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dimanche 18 juin 2017

L'Ibis Rouge de Jean-Pierre Mocky (1975) - ★★★★★★☆☆☆☆



D'un côté, Jérémie. Homme insignifiant, cadre à la Sécurité Sociale, c'est parce qu'étant enfant il a été marqué par un événement banal qu'aujourd'hui il est devenu l'étrangleur que tout le monde redoute en ville. Il ne s'attaque qu'aux femmes, les étrangle, puis dépose sur leur poitrine une fausse mouche. De fait, Jérémie réalise un fantasme auquel il n'avait pas osé laissé libre court lorsqu'il suivait les cours de musique que lui prodiguait Solange, professeur de piano à l’opulente poitrine sur laquelle, un jour, une mouche se posa. En grandissant avec le souvenir du désir d'y poser la main sans pourtant avoir osé le faire, Jérémie extériorise ainsi les pulsions qui l’étreignant. Il a déjà tué à plusieurs reprises lorsque l'une des victimes lui échappe et fait une description assez précise de son agresseur. L'un des signes distinctifs de Jérémie est l'écharpe rouge ornée d'un ibis rouge qu'il ne quitte jamais.
Un détail délivré dans la presse et qui rappelle quelqu'un au représentant en vins Raymond Villiers. Toujours accompagné de sa lourde valise remplie d'échantillons de spiritueux, l'homme a contracté une dette auprès d'un certain Ratin qui exige de lui qu'il lui rembourse la somme de trois mille francs avant le prochain lundi. Acculé et ne pouvant compter sur personne et surtout pas sa femme Evelyne, serveuse chez Margos, laquelle aimerait divorcer. Lorsque Raymond se souvient de l'homme qu'il a croisé un jour dans l'ascenseur il ne fait aucun doute que celui-ci est l'homme qui terrorise la ville et que la police recherche. Mais plutôt que dénoncer Jérémie, Raymond lui rend visite et lui propose un deal : contre son silence, il demande d'accepter de tuer sa femme Evelyne. Jérémie accepte tandis que Raymond se fait volontairement arrêter par la police afin de s'assurer d'un alibi en béton...

Outre les présences de Michel Serrault, un grand habitué du cinéma de Mocky, et de Michel Galabru, le troisième Michel du casting, c'est Michel Simon qui tournait ici son dernier long-métrage en tant qu'acteur. C'est parce qu'il appréciait tout particulièrement le film Snobs !, également de Mocky, que l'acteur accepta de jouer dans L'Ibis Rouge. Mais Jean-Pierre Mocky n'étant pas Claude Chabrol et L'Ibis Rouge n'ayant assurément pas les mêmes qualités que celles dont bénéficie Les Fantômes du Chapelier, le long-métrage présenté ici doit son intérêt à l'interprétation généreuse de ses interprètes masculins et féminins. Car auprès de ceux déjà cités au dessus, on retrouve quelques figures cassées auxquelles on a souvent droit avec Jean-Pierre Mocky, plus quelques interprètes célèbres mais pas forcément d'un grand cru : Jean-Claude Rémoleux, Evelyne Buyle, Dominique Zardi, Michel Francini et même Georges Lucas. Vous noterez tout de même le S à la fin du prénom, ce qui signifie bien sûr que l'acteur en question n'a rien à voir de près ou de loin avec le célèbre cinéaste américain George (sans S) Lucas.

Pas de doute possible, c'est bien du Mocky. Interprétation plus ou moins inspirée. Scénario simpliste ne servant que matière première à des acteurs voués à la cause de leur cinéaste. Une bande originale signée Eric Demarsan un peu fade, pas très inspirée mais collant parfaitement à l'intrigue. Michel Simon y est amusant en vendeur de journaux criant à qui veut l'entendre que l'étrangleur, c'est lui. Galabru fait du... Galabru, et quant à Michel Serrault, il campe un étrangleur, sorte de brouillon de personnage, presque indéfinissable mais dont il se servira peut-être dix-sept ans plus tard pour son admirable interprétation de Léon Labbé, le tueur en série des Fantômes du Chapelier... Pas le meilleur de Mocky, mais certainement pas non plus (Ô que non) le pire de ses films. Amusant, sans plus...

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