggi (2020) - ★★★★★★★☆☆☆



Je n'en attendais rien de vraiment précis. Peut-être un peu de nostalgie. Revoir Miou-Miou, l'actrice des Valseuses de Bertrand Blier en 1974, de Dites-Lui que je l'Aime de Claude Miller en 1977 ou de La Totale ! de Claude Zidi en 1991. Ou peut-être la curiosité de découvrir le dernier long-métrage mettant en scène Alexandra Lamy, qui depuis que je l'ai découverte sur grand écran ne m'a jamais déçue. Belle-Fille... derrière ce titre simple, cette affiche simple, cette accroche simple se cache-t-il encore une comédie comme le cinéma français en enfante chaque année ? Ou bien l'actrice, réalisatrice et scénariste française Méliane Marcaggi a-t-elle réussi là où malheureusement beaucoup échouent ? Belle-Fille passe par plusieurs étapes et le spectateur lui aussi. De cette histoire parfois totalement rocambolesque où se mêlent nuit de sexe, de drogue et d'alcool, cadavre au réveil, et jeu d'identité, Méliane Marcaggi semble vouloir tout d'abord maintenir un cap sans ombrage ni vent violent. Pour ne pas dire pépère, la première moitié de son premier long-métrage en tant que réalisatrice ne prend pas le moindre risque. À part sans doute ces minuscules éclairs à l'humeur joyeuse qui empêchent le spectateur de s'endormir. Pire, de fuir la salle devant une œuvre qui apparemment s'apprête à ne ressembler qu'à un long encéphalogramme plat parcouru par de trop rares sursauts de vie...

Mais là où justement l'on n'attend plus grand-chose de Belle-Fille, au moment même où la lassitude commence à se faire ressentir dans d'importantes proportions, le miracle a lieu. Il aura fallut pour cela que Méliane Marcaggi transporte l'équipe de tournage et les interprètes jusqu'en Haute-Corse, là où se situent Valle-di-Campoloro et Speluncatu qui servent tous deux de décor. La caricature y est facile mais point trop n'en faut. La réalisatrice fait dans la discrétion et rend hommage à leurs habitants. Surtout que le contexte du film ne prête pas spécialement à sourire. Imaginez : Andréa, une habitante des lieux vient de perdre l'un de ses deux fils, Florent. Mais alors que sa conquête d'un soir est interrogée par la police, Andréa vient au secours de la charmante Louise qu'elle prend pour sa belle-fille. Trompée par son époux et mère d'une jeune Manon, celle-ci est venue passer quelques jours en Corse pour y rencontrer par hasard Florent (Thomas Dutronc) avec lequel elle va partager une folle nuit qui va se terminer par la mort de cet amant de passage. Accueillie par Andréa et sur demande d'Anto, le frère du défunt qui veut préserver sa mère, Louise accepte de se faire passer pour celle qui est censée avoir vécu les cinq dernières années auprès de Florent. Une étrange et émouvante relation entre les deux femmes va alors éclore...

Oui, Belle-Fille est bien le miracle évoqué plus haut. Puisqu'après un long moment d'attente mêlé à une certaine impatience, le scénario écrit à six mains par Méliane Marcaggi, Christophe Duthuron et Clément Michel révèle toute sa richesse. À dire vrai, le film n'est pas la comédie que certains durent s'attendre à découvrir. Ou si peu, car elle se révèle en réalité, plutôt amère. Mais ce qui différencie Belle-Fille de tous ces drames qui recherchent chez le spectateur les effusions de larmes l'est ici de manière beaucoup plus tendre et raffiné. On aurait pu ne pas croire en cette histoire un peu folle entre une fille de l'hexagone accueillie chaleureusement par un ''vieille'' dame d'origine corse inconsolable. Et pourtant, en jouant avec les sentiments du spectateur, en se servant de lui comme d'un yoyo, jouant sur ses diverses affectivités, Méliane Marcagg l'emporte loin, très loin, beaucoup plus loin que le début du récit ne le laissait présager. La réalisatrice nous prend à la gorge avec une rigueur métronomique que seuls quelques éclats humoristiques judicieusement disséminés ça et là permettent de tempérer. Miou-Miou et Alexandra Lamy forment un couple attachant, bouleversant, accompagnées par un Jonathan Zaccaï émouvant, un Guillaume Bouchède vraiment épatant et qui, remercions-le, désamorce des séquences parmi les plus pesantes, ainsi que quelques seconds rôles irrésistibles. La Corse, même réduite à quelques images d’Épinal est merveilleusement belle. La mise en scène est subtile, et l'interprétation remarquable. Et bien qu'Alexandra Lamy s'avère toujours aussi talentueuse, c'est bien Miou-Miou la véritable vedette de ce Belle-Fille qu'il serait dommage de ne pas découvrir sur grand écran...

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