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mardi 31 décembre 2024

Mascarade de Nicolas Bedos (2022) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Je dois l'avouer, cela me coûte de le reconnaître, mais j'ai adoré Mascarade de Nicolas Bedos. Parce que ouais, le bonhomme me sort par les yeux. Du moins lorsque ce ''fils de'', qui me laisse généralement indifférent, laisse planer le doute s'agissant du bord politique qu'il prétend défendre ou lorsqu'il frappe sur tout ce qui bouge avec cette fausse audace des salons parisiens qui voudrait que le fils de l'humoriste Guy Bedos est parvenu à égaler voir surpasser le talent de son géniteur. Bouffi de vanité, auto-satisfait mais se traînant malgré tout un certain nombre de casseroles au cul, à travers son dernier long-métrage en tant que réalisateur, scénariste et compositeur tout de même bien épaulé par la compositrice de musique de film française Anne-Sophie Versnaeyen, Nicolas Bedos semble dès son premier ''tour de manivelle'' préparer sa défense pour des faits supposés d'agressions sexuelles survenus trois ans auparavant, en 2018. Et même plus tard, jusqu'à très récemment, l'année dernière. Parce que Mascarade, sous ses allures de brillant exercice de style français ''à l'américaine' convoquant tout un panel de cinéastes outre-atlantiques prestigieux peut se concevoir comme une œuvre féministe furieusement anti-patriarcale. La morale de l'histoire ? Un pour toutes et tous pourris ! Le UN étant bien évidemment accordé à l'auteur du film lui-même, lequel s'interpose entre ces méchants messieurs qui mettent ici en application ce vieux concept de droit de cuissage au sein d'une couche de la société permissive et bouffie d'orgueil et leurs victimes. Si d'autres bien avant lui s'amusèrent à égratigner les femmes et les hommes de la ''Haute Société'' comme l'espagnol Luis Bunuel (Le Charme discret de la bourgeoisie) ou le français Claude Chabrol (La cérémonie) pour n'en faire que la chair à canon d'idées préconçues et systématisées, armé d'une équipe technique de pointe et de fameux interprètes, Nicolas Bedos installe un véritable jeu de massacre entre des individus parfaitement intégrés et des petites gens à l'ambition dévorante. Une appétence pour l'argent et le confort mais également, un désir de réparation qui prendra le visage de Margot, jeune femme superbe incarnée par l'actrice et mannequin Marine Vacth dont la posture la rapprochera ostensiblement de certains personnages notamment rencontrés chez Roman Polanski à travers diverses incarnations d'Emmanuelle Seigner (Lune de fiel).


L'ambivalence prévaut dans ce récit mêlant une actrice vieillissante sur le retour et son dernier gigolo (Isabelle Adjani et Pierre Niney, tous deux excellents). Entre ce dernier et Margot, également. Amants d'un jour, puis de toujours (vraiment?). Elle, jalouse, envieuse, voleuse, éprise de vengeance et lui, passant de la pommade aux vieilles rombières contre monnaie sonnante et trébuchante, repas chauds et nid douillet ! Viennent se greffer à cette histoire d'arnaque aux sentiments somme toute banale, des personnages pas tout à fait secondaires. Comme l'agent immobilier Simon (François Cluzet) et son épouse Carole (Emmanuelle Devos) ou bien Giulia (l'actrice italienne Laura Morante) jetée à la porte de son propre restaurant par un ancien mari particulièrement violent. D'autres viennent témoigner lors d'un procès des affres d'une histoire très limpide malgré un montage inventif signé d'Anny Danché et des redoutables conséquence qu'elle aura sur chacun des principaux protagonistes. Véritable toile d'araignée où rien n'est jamais irrémédiable et où tout peut arriver et se construire au fil du récit, Nicolas Bedos signe une œuvre percluse d'un cynisme propre aux casquettes d'humoriste et de chantre de la critique acerbe qu'il porte fièrement et en toute situation. Mascarade possède cette faculté consistant à rendre les uns et les autres attachants alors qu'eux-mêmes, et comme Nicolas Bedos, se traînent également des boulets aux pieds. La cruauté avec laquelle le réalisateur et scénariste s'en prend à ses personnages est absolument jouissive. Poussant le spectateur à rire aux éclats même à certains instants du récit les plus cruels. Quand d'autres actions relativisent le message étalé à l'image, renvoyant les victimes à ce même statut de monstres comme lorsque Margot et Adrien, épaulés par Giulia, montent un stratagème afin d'accéder à ce qu'ils pensent leur être dû ! Au final, personne ou presque n'en ressortira indemne. Pas même le spectateur, emporté dans un tourbillon mené de main de maître par un Nicolas Bedos que l'on préférera donc voir diriger de brillants interprètes, comme ici, plutôt de le voir débarquer sur les plateaux de télévision ou à la radio proférer sa morale en carton-pâte...

