Alors qu'un réseau de
drogue sévit entre Paris et Marseille, l'inspecteur Mangin est sur
les nerfs. En questionnant un certain Claude Laouki, il apprend que
les frères Slimane en sont les principaux responsables. Avec l'un de
ses collègues, il se rend chez l'un d'entre eux, le jeune Simon, qui
vit avec une certaine Noria. C'est à ce moment là qu'arrivent
Lambert et Marie Vedret. Le premier est avocat et a l'habitude de
travailler pour les frères Slimane. Mais il a beau tenter de faire
libérer Simon, il n'y parvient pas. Quant à Marie, il s'agit d'une
jeune commissaire en fin de stage avec laquelle Mangin va se
comporter en véritable macho. Le flic va se comporter très violente
envers Noria, mais également envers un individu suspecté d'être
l'auteur de meurtres visant des personnes du troisième âge...
Police est
la seconde collaboration entre le cinéaste Maurice Pialat et
l'acteur Gérard Depardieu. Cinq ans après Loulou et
deux avant Sous le Soleil de Satan, le réalisateur lui
jette dans les bras pour l'occasion la jeune actrice Sophie Marceau
qui jusqu'à maintenant n'a joué que dans les deux volets de La
Boum
de Claude Pinoteau, Fort Saganne d'Alain
Corneau, et son premier Zulawski, L'Amour Braque.
Depardieu y incarne un flic robuste, déterminé, un brin macho
(voire misogyne), usant de violence quand il cela lui semble
nécessaire, face à une Sophie Marceau complice d'un trafiquant de
drogue, uniquement intéressée par l'argent. Une menteuse et une
voleuse qui n'hésitera pas à voler son compagnon en dérobant le
fruit du trafique de ses frères et lui. Contrairement à Loulou,
Police semble avoir été interprété de manière
beaucoup moins improvisée. Le climat fut orageux sur le tournage et
les larmes de l'actrice lors de son interrogatoire face à un Mangin
agressif furent réelles. Maurice Pialat exigeant d'elle une
interprétation à l'opposé de ce qu'elle avait l'habitude de donner
face à la caméra, le trouble de Sophie Marceau n'en fut
qu'amplifié.
Aux côtés de Marceau et
Depardieu, on retrouve le « duo » formé par
Richard Anconina et Sandrine Bonnaire. L'un est l'avocat des voyous,
l'autre une jeune prostituée qui a bien du mal à se débarrasser de
son ancien maquereau. Maurice Pialat forme ainsi des couples pour le
moins étonnant puisque Sophie Marceau et Gérard Depardieu eux-même
s'acoquinent l'un et l'autre. Beaucoup plus « ludique »
que la première collaboration entre le cinéaste et l'acteur, Police
conserve malgré tout les éléments qui donnent au cinéma de Pialat
un parfum de vérité. Et cela se voit durant les passionnants
interrogatoires dont font l'objet les différents suspects. Avec
Loulou, il s'agissait pour Pialat de faire interagir deux
milieux sociaux bien différents, ceux d'une jeune femme aisée et
d'un voyou. Une fois encore, le cinéaste crée une relation unique
entre un flic et une jeune délinquante. Comme entre un avocat et une
prostituée. Des mondes qui s'entrechoquent mais qui ne laissent
jamais sur le bord de la route une certaine émotion.
Chacun livre à sa
manière une très belle interprétation, au point que l'on est loin
d'imaginer l'esprit dans lequel a été tourné le film, Anconina et
Pialat s'étant régulièrement disputé durant le tournage, ce
dernier mettant également à rude épreuve la participation de
Sophie Marceau. Émouvante puisque déversant de réelles larmes lors
de son interrogatoire, elle a cependant bien du mal à nous faire
oublier le personnage de Nelly campé par Isabelle Huppert dans
Loulou. Et si la comparaison s'arrête là, les deux
œuvres n'ayant aucun rapport, le film aurait sans doute gagné en
intensité si Maurice Pialat avait fait le choix d'y faire
interpréter le rôle de Noria par Isabelle Huppert. Toujours est-il
que Police est un excellent film...
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