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vendredi 8 mai 2020

The Gorgon de Terence Fisher (1964) - ★★★★★★★★☆☆



Connue pour avoir produit des cycles autour des mythes de Frankenstein, de Dracula ou de la Momie, la société de production cinématographique britannique Hammer Film Productions s'est également penchée sur d'autres mythes du bestiaire fantastique dont les Gorgones, surtout connues pour avoir été évoquées à travers l'une des trois sœurs, Médusa, dans le péplum fantastique Le Choc des Titans de Desmond Davis en 1981. Indirectement suggérée dans l'effrayant The Medusa Touch de Jack Gold trois ans plus tôt, c'est sa sœur Mégère qui est surtout l'une des vedettes de l'excellent long-métrage du réalisateur britannique Terence Fisher, The Gorgon. Une œuvre produite par la Hammer Film Productions donc et qui fait référence à une légende remontant à deux millénaires (les premières traces des Gorgones remontent apparemment au septième siècle avant Jésus Christ) selon laquelle, la gorgone Mégère citée à l'origine par le poète romain Virgile (15 octobre 70 av. J.-C - 21 septembre 19 av. J.-C) est si horrible que quiconque la regarde en face est immédiatement pétrifié...

Mais alors que l'on croyait que le phénomène était immédiat, on réalise avec The Gorgon que le supplice peut durer des heures, voire une nuit toute entière avant que le corps ne se transforme totalement en ''statue de pierre''. Au centre de l'intrigue, le docteur Namaroff (l'acteur britannique Peter Cushing), son assistante Carla Hoffman (Barbara Shelley), ainsi que les professeurs Paul Heitz (Richard Pasco) et Karl Meister (Christopher Lee). L'histoire se déroule au début du vingtième siècle dans le village imaginaire de Vandorf où depuis cinq ans, des meurtres sont commis sans que les autorités ne soient parvenues à mettre la main sur le coupable. Alors, lorsque la fiancée de l'artiste-peintre Bruno Heitz est retrouvée morte pétrifiée et que lui-même est découvert pendu dans la lande, l'inspecteur Kanof profite de l'occasion pour accuser le jeune homme d'être le meurtrier qu'il recherche depuis toutes ces années. Mais lorsque le propre père de Bruno Heitz est découvert à son tour pétrifié, son second fils Paul et son collaborateur Karl Meister décident de se rendre à Vandorf afin d'enquêter sur la mort du professeur ainsi que sur la légende selon laquelle la gorgone Mégère vivrait dans la région et se manifesterait lors des nuits de pleine Lune. Malheureusement pour eux, ils vont devoir affronter le docteur Namaroff qui lui, semble s'intéresser de très près au cas de sa propre assistante Carla ainsi qu'à la légende de Mégère...

Il s'agit d'un détail, mais l'évocation de Mégère est à la source d'une erreur. En effet, dans la légende antique, celle-ci n'est pas une Gorgone mais l'une des Érinyes qui dans la mythologie grecque sont des divinités persécutrices. Un détail qui n'a fort heureusement pas de conséquences dramatiques sur le déroulement d'un récit novateur puisque cette créature ainsi que celles auxquelles elle est apparentée ne sont évoquées que de manière rarissime au cinéma. Terence Fisher pose sa caméra dans une lande anglaise et des décors qui ne dépareillent jamais vraiment avec les habitudes esthétiques de la célèbre société de production britannique. Entre brume, vent, ruines majestueuses et laboratoires, The Gorgon offre un contexte visuel de toute beauté. Assez classique, le récit emporte le spectateur dans une histoire qui ne dédaigne pas une certaine forme de romantisme puisque l'un des héros tombera sous le charme de la très belle Barbara Shelley qui prête donc ses traits à l'assistante d'un docteur Namaroff particulièrement antipathique. Bien que le film accuse aujourd'hui les cinquante-six ans d'existence, il n'en demeure pas moins angoissant lors de certaines séquences nocturnes, le mythe de la Gorgone demeurant tout de même l'un des plus effrayants du bestiaire fantastique. Cela étant sans doute dû au fait que personne ne soit en mesure de témoigner ni de sa présence, ni de son apparence, chaque témoin étant invariablement transformé en pierre. Si The Gorgon n'atteint jamais le titre de chef-d’œuvre en raison d'un scénario relativement faible et attendu, on est là tout de même face à un grand film fantastique. Un bijou visuellement attrayant et à l'ambiance gothique souvent très bien retranscrite. La présence de Christopher Lee et de Peter Cushing ainsi que la sensualité de Barbara Shelley n'étant bien évidemment pas des données négligeables...

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