 

jeudi 6 décembre 2018

Force Majeure de Pierre Jolivet (1989) - ★★★★★★★☆☆☆



Troisième long-métrage du cinéaste Pierre Jolivet (qui offre ici un tout petit rôle à son frère humoriste Marc), Force Majeure, étudie le cas de conscience de deux français qui, deux ans après leur retour d'un long voyage en Asie, sont contactés par l'avocat d'Amnesty International Malcom Forrest qui leur confie que Hans, un ami rencontré sur place a été arrêté avec une grosse quantité d'herbe. Suffisamment pour que ce hollandais d'origine ait été condamné à mort. Le problème, c'est que deux ans auparavant, Philippe et Daniel avaient confié leur part à Hans, ce dernier constituant ainsi un total de 350 grammes de marijuana. Et trois cent cinquante grammes, c'est cent-cinquante de trop pour les autorités d'un pays qui l'a jugé et donc condamné à la peine capitale. Pour sauver le jeune homme de la mort, Malcom Forrest va tenter de convaincre les deux jeunes hommes d'accepter de prendre à leur charge une part des responsabilités. Si Daniel accepte s'en réfléchir, l'étudiant Philippe refuse d'abandonner ses études et de prendre le risque de passer deux années en prison dans un pays où la vie carcérale est bien différente de celle en France. C'est là qu'intervient alors Katia, l'ancienne petite amie de Hans, dépêchée de Hollande afin de convaincre Philippe d'accepter de se rendre à l'étranger...

Force Majeure fait écho au terrible Midnight Express que réalisa le cinéaste britannique Alan Parker onze ans auparavant. Mais si celui-ci avait choisi de tourner son film au cœur même de la prison de Sağmalcılar en Turquie, Pierre Jolivet prend ses distance avec le personnage incarné par l'acteur néerlandais Thom Hoffman et s'intéresse davantage à ceux qu'interprètent magistralement Patrick Bruel et François Cluzet. Deux amis qui ne se sont pas revus depuis leur voyage en Asie. Le premier est posé, calme, et étudie. Le second lui, après avoir bossé trois mois dans des conditions difficiles est au chômage et vit avec Jeanne dans le Nord. Daniel est père d'un tout jeune enfant et pourtant, c'est lui qui accepte de partir sans réfléchir afin d'aider Hans. Le contraste entre ces deux personnages est saisissant. Volubile, agité et surtout instable, Pierre Jolivet décrit Daniel comme un individu dont le comportement varie en fonction des événements. Le film génère un sentiment d'angoisse terrifiant, le cinéaste optant pour une approche réaliste du comportement humain. Entre l’égoïsme de l'un, et l'engouement irréfléchi de l'autre, le récit tente à vaciller vers une conclusion dramatique. Les comportements changent, et la ligne d'arrivée demeure incertaine. Patrick Bruel et François Cluzet sont impeccables. Pierre Jolivet crée un climat de torpeur accentué par l'angoissante partition de Serge Perathoner et Jannick Top.

L'acteur britannique Alan Bates incarne un Malcom Forrest tout en retenue. Un volcan en phase d'éruption dont on comprendra plus tard les enjeux. Superbe, Kristin Scott Thomas interprète quant à elle la belle Katia, venue au secours de son ancien compagnon et « jouant » le jeu de la séduction auprès d'un Philippe pas tout à fait près à affronter ses responsabilités. Pierre Jolivet réalise une œuvre poignante, tragique et refroidissante à la fois. Un sujet qui de part son approche semble être tiré d'un banal fait divers. Une grande réussite qui a la pudeur de n'en point faire trop et qui pose de vraies questions. En réalisant Force Majeure, Pierre Jolivet semble s'adresser aux spectateurs en leur posant une seule question : VOUS, que feriez-vous dans une telle situation ? Comment réagiriez-vous ? L’œuvre du cinéaste tend en cela à travers cette courte séquence qui oppose le spectateur au regard interrogé d'une katia fixant longuement l’œil de la caméra...

vendredi 30 mars 2018

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Jean-Claude Romand - L'Adversaire de Nicole Garcia (2002) - ★★★★★★★☆☆☆



Jean-Marc Faure, c'est d'abord Daniel Auteuil. Mais Jean-Marc Faure, c'est aussi et surtout Jean-Claude Romand. Et même si l'actrice et cinéaste Nicole Garcia a choisit de changer le nom des protagonistes de l'une des affaires judiciaires françaises les plus remarquables, Faure représente indéniablement le double fictionnel d'un homme qui durant dix-huit ans a construit son existence sur un immense mensonge. Et même une succession de mensonges. Toute la difficulté de l'entreprise que s'est chargée d'adapter au cinéma Nicole Garcia à partir de l'ouvrage écrit par le scénariste, écrivain et réalisateur Emmanuel Carrère, est de rendre charnelle l'histoire de cet homme. Pari réussi, car c'est bien le poil dressé et la chair de poule que le spectateur assiste au déroulement d'une intrigue aussi réelle qu'incroyable. Comment, en effet, un homme a-t-il pu si bien tromper son entourage et cela, pendant de si nombreuses années ? Épouse, enfants, parents, belle-famille et amis ont tous découvert que Jean-Marc Faure a bâtit la totalité de son existence sur des mensonges. Comme Romand dans la vraie vie, le personnage de fiction admirablement interprété par Daniel Auteuil a en effet caché aux siens la vérité sur sa vie. Jamais il n'a travaillé à l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Jamais il n'a gagné le moindre sou. 

