Connue pour avoir produit
des cycles autour des mythes de Frankenstein, de Dracula ou de la
Momie, la société de production cinématographique britannique
Hammer Film Productions s'est
également penchée sur d'autres mythes du bestiaire fantastique dont
les Gorgones, surtout connues pour avoir été évoquées à travers
l'une des trois sœurs, Médusa, dans le péplum fantastique Le
Choc des Titans
de Desmond Davis en 1981. Indirectement suggérée dans l'effrayant
The Medusa Touch de
Jack Gold trois ans plus tôt, c'est sa sœur Mégère qui est
surtout l'une des vedettes de l'excellent long-métrage du
réalisateur britannique Terence Fisher, The
Gorgon.
Une œuvre produite par la Hammer Film Productions donc et qui fait
référence à une légende remontant à deux millénaires (les
premières traces des Gorgones remontent apparemment au septième
siècle avant Jésus Christ) selon laquelle, la gorgone Mégère
citée à l'origine par le poète romain Virgile (15 octobre 70 av.
J.-C - 21 septembre 19 av. J.-C) est si horrible que quiconque la
regarde en face est immédiatement pétrifié...
Mais
alors que l'on croyait que le phénomène était immédiat, on
réalise avec The Gorgon
que le supplice peut durer des heures, voire une nuit toute entière
avant que le corps ne se transforme totalement en ''statue de
pierre''. Au centre de l'intrigue, le docteur Namaroff (l'acteur
britannique Peter Cushing), son assistante Carla Hoffman (Barbara
Shelley), ainsi que les professeurs Paul Heitz (Richard Pasco) et
Karl Meister (Christopher Lee). L'histoire se déroule au début du
vingtième siècle dans le village imaginaire de Vandorf où depuis
cinq ans, des meurtres sont commis sans que les autorités ne soient
parvenues à mettre la main sur le coupable. Alors, lorsque la
fiancée de l'artiste-peintre Bruno Heitz est retrouvée morte
pétrifiée et que lui-même est découvert pendu dans la lande,
l'inspecteur Kanof profite de l'occasion pour accuser le jeune homme
d'être le meurtrier qu'il recherche depuis toutes ces années. Mais
lorsque le propre père de Bruno Heitz est découvert à son tour
pétrifié, son second fils Paul et son collaborateur Karl Meister
décident de se rendre à Vandorf afin d'enquêter sur la mort du
professeur ainsi que sur la légende selon laquelle la gorgone Mégère
vivrait dans la région et se manifesterait lors des nuits de pleine
Lune. Malheureusement pour eux, ils vont devoir affronter le docteur
Namaroff qui lui, semble s'intéresser de très près au cas de sa
propre assistante Carla ainsi qu'à la légende de Mégère...
Il
s'agit d'un détail, mais l'évocation de Mégère est à la source
d'une erreur. En effet, dans la légende antique, celle-ci n'est pas
une Gorgone mais l'une des Érinyes qui dans la mythologie grecque
sont des divinités persécutrices. Un détail qui n'a fort
heureusement pas de conséquences dramatiques sur le déroulement
d'un récit novateur puisque cette créature ainsi que celles
auxquelles elle est apparentée ne sont évoquées que de manière
rarissime au cinéma. Terence Fisher pose sa caméra dans une lande
anglaise et des décors qui ne dépareillent jamais vraiment avec les
habitudes esthétiques de la célèbre société de production
britannique. Entre brume, vent, ruines majestueuses et laboratoires,
The Gorgon
offre un contexte visuel de toute beauté. Assez classique, le récit
emporte le spectateur dans une histoire qui ne dédaigne pas une
certaine forme de romantisme puisque l'un des héros tombera sous le
charme de la très belle Barbara Shelley qui prête donc ses traits
à l'assistante d'un docteur Namaroff particulièrement antipathique.
Bien que le film accuse aujourd'hui les cinquante-six ans
d'existence, il n'en demeure pas moins angoissant lors de certaines
séquences nocturnes, le mythe de la Gorgone demeurant tout de même
l'un des plus effrayants du bestiaire fantastique. Cela étant sans
doute dû au fait que personne ne soit en mesure de témoigner ni de
sa présence, ni de son apparence, chaque témoin étant
invariablement transformé en pierre. Si The
Gorgon
n'atteint jamais le titre de chef-d’œuvre en raison d'un scénario
relativement faible et attendu, on est là tout de même face à un
grand film fantastique. Un bijou visuellement attrayant et à
l'ambiance gothique souvent très bien retranscrite. La présence de
Christopher Lee et de Peter Cushing ainsi que la sensualité de
Barbara Shelley n'étant bien évidemment pas des données
négligeables...
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