Autre exemple de réussite
pour le cinéaste allemand Uwe Boll qui deux ans avant Auschwitz
en 2011 réalisait un Stoic
relativement convaincant. Un film de prison un peu particulier
puisque se déroulant presque exclusivement dans une cellule
regroupant quatre co-détenus. Mais ici, rien à voir avec Le
Trou
de Jacques Becker. Il n'y est en effet pas question d'un projet
d'évasion, mais d'un retour en arrière sur le suicide de l'un des
quatre prisonniers qui sous l'impulsion d'un pari que le perdant
n'aura pas honoré, sera victime d'actes de barbarie de la part de
ses trois compagnons de cellule. Stoic
use en partie du même schéma que le futur Auschwitz
sauf qu'ici, les entrevues menées font désormais partie d'un
contexte globalement fictionnel. Dès les premières images, on
assiste au suicide « non
assisté »
de Mitch Palmer à l'aide d'un drap noué autour des barreaux de
l'unique fenêtre de la cellule. Un choix éditorial déconcertant,
surtout que la suite ne laisse aucun doute sur la réalité des
événements qui auront conduit au décès d'un individu qui aura
pourtant été condamné à l'origine pour des faits relativement peu
importants.
Ses
compagnons : Jack Ulrich (incarné par Steffen Mennekes),
condamné à six ans d'enfermement pour incendie volontaire, Peter
Thompson (l'acteur Sam Levinson), condamné à trois ans pour
possession de drogue, et enfin, Harry Katish (excellent Edward
Furlong), condamné à trois ans pour vol à main armée. De menus
larcins en comparaison de ce qu'ils s'apprêtent à commettre devant
la caméra d'un Uwe Boll s'érigeant non pas en juge mais confrontant
ses criminels aux spectateurs qui pour le coup, vont en prendre plein
la figure...
Pour
ôter tout doute concernant le scénario, inutile de préciser qu'en
matière d'écriture, le script d'Uwe Boll se révèle assez limité.
Vu le contexte, cela pourra paraître normal. En réalité, le
cinéaste choisit d'aborder un thème dont les éléments
chronologiques tiennent sur une durée n'excédant pas les
vingt-quatre heure. Juste le temps qu'il faut pour décrire un drame
d'un sordide réalisme et d'une totale gratuité. Le pétage de plomb
en direct de trois individus qui pour faire payer au quatrième son
manque d'engagement et de courage vont lui faire passer un sale
quart-d'heure. Et même plusieurs heures de calvaire dont certaines
images restent insoutenables.
Le
personnage de Jack Ulrich apparaît tout d'abord comme la
personnalité forte de ce carré dont les esprits divergent les uns
des autres. Beaucoup moins charismatique que les trois autres, et
surtout, bien plus faible physiquement et psychologiquement, c'est
logiquement le personnage incarné par Shaun Sipos qui va servir de
bouc émissaire. De véritable défouloir à trois hommes afin
d'apaiser d'une manière particulièrement efficace et atroce les
tensions qui naissent dans une pièce de quelques mètres carré
seulement. Puis vient ensuite Peter Thompson, le personnage
ambivalent du quatuor. Celui qui suit les deux autres dans leurs
agissements par peur de représailles, mais qui au fond de lui
aimerait que tout cela s'arrête. Un individu à la personnalité
quelque peu complexe puisque c'est tout de même lui qui lancera les
hostilités en forçant son compagnon à avaler le contenu d'un tube
de dentifrice. Et enfin, entre en scène Harry katish. Sans doute le
plus dérangé et cynique du quatuor. Il a l'âme d'un véritable
psychopathe. Tout d'abord concentré à l'arrière-plan, il se montre
de plus en plus actif allant même jusqu'à commettre l'acte le plus
abominable envers un Mitch qui ne réagit même plus aux assauts dont
il est victime.
Outre
les actes de barbarie que le cinéaste assène à un public médusé,
révulsé, choqué, certaines séquences postérieures montrent les
trois coupables témoigner des faits avec tout ce que cela comporte
de faux aveux, de mensonges, de replis sur soit et de dénonciation.
On louera l'interprétation de chacun, avec une mention spéciale
pour un Edward Furlong parfois tétanisant.
Stoic
n'est peut-être pas un chef-d'oeuvre, mais il parvient sans mal à
atteindre son but. Marquer les esprits de part sa violence graphique
et psychologique. La véritable horreur, ça n'est donc pas celle
croisée sur un écran de cinéma, dans un quelconque slasher, mais
bien celle qu'inflige l'homme à ses semblables au quotidien. Bluffant !
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