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mardi 12 février 2019

Fascination de Jean Rollin (1979) - ★★★★★★★☆☆☆



Jean Rollin, de son vrai nom Jean Michel Rollin Roth Le Gentil, fut sans doute le cinéaste français le plus prolifique en matière de fantastique puisqu'il voua une grande partie de sa carrière de réalisateur au mythe du vampire. Avec ce dixième long-métrage, il aborde le thème du vampirisme sous un angle un peu différent. Ses vampes Eva (Brigitte Lahaie) et Élisabeth (Franca Maï) sont davantage les victimes d'un traitement, à l'époque, révolutionnaire et faisant office de meilleure solution contre l'anémie.
Nous sommes en 1905 et les deux jeunes femmes, comme d'autres après elles, se nourrissent de sang de bœuf récolté dans un abattoir afin de pallier à la carence en globules rouges dont elles sont les victimes. Malheureusement, ce qui demeurait jusque là une nécessité purement médicale s'est transformée en un besoin viscéral.
C'est ainsi que va se retrouver piégé dans l'immense château d'Eva et Élisabeth, le beau Marc (l'acteur Jean-Marie Lemaire), détenteur d'un butin volé, poursuivi par des complices qu'il a osé trahir après avoir commis leur larcin. Réfugié dans le château des deux jeunes et jolies femmes (une blonde, une brune), il prévoit de rester jusqu'à la nuit tombée. Mais malgré les avertissements d'Eva et d’Élisabeth, Marc va rester jusqu'au lendemain soir. Enfin débarrassé de ses anciens complices qui en veulent au butin contenant des dizaines de pièces d'or ainsi qu'à la vie de Marc, celui-ci n'en est pourtant pas sorti d'affaire. Car le soir-même, Eva et Élisabeth reçoivent cinq amies pour une cérémonie qui a lieu une fois par an...

Toujours aussi partagé par le public, le cinéaste Jean Rollin signait en 1979 son dixième long-métrage. Une fois encore, le français aborde le thème du vampirisme. Cette fois-ci, il n'a rien à voir avec la légende telle qu'elle est conçue par les historiens puisqu'on n'y trouve ni les objets de culte l'entourant (pas de miroirs sans reflets, pas de gousses d'ail, encore moins de cercueil et de crucifix repoussant les dits vampires), ni les fameuses dents permettant aux créatures de s'abreuver directement au coup de leurs victimes.
Si le rythme demeure toujours aussi lent et l'interprétation toujours aussi poussive, Fascination exerce malgré tout une certaine... attirance envers les amateurs du cinéaste. Même si l'ensemble transpire l'amateurisme, Brigitte lahaie et Franca Maï parviennent à retenir notre attention. L'ambiance généralement poétique de ce décor dantesque mais étonnamment nu du château nous pousse nous aussi à demeurer jusqu'à cette nuit fatidique où tout nous est délivré avec une économie de moyens parfois déconcertante (Eva, vidée de son sang, ne porte pas la moindre marque de morsure).

La présence de l'ancienne actrice pornographique Brigitte Lahaie (carrière marginale à laquelle elle mettra un terme trois ans plus tard) n'est pas tout à fait innocente puisqu'à plusieurs reprises l'on assiste à des actes de saphisme entre elle et Franca Maï qui elle, débutait sa carrière avec Fascination et s'est contentée par la suite de ne tourner que dans des œuvres dites de cinéma « classique ». Si la première avait débuté sa carrière d'actrice non pornographique avec Les Raisins de la Mort aux côtés, déjà, de Jean Rollin, la seconde a tourné dans ce qui demeure aujourd'hui officiellement le film-testament de son auteur, La Nuit des Horloges. Les anti-Rollin pourront continuer d'ignorer cette affirmation mais Fascination demeure bien l'un des meilleurs longs-métrages de leur auteur...

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