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vendredi 15 février 2019

Stoic d'Uwe Boll (2009) - ★★★★★★★☆☆☆



Autre exemple de réussite pour le cinéaste allemand Uwe Boll qui deux ans avant Auschwitz en 2011 réalisait un Stoic relativement convaincant. Un film de prison un peu particulier puisque se déroulant presque exclusivement dans une cellule regroupant quatre co-détenus. Mais ici, rien à voir avec Le Trou de Jacques Becker. Il n'y est en effet pas question d'un projet d'évasion, mais d'un retour en arrière sur le suicide de l'un des quatre prisonniers qui sous l'impulsion d'un pari que le perdant n'aura pas honoré, sera victime d'actes de barbarie de la part de ses trois compagnons de cellule. Stoic use en partie du même schéma que le futur Auschwitz sauf qu'ici, les entrevues menées font désormais partie d'un contexte globalement fictionnel. Dès les premières images, on assiste au suicide « non assisté » de Mitch Palmer à l'aide d'un drap noué autour des barreaux de l'unique fenêtre de la cellule. Un choix éditorial déconcertant, surtout que la suite ne laisse aucun doute sur la réalité des événements qui auront conduit au décès d'un individu qui aura pourtant été condamné à l'origine pour des faits relativement peu importants.
Ses compagnons : Jack Ulrich (incarné par Steffen Mennekes), condamné à six ans d'enfermement pour incendie volontaire, Peter Thompson (l'acteur Sam Levinson), condamné à trois ans pour possession de drogue, et enfin, Harry Katish (excellent Edward Furlong), condamné à trois ans pour vol à main armée. De menus larcins en comparaison de ce qu'ils s'apprêtent à commettre devant la caméra d'un Uwe Boll s'érigeant non pas en juge mais confrontant ses criminels aux spectateurs qui pour le coup, vont en prendre plein la figure...

Pour ôter tout doute concernant le scénario, inutile de préciser qu'en matière d'écriture, le script d'Uwe Boll se révèle assez limité. Vu le contexte, cela pourra paraître normal. En réalité, le cinéaste choisit d'aborder un thème dont les éléments chronologiques tiennent sur une durée n'excédant pas les vingt-quatre heure. Juste le temps qu'il faut pour décrire un drame d'un sordide réalisme et d'une totale gratuité. Le pétage de plomb en direct de trois individus qui pour faire payer au quatrième son manque d'engagement et de courage vont lui faire passer un sale quart-d'heure. Et même plusieurs heures de calvaire dont certaines images restent insoutenables.

Le personnage de Jack Ulrich apparaît tout d'abord comme la personnalité forte de ce carré dont les esprits divergent les uns des autres. Beaucoup moins charismatique que les trois autres, et surtout, bien plus faible physiquement et psychologiquement, c'est logiquement le personnage incarné par Shaun Sipos qui va servir de bouc émissaire. De véritable défouloir à trois hommes afin d'apaiser d'une manière particulièrement efficace et atroce les tensions qui naissent dans une pièce de quelques mètres carré seulement. Puis vient ensuite Peter Thompson, le personnage ambivalent du quatuor. Celui qui suit les deux autres dans leurs agissements par peur de représailles, mais qui au fond de lui aimerait que tout cela s'arrête. Un individu à la personnalité quelque peu complexe puisque c'est tout de même lui qui lancera les hostilités en forçant son compagnon à avaler le contenu d'un tube de dentifrice. Et enfin, entre en scène Harry katish. Sans doute le plus dérangé et cynique du quatuor. Il a l'âme d'un véritable psychopathe. Tout d'abord concentré à l'arrière-plan, il se montre de plus en plus actif allant même jusqu'à commettre l'acte le plus abominable envers un Mitch qui ne réagit même plus aux assauts dont il est victime.

Outre les actes de barbarie que le cinéaste assène à un public médusé, révulsé, choqué, certaines séquences postérieures montrent les trois coupables témoigner des faits avec tout ce que cela comporte de faux aveux, de mensonges, de replis sur soit et de dénonciation. On louera l'interprétation de chacun, avec une mention spéciale pour un Edward Furlong parfois tétanisant. Stoic n'est peut-être pas un chef-d'oeuvre, mais il parvient sans mal à atteindre son but. Marquer les esprits de part sa violence graphique et psychologique. La véritable horreur, ça n'est donc pas celle croisée sur un écran de cinéma, dans un quelconque slasher, mais bien celle qu'inflige l'homme à ses semblables au quotidien. Bluffant !

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