On peut dire qu'en un peu
plus de trois décennies cinéphiliques et cinéphagiques, j'en ai
bouffé du film de zombies. En commençant par l'un des meilleurs
(Dawn of the Dead
de George Romero) alors que les premiers boutons d'acné n'avait pas
encore percé mon épiderme juvénile, jusqu'à atteindre le degré
zéro du genre (Raiders of the Living Dead
de Samuel M. Sherman). De ses origines vaudous (avec White
Zombie de
Victor Halperin), jusqu'à l'un de ses tout derniers représentants
(The Ravenous de
Robin Aubert), en passant par les premières morsures
antropophagiques de l'indétrônable The Night of
the Living Dead
signé, lui aussi, George Romero. Et ne parlons même pas de sa plus
célèbre variante que l'on retrouve sous l'étiquette de « films
d'infectés ». Comme dans tout bon genre qui se respecte, il y
a à boire et à manger. Des chefs-d’œuvre comme des nanars. De
l'ultra classicisme et des bandes parfois très étranges. Comme
le dérangeant Dead of Night
de Bob Clark signé en 1974 ou bien le Last Rites
of the Dead
dont l'autre titre, Zombie Anonymous,
est
suffisamment laid pour que l'on n'ait pas eu envie de passer la porte
des salles de cinéma pour y jeter un œil (ouais, bon, heu, en fait
il est directement sorti en vidéo!!!), et qui fut réalisé
il y a treize ans par le cinéaste Marc Fratto.
C'est
donc bien de cette curiosité que j'ai décidé de parler
aujourd'hui. Une chose est certaine. Après l'avoir vu, vous ne
verrez sans doute plus les morts-vivants de la même manière. Non
pas que ce petit film dont le budget n'a pas l'air de s'élever au
delà de quelques milliers de dollars soit une franche réussite,
mais il se démarque suffisamment de la grande majorité de ses
concurrents pour qu'on se donne la peine de s'y intéresser un temps
soit peu. Est-ce l'aspect rudimentaire des décors et des moyens mis
en place ? Mais il est vrai qu'il se dégage de Last
Rites of the Dead
un curieux sentiment de malaise propre aux films de ce type qui
jouent autant la carte du réalisme social que celle de la fable
horrifique.
Il
faut s'accoutumer à l'ambiance étrange qui baigne durant ce récit
qui nous conte l'histoire d'Angela, jolie jeune femme tuée par son
compagnon dont elle avait décidé de se séparer. Pour autant, et
malgré la balle que son compagnon lui a logé dans le crâne, Angela
est toujours en vie. Car dans le monde de Last
Rites of the Dead,
un virus a l'étrange faculté de ressusciter les morts. Angela n'y
échappe pas et quelques secondes après être passée de vie à
trépas, la voilà qui rouvre les yeux sous l'apparence d'un zombie
d'une nouvelle génération. Non pas un être décharné marchant tel
un pantin désarticulé ou un infecté sprintant comme si elle était
poursuivie par une meute de chiens enragés, mais ayant gardé toutes
ses facultés intellectuelles, l'une des seules différences d'avec
ses semblables vivants demeurant son apparence. Angela est pâle
comme la mort, a conservé les stigmates de son agression, mais est
devenue résistante au point que seule une balle en pleine tête
pourrait définitivement mettre un terme à sa nouvelle malédiction.
On
comprends alors le choix du titre alternatif Zombie
Anonymous
puisque le cinéaste imagine son œuvre comme une allégorie. Le
zombie remplaçant ici l'étranger dont l'habitant de souche refuse
la présence sur son territoire. S'ensuivent quelques séquences assez
incofortables: passages à tabac de zombies par des bandes
organisées dont le seul but et d’annihiler ces créatures qui ne
semblent pas encore « goûter »
la chair humaine. Du moins, jusqu'à ce qu'Angela tombe sur un
groupe de zombies rebelles ayant décidé de ne plus subir les
attaques de leurs congénères bien vivants. Séances de groupes
façon « alcooliques
anonymes » pour morts-vivants déliquescents, expéditions
punitives, et massacre entre zombies, Marc Fratto ne ménage pas ses
efforts malgré un budget à l'évidence, plutôt maigre. Bien que
l'amateurisme domine cette petite production, l'action y est en
général soutenue et les effets gore plutôt nombreux. On est encore
loin des surprenants maquillages de Tom Savini mais Last
Rites of the Dead
a le mérite de proposer une œuvre originale. Une curiosité...
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