Il y a des films que l'on
devrait s'interdire de regarder passé un certain âge. Pas ceux que
l'on découvrait des décennies plus tôt et qu'une certaine
nostalgie nous pousse à redécouvrir bien des années plus tard mais
ceux dont on a entendu parler mais sans jamais avoir pu mettre la
main dessus. Suite du cultissime mais néanmoins totalement foireux
Anthropophagous,
Rosso Sangue
est de ces films qui cultivent leur légende grâce à un petit
cercle d'amateurs de séries B, voire Z. Derrière le pseudonyme de
Peter Newton ne se cache non pas un obscure cinéaste anglo-saxon
mais Joe d'Amato, un cinéaste italien connu pour avoir tourné
d'innombrables films érotico-pornographiques et quelques bandes
horrifiques crapoteuses dont le le célèbre, et sans doute son
meilleur, Buio
Omega
en 1979.
Deux
ans plus tard Joe d'Amato signait donc le retour de son célèbre
cannibale originaire d'une île grecque. Un colosse incarné par
l'acteur italien George Eastman (de son vrai nom Luigi Montefiori)
dont la particularité était de dévorer ses propres entrailles à
la fin de Anthropophagous,
l'une des rares scènes à être véritablement réussie
(l'avortement « forcé »
de l'une de ses victimes possédant une outrageuse réputation bien
que totalement ratée).
Exit
l'île grecque. Désormais, après avoir fuit un laboratoire dans
lequel un prêtre (!!!) menait des expériences sur lui, notre
psychopathe de près de deux mètres débarque dans une petite
localité des États-Unis avec cet éternel besoin de trucider son
prochain. Gravement blessé alors qu'il tentait d'escalader la grille
d'une propriété, il est transféré à l'hôpital où il est opéré
d'urgence, ses intestins débordant de son ventre (ce qui devient une
habitude chez lui). Le chirurgien responsable de l'opération
s'étonne de voir à quel point son patient se remet de ses
blessures. Mais bientôt, alors qu'il se réveille de son anesthésie,
le cannibale s'en prend au personnel de l’hôpital et réussit à
s'échapper. Poursuivit par le prêtre, le colosse est bien décidé
à retourner dans la demeure qu'il avait tenté d'investir en début
de film...
C'est
là que Rosso Sangue
prend une tournure différente. Après un meurtre sordide (l'un des
personnages féminins a le visage littéralement plongé à
l'intérieur d'un four, gaz allumé), le tueur s'en prend à une
gamine atteinte d'une grave maladie et qui à ce titre, s'en sort
plutôt bien. Une dernière partie en forme de huis-clos opposant la
gamine à notre psychopathe (dont l'appétit pour la chair humaine
semble avoir disparu), devenu aveugle après que la jeune fille lui
ait planté un compas dans les yeux... Sans aucun doute la séquence
la plus intéressante de Rosso Sangue
puisque tout ce qui lui précède est d'un ennui généralement
abyssal. Si ce n'étaient les quelques meurtres plutôt sanglants et
imaginés par un Joe d'Amato particulièrement pervers, cette
vrai/fausse suite de Anthropophagous
serait carrément bonne à jeter aux ordures. A dire vrai, il n'y a
pas grand chose de positif à en tirer car même les scènes
d'horreur ne permettent aux spectateurs que d'assister à une
profusion de sang sans qu'aucun contact direct avec la chair
ne soit véritablement visible à l'écran (en dehors d'une scène
durant laquelle le visage d'une infirmière est transpercé de part
en part à l'aide d'une perceuse chirurgicale...). Pas franchement
terrible mais toujours mieux que l'infâme Anthropophagous.
A réserver aux amateurs de séries Z tout de même...
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