À droite, Pierre
Richard, Gérard Depardieu, Jean Carmet, Maurice Barrier, Jean
Benguigui et Anaïs Bret. À gauche, Martin Short, Nick Nolte,
Kenneth McMilla, James Earl Jones, Bruce McGill, et Sarah Rowland
Doroff. Au centre, Francis Veber, le réalisateur et scénariste de
La Chèvre,
Le Jaguar,
Le Dîner de Cons
ou La Doublure.
D'un côté, Les Fugitifs,
comédie culte réunissant deux des plus populaires interprètes
français. De l'autre, parmi les plus couramment vus sur les écrans
américains à l'époque. On ne présentera pas Nick Nolte et sa
filmographie longue comme un bras mais plutôt Martin Short, dont le
nom n'évoquera peut-être pas grand chose pour certains mais qui fut
notamment en 1987, l'un des deux principaux interprètes de
l'excellente comédie fantastique L'Aventure
Intérieure
de Joe Dante. En adaptant son propre film trois ans après sa sortie
en 1986 sur les écrans français, Francis Veber ne prenait pas trop
de risques de l'autre côté de l'Atlantique. Scénario clé en main,
il lui aura simplement fallut adapter à la sauce américaine le
principe des Fugitifs.
Si le concept du remake américain adapté d'une comédie française
est souvent l’objet de quolibets plutôt objectifs de la part des
vrais amateurs de comédies françaises (il n'y a qu'à voir le
traitement qu'a infligé au Dîner de Cons
le réalisateur américain Jay Roach avec son adaptation intitulée
The Dinner
pour s'en convaincre), il est en revanche moins risqué de proposer
un produit formaté pour le public américain.
Mais
si ce dernier repose en général beaucoup moins sur les dialogues
que sur le comique de situation et la gestuelle de ses interprètes,
confier le remake des Fugitifs
à Francis Veber était peut-être une manière d'offrir à la
comédie américaine autre chose qu'une succession de séquences
uniquement axées sur les pitreries de ses interprètes. Connaissant
les qualités de l'auteur français, on pouvait s'attendre à
retrouver la subtilité de son travail effectué sur notre
territoire. Mais si d'une manière générale, la plupart des
dialogues et des situations de The Fugitives
demeurent
fidèles à ce qu'il écrivit trois ans auparavant, les fans de
l’œuvre originale noteront une baisse très sensible au niveau des
dialogues qui s'avèrent dans le cas présent, légèrement moins
fins que dans Les Fugitifs.
Ça n'est pas manquer d'objectivité ni faire preuve de chauvinisme
pour le cinéma français que d'affirmer que le remake est nettement
moins bon que l’œuvre originale. Si dans la plupart des
situations, on retrouve bien l'esprit des Fugitifs,
Nick Nolte, Martin Short et le reste du casting ont bien du mal à
faire oublier Pierre Richard, Gérard Depardieu et les autres
interprètes français.
Martin
Short n'en est cependant pas moins amusant, jouant dans un registre
légèrement plus hystérique que le jeu de Pierre Richard. En
résulte forcément un personnage moins touchant lorsqu'il évoque sa
gamine. D'ailleurs, à ce propos, si la toute jeune Sarah Rowland
Doroff est attachante, Anaïs Bret était quant à elle carrément
craquante. Si Nick Nolte fait parfois illusion, surtout de dos à
vrai dire, certaines scènes le montrent étrangement peu naturel
dans son comportement. Qu'il dodeline de la tête dans la banque ou
qu'il feigne l'évanouissement, une balle plantée dans la jambe, le
jeu de cet acteur pourtant parfois stupéfiant dans d'autres
circonstances est assez désolant. Concernant le reste du casting, le
public français aura sans doute beaucoup de mal à préférer le jeu
de Kenneth McMilla à celui, excellentissime, de notre Jean Carmet
national. Tout comme James Earl Jones qui n'efface jamais le souvenir
du génial Maurice Barrier récemment disparu. La vision américaine
de ces fugitifs ne manque d'ailleurs pas seulement de finesse qu'en
terme de dialogue, mais également d'interprétation. Tout comme pas
mal de situations, Les Trois Fugitifs
est un peu plus bourrins (la police sortant la cavalerie et les
sirènes lors du braquage, les bras droits de Charlie n'ayant
clairement pas inventé la poudre ni le fil à couper le beurre,
etc...). Mais curieusement, et contrairement à beaucoup d'autres
remakes de comédies américaines, celui-ci demeure comme faisant
partie des quelques tentatives plutôt sympathiques. Très nettement
en deçà de l'original mais ne boudons pas notre plaisir de
retrouver nos héros à la sauve américaine...
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