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jeudi 14 février 2019

Le Mystère des Jonquilles de Jean-Pierre Mocky (2013) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Le très prolifique Jean-Pierre Mocky a sans doute atteint l'un de ses records personnels en réalisant pas moins de six longs-métrages en 2013. Dont Le Mystère des Jonquilles, adaptation du roman The Daffodil Mystery que l'écrivain et journaliste britannique Edgar Wallace écrivit en 1920 et qui vit le jour chez nous pour la première fois en 1931 sous le même titre que sa très lointaine adaptation cinématographique. Mais Jean-Pierre Mocky n'étant pas Guy Hamilton, Sidney Lumet ou John Guillermin, inutile d'espérer y voir le renouveau du genre policier, celui mâtiné à l'origine, et au hasard, par des auteurs de la trempe d'Agatha Christie. Le Mystère des Jonquilles, lui, fait partie des œuvres les moins convaincantes de l'auteur de quelques œuvres pourtant aussi réjouissantes qu'étonnantes réalisées par le passé (Le Miraculé, Litan, la Cité des Spectres Verts, La Grande Lessive, Un Drôle de Paroissien, etc...).
Pourtant, la faute n'incombera pas à un casting aussi hétéroclite que bancal, un aspect qui se veut rédhibitoire mais participe pourtant à la légende d'un cinéaste qui décidément ne fait rien comme les autres.

Jugez sur place : Richard Bohringer dans le rôle de Merlin, Denis Lavant dans celui de Sam, Isabelle Nanty interprétant Willard, et Alain Bouzigues, ancien transfuge de la sympathique équipe de la série télévisée Caméra Café, dans le rôle de Lannes. Troisième rôle chez Mocky pour ce dernier qui à ce jour a tourné cinq longs-métrages auprès du cinéaste. Parmi les héros de cette drôle de farce, bien entendu, Jean-Pierre Mocky lui-même. S'offrant le rôle principal du détective Tarling. Celui-là même auquel est d'abord confiée la charge d'enquêter sur une sombre histoire de vol d'argent dans un grand magasin, propriété de Lannes, justement. Se refusant à chercher des poux dans les cheveux de la charmante Odette Ridier (l'actrice Laura Mélinand qui semble n'avoir joué à ce jour que dans deux longs-métrages, le second étant X-Rated d'Arnaud Toussaint), congédiée par son patron pour s'être refusée à lui devant ses avances. Ce dernier, retrouvé mort dans d'étranges circonstances, le détective Tarling se voit désormais contraint par son supérieur d'enquêter non plus sur une simple histoire de vol, mais de meurtre. En ligne de mire : Odette Ridier, qui pour avoir été licenciée se trouve dans la posture idéale de la coupable. Tarling va alors tout faire pour la disculper et faire tomber le véritable assassin de Lannes.

Vu sous cet angle descriptif et résumé de manière succinct,  Le Mystère des Jonquilles a encore des chances d'attirer les amateurs d'Hercule Poirot, de Miss Marple et consorts. Mais à vrai dire, le film de Jean-Pierre Mocky se révèle particulièrement navrant. Mais attention. N'allez pas le répéter trop fort car les fans de ce cinéaste engagé dans un cinéma hyper-productif et financièrement miséreux, risqueraient de vous en vouloir. Sans être particulièrement fasciné par la filmographie du personnage, j'avoue y être cependant attaché. C'est peut-être la raison pour laquelle j'insiste toujours, et ce, de manière régulière, pour lui offrir une place au chaud sur Cinémart. L'artisan Jean-Pierre Mocky a beau nourrir ses films d'un incalculable lot de défauts, son style unique mérite que l'on s'y arrête, ne serait-ce que pour un court instant. Ici, on retrouve la fâcheuse habitude qu'à le cinéaste de se contenter des premières prises. Du moins, c'est ce que semblent révéler la majeure partie des scènes qui auraient mérité d'être répétées plusieurs fois. La maîtrise des textes n'étant pas immédiatement acquise, même par les plus grands, il n'est pas rare de constater des erreur d'interprétation qui nuisent naturellement au récit. Les interprètes ont donc bien du mal à rendre crédible leur interprétation, la palme revenant sans doute à Jean-Pierre Mocky lui-même. C'est d'autant plus triste que parmi les interprètes de renom, se cache la toute jeune Laura Mélinand, qui même si elle aborde parfois son personnage sous l'angle de la théâtralisation, se révèle bien meilleure que ses pairs. Visuellement, on se retrouve face à du Mocky pur jus. C'est laid, « télévisuel » et n'a aucun style si ce n'est celui, je le répète, de son auteur. Quant au génial compositeur Vladimir Cosma, il signe une partition musicale sans intérêt. Le Mystère des Jonquilles ne rend donc pas honneur à Edgar Wallace, ni à ses interprètes dont on se demande encore ce qu'ils sont venus chercher dans cette galère... Triste !

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