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vendredi 15 février 2019

Auschwitz d'Uwe Boll (2011) - ★★★★★★☆☆☆☆



Nombre de cinéastes se sont attaqués au délicat sujet des camps de concentration et des déportations. A l'étranger, et sous la forme d'une comédie (La Vie est Belle de Roberto Benini), de la nazisploitation (Ilsa, la Louve des SS, de Don Edmonds), ou du drame à travers quelques œuvres d'une puissance émotionnelle encore intacte (La Liste de Schindler de Steven Spielberg ou Le Pianiste de Roman Polanski). Et puis en France également. Sous la forme de fictions (La Rafle de Rose Bosch), ou plus fort encore, sous celle du documentaire avec Nuit et Brouillard d'Alain Resnais et le titanesque (du moins par sa durée) Shoa de Claude Lanzmann...
S'il en est un que l'on ne s'attendait pas forcément voir s'attaquer à ce registre qui pour beaucoup demeure encore trop fragile pour être abordé avec légèreté, c'est le réalisateur, producteur et scénariste allemand Uwe Boll dont la qualité de ses adaptations de jeux vidéos au cinéma avait tendance à le cataloguer dans le registre éminemment rédhibitoire du cinéma Z, ce qui ne l'empêche pas de se comparer à David Lynch !

Hyper-productif depuis une dizaine d'années où ils enchaîne films sur films avec plus ou moins de bonheur, si l'on ne peut taxer certains de ses longs-métrages de chef-d’œuvre, il semble que Uwe Boll soit ponctuellement capable de réaliser des œuvres beaucoup plus matures. Comme le serait donc son Auschwitz dont le titre à lui seul laisse tout d'abord imaginer toute la sulfureuse impression qui s'en dégage, ainsi que sa force d'évocation. Car contrairement à la majorité des élèves que le cinéaste interroge en ouverture de ce tout petit film par la durée (à peine une heure et dix minutes) et qui ne semble pas connaître grand-chose de l'histoire personnelle de leur nation, on se souvient encore très bien de la résonance dramatique que porte en lui le nom d'Auschwitz, le plus grand camp de concentration, et surtout, d'extermination créé le 27 avril 1940 sur ordre du maître absolu de la SS (Schutzsttaffel, qui est une organisation du régime national-socialiste) Heinrich Himmler, afin de répondre au traumatisme des soldats allemands consécutif à l'exécution des juifs abattus jusque là par arme à feu, Himmler ayant lui-même ressenti un certain malaise devant l'exécution sommaire des prisonniers.

Tourné à Zagreb, la capitale croate, Auschwitz est une tentative de docu-fiction initiée par un cinéaste dont l'intention première est de marquer les esprits et provoquer ainsi un électrochoc parmi les spectateurs afin de leur rappeler combien la « vie » dans ce camp d'extermination était rude et très majoritairement synonyme de mort. Uwe Boll tente de repousser les limites du réalisme et purgeant son œuvre de tout aspect récréatif. Froid et clinique, Auschwitz se poursuit après l'interview de plusieurs élèves allemands, dans un train de déportation dans lequel sont entassés des centaines de juifs de tout âge. Des bébés, des enfants, des adultes et des vieillards, hommes et femmes, triés à la descente du train, puis emmenés jusqu'au camp de la mort où ils sont « conviés », après avoir été contraints de se déshabiller, à se rendre dans les « fameuses » douches qui plutôt que de leur offrir de quoi se laver, les abandonna à la Mort dans des conditions épouvantables.
Montrés comme des êtres insensibilisés par le sort de leurs prisonniers, les soldats allemands évoquent à leur tour le traitement qui leur est infligé de manière clinique, comme les employés d'un abattoir qui à force d'abattre des bêtes n'ont plus conscience des horreurs qu'ils commettent.

Attendu au tournant, Auschwitz se révèle beaucoup moins saignant qu'on aurait pu croire. Uwe Boll évoque le sujet avec sérieux, sans y ajouter une once de spectaculaire. Le cinéaste propose une catharsis dont l’efficience reste encore à démontrer puisque le résultat à l'écran demeure malheureusement, sinon puéril, du moins assez peu convaincant. On louera cependant la volonté d'Uwe Boll d'aborder un sujet délicat sous la forme qu'il à choisit d'entreprendre. Entre fiction et réalité, appuyée par d'abominables images d'archives et le témoignage d'élèves avant et après le film. Un film contre l'oubli à la suite duquel les quelques élèves interrogés en fin de projection laissent entrevoir l'espoir que certains continueront à nourrir le souvenir de cette période trouble qui emporta la vie de plus de six millions d'hommes, de femmes et d'enfants... Auschwitz demeure cependant à voir comme une curiosité...

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