D'un côté, Jérémie.
Homme insignifiant, cadre à la Sécurité Sociale, c'est parce
qu'étant enfant il a été marqué par un événement banal
qu'aujourd'hui il est devenu l'étrangleur que tout le monde redoute
en ville. Il ne s'attaque qu'aux femmes, les étrangle, puis dépose
sur leur poitrine une fausse mouche. De fait, Jérémie réalise un
fantasme auquel il n'avait pas osé laissé libre court lorsqu'il
suivait les cours de musique que lui prodiguait Solange, professeur
de piano à l’opulente poitrine sur laquelle, un jour, une mouche
se posa. En grandissant avec le souvenir du désir d'y poser la main
sans pourtant avoir osé le faire, Jérémie extériorise ainsi les
pulsions qui l’étreignant. Il a déjà tué à plusieurs reprises
lorsque l'une des victimes lui échappe et fait une description assez
précise de son agresseur. L'un des signes distinctifs de Jérémie
est l'écharpe rouge ornée d'un ibis rouge qu'il ne quitte jamais.
Un détail délivré dans
la presse et qui rappelle quelqu'un au représentant en vins Raymond
Villiers. Toujours accompagné de sa lourde valise remplie
d'échantillons de spiritueux, l'homme a contracté une dette auprès
d'un certain Ratin qui exige de lui qu'il lui rembourse la somme de
trois mille francs avant le prochain lundi. Acculé et ne pouvant
compter sur personne et surtout pas sa femme Evelyne, serveuse chez
Margos, laquelle aimerait divorcer. Lorsque Raymond se souvient de
l'homme qu'il a croisé un jour dans l'ascenseur il ne fait aucun
doute que celui-ci est l'homme qui terrorise la ville et que la
police recherche. Mais plutôt que dénoncer Jérémie, Raymond lui
rend visite et lui propose un deal : contre son silence, il
demande d'accepter de tuer sa femme Evelyne. Jérémie accepte tandis
que Raymond se fait volontairement arrêter par la police afin de
s'assurer d'un alibi en béton...
Outre les présences de Michel Serrault, un grand habitué du cinéma
de Mocky, et de Michel Galabru, le troisième Michel du casting,
c'est Michel Simon qui tournait ici son dernier long-métrage en tant
qu'acteur. C'est parce qu'il appréciait tout particulièrement le
film Snobs !,
également de
Mocky, que l'acteur accepta de jouer dans L'Ibis
Rouge.
Mais Jean-Pierre Mocky n'étant pas Claude Chabrol et L'Ibis
Rouge
n'ayant assurément pas les mêmes qualités que celles dont
bénéficie Les Fantômes du Chapelier,
le long-métrage présenté ici doit son intérêt à
l'interprétation généreuse de ses interprètes masculins et
féminins. Car auprès de ceux déjà cités au dessus, on retrouve
quelques figures cassées auxquelles on a souvent droit avec
Jean-Pierre Mocky, plus quelques interprètes célèbres mais pas
forcément d'un grand cru : Jean-Claude Rémoleux, Evelyne
Buyle, Dominique Zardi, Michel Francini et même Georges Lucas. Vous
noterez tout de même le S à la fin du prénom, ce qui signifie bien
sûr que l'acteur en question n'a rien à voir de près ou de loin
avec le célèbre cinéaste américain George (sans S) Lucas.
Pas
de doute possible, c'est bien du Mocky. Interprétation plus ou moins
inspirée. Scénario simpliste ne servant que matière première à
des acteurs voués à la cause de leur cinéaste. Une bande originale
signée Eric Demarsan un peu fade, pas très inspirée mais collant
parfaitement à l'intrigue. Michel Simon y est amusant en vendeur de
journaux criant à qui veut l'entendre que l'étrangleur, c'est lui.
Galabru fait du... Galabru, et quant à Michel Serrault, il campe un
étrangleur, sorte de brouillon de personnage, presque indéfinissable
mais dont il se servira peut-être dix-sept ans plus tard pour son
admirable interprétation de Léon Labbé, le tueur en série des
Fantômes du Chapelier...
Pas le meilleur de Mocky, mais certainement pas non plus (Ô que non)
le pire de ses films. Amusant, sans plus...
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