En une vingtaine d'années
de carrière, le cinéaste, scénariste et producteur américain
David M. Rosenthal a signé une grosse poignée de longs-métrages.
Et parmi eux, How it Ends,
dont tout le monde semble s'accorder afin de reprendre le titre et se
poser la question, « comment
cela se termine-t-il ? »
Une question légitime. Car il faut reconnaître au film une fin
douteuse. Qui n'apporte pas de véritable réponse sur le sort que le
cinéaste a décidé d'accorder à son héros et son épouse. Vague
fumisterie, ou mise en place d'une éventuelle séquelle en cas de
succès ? La question reste posée. En dehors de cette petite
mais incommodante décision de laisser en suspens le récit alors
même que le spectateur s’apprêtait sans doute à assister à
l'une de ces bad
end nihilistes
relativement réjouissantes (puisque se détachant de l'impétueux
flot de happy end
qui fleurissent dans le cinéma mondial), How it
Ends
est une sacrée bonne surprise. S'inscrivant davantage dans la
mouvance actuelle des longs-métrages post-apocalyptiques que des
films catastrophe. Ces derniers étant majoritairement précédés de
visuels saisissants, il faudra en revanche, et pour une fois,
patienter jusqu'à la dernière minute pour comprendre l'ampleur
réelle de cet événement qui touche les États-Unis dans de larges
proportions...
Si
le film de David M. Rosenthal a tant de gueule, c'est tout d'abord
parce que l'acteur Forest Whitaker y demeure l'un des principaux
interprètes. Incarnant l'une des valeurs fondamentales du pays,
l'ancien soldat Tom Sutherland qu'il y incarne reflète le visage du
héros tel qu'il est conçu par le peuple américain. Face à lui,
le personnage qu'incarne Theo James tient tout d'abord la chandelle à
un beau-père avec lequel il entretient des rapports compliqués.
Contraints de voyager à bord du véhicule de Tom Sutherland, le
beau-fils Will Younger et son beau-père vont devoir faire contre
mauvaise fortune bon cœur s'il veulent parcourir les milliers de
kilomètres qui les sépare de Seattle et surtout de Sam, la fiancée
du premier et la fille du second.
La
caricature est facile, et pourtant, des événements bien réels nous
ont déjà démontré que le retour à la barbarie en cas de
catastrophe de grande ampleur génère un comportement parfois
inhumain de la part de l'homme. C'est ainsi que sous la forme d'un
road movie de plusieurs milliers de kilomètres, nos deux héros vont
devoir braver nombre de dangers. Des épreuves qui prendront autant
de visages qu'il existe de tempéraments chez l'homme. Ne vous
laissez pas influencer par ceux qui affirment que le film de David
M. Rosenthal est creux, sans substance, alors même qu'il est tout le
contraire. Si un bon film doit obligatoirement ressembler au
San Andreas
de Brad Peyton, il faut donc en conclure que How
it Ends
est un navet. Beaucoup plus profond que la majorité des grosses
productions américaines misant le plus gros de leur budget sur les
effets-spéciaux, le film de David M. Rosenthal est l'occasion de
confronter deux individus qui jusqu'à présent ont manqué le coche.
Theo James et Forest Whitaker brillent par leur présence. How
it Ends
n'est pas que le bête film enrobé de scènes au demeurant fort
angoissantes, mais touche parfois au cœur lorsqu'il entreprend de
dépasser la simple sphère post-apocalyptique pour s'ouvrir aux
rapports entre deux hommes se déchirant chacun pour des raisons qui
leurs sont propres, la même jeune femme, ici incarnée par Kat
Graham.
La
musique du compositeur islandais Atli Örvarsson distille une sourde
angoisse qui ne cesse de grandir à mesure que les deux hommes
traversent un pays en proie aux flammes et à la violence. L’œuvre
de David M. Rosenthal traverse plusieurs états et dresse le portrait
d'une Amérique profonde parfois anxiogène. En étudiant le regard
et le comportement de certains personnages secondaires (et je pense
là notamment à ce flic en uniforme blanc croisé au passage d'un
barrage policier), le spectateur sera tenté d'y voir un danger
potentiel même si, fort heureusement, le cas n'est pas généralisé.
Filmant pour moitié de nuit, l'impact d'une traversée hors des
sentiers battus génère un surcroît d'angoisse auquel le spectateur
finit par répondre en s'arrachant les ongles. How
it Ends réussi
donc la mission consistant à provoquer le malaise en terre inconnue.
Les principaux acteurs sur lesquels repose la totalité de
l'interprétation sont remarquables, quant à la mise en scène, David
M. Rosenthal assure sans faire preuve de surenchère. Reste bien
entendu cette fin qui, espérons-le, n'a rien de mercantile et n'est
pas le signe d'une séquelle prévue en cas de succès. L'avenir nous
le dira...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire