Jean Rollin, de son vrai
nom Jean
Michel Rollin Roth Le Gentil, fut sans doute le cinéaste français
le plus prolifique en matière de fantastique puisqu'il voua une
grande partie de sa carrière de réalisateur au mythe du vampire.
Avec ce dixième long-métrage, il aborde le thème du vampirisme
sous un angle un peu différent. Ses vampes Eva (Brigitte Lahaie) et
Élisabeth (Franca Maï) sont davantage les victimes d'un traitement,
à l'époque, révolutionnaire et faisant office de meilleure
solution contre l'anémie.
Nous
sommes en 1905 et les deux jeunes femmes, comme d'autres après
elles, se nourrissent de sang de bœuf récolté dans un abattoir
afin de pallier à la carence en globules rouges dont elles sont les
victimes. Malheureusement, ce qui demeurait jusque là une nécessité
purement médicale s'est transformée en un besoin viscéral.
C'est
ainsi que va se retrouver piégé dans l'immense château d'Eva et
Élisabeth, le beau Marc (l'acteur Jean-Marie Lemaire), détenteur
d'un butin volé, poursuivi par des complices qu'il a osé trahir
après avoir commis leur larcin. Réfugié dans le château des deux
jeunes et jolies femmes (une blonde, une brune), il prévoit de
rester jusqu'à la nuit tombée. Mais malgré les avertissements
d'Eva et d’Élisabeth, Marc va rester jusqu'au lendemain soir.
Enfin débarrassé de ses anciens complices qui en veulent au butin
contenant des dizaines de pièces d'or ainsi qu'à la vie de Marc,
celui-ci n'en est pourtant pas sorti d'affaire. Car le soir-même,
Eva et Élisabeth reçoivent cinq amies pour une cérémonie qui a
lieu une fois par an...
Toujours
aussi partagé par le public, le cinéaste Jean Rollin signait en
1979 son dixième long-métrage. Une fois encore, le français aborde
le thème du vampirisme. Cette fois-ci, il n'a rien à voir avec la
légende telle qu'elle est conçue par les historiens puisqu'on n'y
trouve ni les objets de culte l'entourant (pas de miroirs sans
reflets, pas de gousses d'ail, encore moins de cercueil et de
crucifix repoussant les dits vampires), ni les fameuses dents
permettant aux créatures de s'abreuver directement au coup de leurs
victimes.
Si
le rythme demeure toujours aussi lent et l'interprétation toujours
aussi poussive, Fascination
exerce malgré tout une certaine... attirance envers les amateurs du
cinéaste. Même si l'ensemble transpire l'amateurisme, Brigitte
lahaie et Franca Maï parviennent à retenir notre attention.
L'ambiance généralement poétique de ce décor dantesque mais
étonnamment nu du château nous pousse nous aussi à demeurer
jusqu'à cette nuit fatidique où tout nous est délivré avec une
économie de moyens parfois déconcertante (Eva, vidée de son sang,
ne porte pas la moindre marque de morsure).
La
présence de l'ancienne actrice pornographique Brigitte Lahaie
(carrière marginale à laquelle elle mettra un terme trois ans plus
tard) n'est pas tout à fait innocente puisqu'à plusieurs reprises
l'on assiste à des actes de saphisme entre elle et Franca Maï qui
elle, débutait sa carrière avec Fascination
et s'est contentée par la suite de ne tourner que dans des œuvres
dites de cinéma « classique ». Si la première avait
débuté sa carrière d'actrice non pornographique avec Les Raisins
de la Mort aux côtés, déjà, de Jean Rollin, la seconde a tourné
dans ce qui demeure aujourd'hui officiellement le film-testament de
son auteur, La Nuit des Horloges. Les anti-Rollin pourront continuer
d'ignorer cette affirmation mais Fascination
demeure bien l'un des meilleurs longs-métrages de leur auteur...
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