Le monde de Equals
proscrit toute forme de sentiments. Contrairement à The
Lobster du grec Yorgos Lanthimos dans lequel être
célibataire est synonyme de sentence, l'amour entre deux êtres y
est formellement interdit. Éprouver des sentiments envers un autre
individu ou toute autre forme d'affection est considéré comme une
maladie. Le S.O.S ou, Syndrome d'Ouverture Sensitive. Chaque
individu vit selon des règles strict. Les contacts physiques sont
interdits et chacun cherche à découvrir des vérités dont les
origines leur semblent provenir d'un lointain espace. Mais alors
qu'un jour Silas perçoit dans le comportement de la jeune Nia les
signes avant coureurs du S.O.S, il commence lui-même à ressentir
des troubles étranges. Peu à peu, elle et lui vont se rapprocher
l'un de l'autre. Cachés dans les toilettes de l'organisation à
laquelle ils collaborent, il commencent d'abord par s'effleurer. Puis
ils s'embrassent. Et parce qu'ils tombent follement amoureux l'un de
l'autre, ils finissent par s'aimer physiquement.
Il existe cependant un
médicament permettant d'annihiler toute forme de sentiments. Mais
ses effets sont temporaires. La recherche médicale est cependant en
train de mettre tout en œuvre pour créer un remède qui effacera
définitivement ceux-ci. Nia et Silas n'ont pourtant pas l'intention
de rejeter les liens affectifs qui les unissent et décident de
rejoindre un groupe de clandestins dont les membres sont eux-mêmes
atteints du S.O.S...
Le récit de Equals
du cinéaste Drake Doremus est une dystopie. Soit une contre-utopie
dans un monde effaçant toute forme de sentiments. Cette absence de
ressenti est également représentée par un design général en
monochromes. Des décors minimalistes magnifiques qui projettent
l'état d'esprit et la volonté de ceux qui y vivent vers cet
extérieur verdoyant et si peu accessible qui entoure la cité.
L'idée n'est pourtant pas toute neuve, car des récits
d'anticipation dans lesquels sont plongés des individus auxquels ont
tente de faire croire que la vie rêvée est celle qu'on leur impose
n'est pas récente. De L’Age de Cristal où
l'existence est réglée de telle manière que chaque personne meurt
lors d'une cérémonie lorsque sonne sa trentième année, jusqu'à
The Lobster, sorti l'année dernière, où l'on est un
hors la loi condamné à vivre dans la clandestinité lorsque l'on a
choisi de demeurer célibataire, le sujet est relativement encombré.
Le rythme impulsé par le
cinéaste est du même ordre que le récit et l'environnement. Tout
s'y déroule en apesanteur, et pourtant, le spectateur ne peut y
montrer le moindre signe d'ennui tant cette histoire d'amour que vont
vivre Nia et Silas est touchante. Eux dont on a formaté dès cinq
ans le cerveau, comme l'ensemble de la population, afin qu'ils ne
puissent ressentir aucune forme d'émotion, vont connaître leurs
premiers émois amoureux. Touchants comme deux individus qui
découvrent « l'autre » par le toucher pour la
première fois de leur existence. Ce que l'on pourra reprocher à
Equals, c'est le manque d'explication concernant les
fondamentaux ayant un jour poussé l'humanité à avoir recours à de
telles pratiques que l'annihilation des émotions. L'ambiance du film
est soutenue par de magnifiques éclairages et la très belle
partition musicale du compositeur Sascha Ring. Equals
est une très belle surprise, magnifiquement interprétée par ses deux principaux protagonistes...
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