Le très prolifique
Jean-Pierre Mocky a sans doute atteint l'un de ses records personnels
en réalisant pas moins de six longs-métrages en 2013. Dont Le
Mystère des Jonquilles,
adaptation du roman The
Daffodil Mystery que
l'écrivain et journaliste britannique Edgar Wallace écrivit en 1920
et qui vit le jour chez nous pour la première fois en 1931 sous le
même titre que sa très lointaine adaptation cinématographique.
Mais Jean-Pierre Mocky n'étant pas Guy Hamilton, Sidney Lumet ou
John Guillermin, inutile d'espérer y voir le renouveau du genre
policier, celui mâtiné à l'origine, et au hasard, par des auteurs
de la trempe d'Agatha Christie. Le Mystère des
Jonquilles,
lui, fait partie des œuvres les moins convaincantes de l'auteur de
quelques œuvres pourtant aussi réjouissantes qu'étonnantes
réalisées par le passé (Le Miraculé,
Litan, la Cité des Spectres Verts,
La Grande Lessive,
Un Drôle
de Paroissien,
etc...).
Pourtant,
la faute n'incombera pas à un casting aussi hétéroclite que
bancal, un aspect qui se veut rédhibitoire mais participe pourtant
à la légende d'un cinéaste qui décidément ne fait rien comme les
autres.
Jugez
sur place : Richard Bohringer dans le rôle de Merlin, Denis
Lavant dans celui de Sam, Isabelle Nanty interprétant Willard, et
Alain Bouzigues, ancien transfuge de la sympathique équipe de la
série télévisée Caméra
Café,
dans le rôle de Lannes. Troisième rôle chez Mocky pour ce dernier
qui à ce jour a tourné cinq longs-métrages auprès du cinéaste.
Parmi les héros de cette drôle de farce, bien entendu, Jean-Pierre Mocky lui-même. S'offrant le
rôle principal du détective Tarling. Celui-là même auquel est
d'abord confiée la charge d'enquêter sur une sombre histoire de vol
d'argent dans un grand magasin, propriété de Lannes, justement. Se
refusant à chercher des poux dans les cheveux de la charmante Odette
Ridier (l'actrice Laura Mélinand qui semble n'avoir joué à ce jour
que dans deux longs-métrages, le second étant X-Rated
d'Arnaud Toussaint),
congédiée par son patron pour s'être refusée à lui devant ses
avances. Ce dernier, retrouvé mort dans d'étranges circonstances,
le détective Tarling se voit désormais contraint par son supérieur
d'enquêter non plus sur une simple histoire de vol, mais de meurtre.
En ligne de mire : Odette Ridier, qui pour avoir été licenciée
se trouve dans la posture idéale de la coupable. Tarling va alors
tout faire pour la disculper et faire tomber le véritable assassin
de Lannes.
Vu
sous cet angle descriptif et résumé de manière succinct, Le
Mystère des Jonquilles
a encore des chances d'attirer les amateurs d'Hercule Poirot, de Miss
Marple et consorts. Mais à vrai dire, le film de Jean-Pierre Mocky
se révèle particulièrement navrant. Mais attention. N'allez pas le
répéter trop fort car les fans de ce cinéaste engagé dans un
cinéma hyper-productif et financièrement miséreux, risqueraient de
vous en vouloir. Sans être particulièrement fasciné par la
filmographie du personnage, j'avoue y être cependant attaché. C'est
peut-être la raison pour laquelle j'insiste toujours, et ce, de
manière régulière, pour lui offrir une place au chaud sur
Cinémart.
L'artisan Jean-Pierre Mocky a beau nourrir ses films d'un
incalculable lot de défauts, son style unique mérite que l'on s'y
arrête, ne serait-ce que pour un court instant. Ici, on retrouve la
fâcheuse habitude qu'à le cinéaste de se contenter des premières
prises. Du moins, c'est ce que semblent révéler la majeure partie
des scènes qui auraient mérité d'être répétées plusieurs fois.
La maîtrise des textes n'étant pas immédiatement acquise, même
par les plus grands, il n'est pas rare de constater des erreur
d'interprétation qui nuisent naturellement au récit. Les
interprètes ont donc bien du mal à rendre crédible leur
interprétation, la palme revenant sans doute à Jean-Pierre Mocky
lui-même. C'est d'autant plus triste que parmi les interprètes de
renom, se cache la toute jeune Laura Mélinand, qui même si elle
aborde parfois son personnage sous l'angle de la théâtralisation,
se révèle bien meilleure que ses pairs. Visuellement, on se
retrouve face à du Mocky pur jus. C'est laid, « télévisuel »
et n'a aucun style si ce n'est celui, je le répète, de son auteur.
Quant au génial compositeur Vladimir Cosma, il signe une partition
musicale sans intérêt. Le
Mystère des Jonquilles
ne rend donc pas honneur à Edgar Wallace, ni à ses interprètes
dont on se demande encore ce qu'ils sont venus chercher dans cette
galère... Triste !
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