Gehenna: Where
Death Lives,
ou comment faire d'un sujet riche, un petit film d'horreur
passablement soporifique. Presque une heure et cinquante minutes,
c'est au moins vingt ou trente de trop. Les ambitions du cinéaste
japonais Hiroshi Katagiri ne semblent pas vraiment coller à ses
aptitudes. Et cela se remarque dès la séquence d'introduction se
déroulant en 1670 et lors de laquelle un homme est offert en
sacrifice lors d'un rituel païen. La scène se révèle
relativement peu convaincante et laisse malheureusement présager du
pire quant à la suite... Retour au présent avec Paulina, Tyler,
Alan, Dave et leur guide Pepe qui sur le chemin d'un magnifique site
où doit être bâtit un futur complexe hôtelier pour touristes
friqués, tombent sur un bunker datant de la seconde guerre mondiale.
Un
lieu faisant directement référence à la tragédie que connurent
l'île et ses habitants le 15 juin 1944 lorsque débarquèrent les
soldats du Corps des Marines des États-Unis d'Amérique. Effrayés
par l'arrivée en masse de militaires américains, un milliers
d'indigènes se jetèrent du haut d'une falaise dans l'océan et
périrent.
C'est
donc piégés dans un bunker dans lequel des cadavres momifiés
pullulent que les héros de cette histoire mêlant fantastique,
horreur et légendes ancestrales, vont tenter
d'éclaircir les mystères qui entourent ce lieu dont ils ne peuvent
malheureusement pas s'échapper. Apparaissant au début du film, on
ne reverra malheureusement plus l'acteur Lance Henriksen au delà de
sa courte apparition. Presque intégralement situé dans un bunker,
le film ne profitera finalement pas assez des fabuleux décors offert
par l'île de Saipan où fut tourné une partie de Gehenna:
Where Death Lives.
Assez bavard, l'oeuvre de Hiroshi Katagiri mêle de surcroît pas mal
d'idées vues ou entraperçues dans nombre de longs-métrages avant
lui. Entre légendes vaudous (les poupées), fantômes japonais (il y
a du Ring
et consorts dans les différentes apparitions) et visions
cauchemardesques dont les conséquences ont peu de chance d'avoir un
effet sur le spectateur gavé par ce genre de subterfuge, Gehenna:
Where Death Lives
apparaît surtout comme un plagiat exotique du Grave
Encounters que
réalisèrent cinq ans auparavant les cinéastes américains Colin
Minihan et Stuart Ortiz.
En
effet, nous retrouvons le même type d'intrigue, avec les mêmes
codes horrifiques, les différentes sources technologiques permettant
de donner vie à des créatures de l'au-delà. L'aspect le plus
probant allant dans ce sens reste bien évidemment le fait que les
personnages n'aient aucun moyen de quitter les lieux. Mais si
l'architecture n'est cette fois-ci plus vraiment sollicitée (dans
Grave Encounters,
celle-ci était drastiquement modifiée, éclatant ainsi tous les
repères des protagonistes), Hiroshi Katagiri préfère, lui, jouer
sur les différentes époques évoquées.
Et
c'est bien sur ce schéma ambitieux que Gehenna:
Where Death Lives
tire sa propre source d'intérêt. S'éloignant alors de ses diverses
sources d'inspiration, le cinéaste japonais convoque l'hypothèse
d'un retour en arrière de soixante-dix ans mais n'attendra que
l'issue finale du récit pour que s'éclairent divers éléments mis
en place durant le récit. Un sujet traité sur une longueur
malheureusement trop importante. Débarrassé du superflu, Gehenna:
Where Death Lives
aurait sans doute gagné en vélocité. Redondant, le film ennuie
assez rapidement. Les scènes d'horreur arrivent péniblement à
retenir l'attention (malgré des effets-spéciaux parfois plutôt réussis). Heureusement, les interprètes (Simon Philips,
Sean Sprawling, Eva Swan, Justin Gordon et Matthew Edward Hegstrom)
sont plutôt convaincants. Reste que le film se perd dans une
accumulation de visions fantômatiques qui n'ont malheureusement rien
d'original et qui, de surcroît, ne surpassent ou n'égalent jamais
les références. Le film de Hiroshi Katagiri n'est donc qu'une
petite production horrifique, non dénuée de charme à certains
égards, mais qui face à la concurrence demeure un peu trop
légère...
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