C'est ainsi que Nicole Garcia décortique le procédé mis en place par un homme qui ne pouvait de toute manière échapper à son funeste destin, et malheureusement, à celui de ses proches. Trop aimant, et n'assumant pas les faits dans toute leur monstruosité, il franchit un cap supplémentaire dans l'horreur, et c'est ainsi ce que nous propose de raconter L'Adversaire. D'abord inspiré de l'ouvrage d'Emmanuel Carrère, mais aussi du fait-divers qui marqua la chronique judiciaire au début de l'année 1993 lorsque l'on découvrit les corps de Florence Crolet, l'épouse de Jean-Claude Romand, et de leurs deux jeunes enfants, Caroline, sept ans, et Antoine, cinq ans dans leur demeure, ainsi que les corps des parents de Romand dans leur maison, le long-métrage de Nicole Garcia sonne comme une longue plainte. Le gémissement sans fin d'un homme désespérément seul dans son malheur. Contraint de mentir, de voler ses proches (parents et beaux-parents) pour pouvoir subvenir à son couple et leurs deux enfants. Un chemin de croix terriblement douloureux extraordinairement incarné par un Daniel Auteuil atteint physiquement et moralement.

Entouré d'une belle brochette d'interprètes tels que Géraldine Pailhas, François Cluzet, Emmanuelle Devos, ou Bernard Fresson (et j'en oublie), l'acteur incarne un personnage à fleur de peau, miné par ce mensonge sans cesse grandissant. Une vie remise en question au quotidien et qui va connaître sa première anicroche le jour où son beau-père lui réclame une part de l'argent que son beau-fils a semble-t-il placé pour lui. Sauf que comme dans la vie réelle, cet argent, ainsi que celui des propres parents de Faure-Romand aura servi à cet homme sans emploi à nourrir sa petite famille. Avec toute la sensibilité qui la caractérise, Nicole Garcia réalise une œuvre forte, troublante, étonnamment déprimante (le spectateur ressent tout le poids du mensonge et la tristesse incarnée par Daniel Auteuil). La musique d'Angelo Badalamenti participe à l'état dépressif qui règne au sein d'une famille dont le bonheur factice risque à tout moment de s'effondrer. Faure, dans le dernier acte, et au delà du mensonge et des actes impardonnables dont il se rend coupable afin d'échapper au regard et au jugement de ceux qu'il aime et qui l'aiment, demeure devant la caméra, un individu remarquablement touchant. L'Adversaire est une franche réussite et l'un des portraits de tueur les plus implacables et les plus émouvants que le cinéma français ait porté à l'écran jusqu'à ce jour. Bouleversant...

mardi 6 décembre 2016

Trop Belle pour Toi de Bertrand Blier (1989)



Grand Prix du Jury en 1989 pour Trop Belle pour Toi de Bertrand Blier. Encore une histoire d'amour singulière pour ce cinéaste qui écrit lui-même le scénario de ses œuvres. Toujours avec une petite touche de cynisme (lorsqu'il n'en jette pas par sauts entiers), le fils de l'illustre Bernard Blier nous conte une histoire encore bouleversante. Peut-être moins évidente pourtant qu'à son habitude par son approche toute particulière. Au cœur de l'intrigue, un triangle amoureux formé par Carole Bouquet, Josiane Balasko, et entre les deux actrices, Gérard Depardieu qui tourne ici pour la cinquième fois aux côtés de Bertrand Blier. Comme pour Beau-Père huit ans plus tôt, les personnages semblent directement s'adresser aux spectateurs, les prenant à témoins du drame qui se noue autour de ce garagiste, époux d'une très belle femme, père de deux enfants, et qui va tomber sous le charme de sa nouvelle secrétaire. Un peu ronde, plutôt fade, c'est pourtant elle que son cœur a choisi. Trop Belle pour Toi démontre avec force que lorsque c'est ce dernier qui parle, rien ne peut s'y opposer. Même la beauté d'une épouse qui finit par désirer être aussi « moche » que l'amante de son mari pour se le réapproprier.

Le traitement du film est résolument moderne. Les flash-back faisant partie intégrante des scènes situées dans le présent des personnages, Blier construit une œuvre au fil d’Ariane qui ne se rompt jamais. L'une des scènes les plus réussies en la matière se situe lors du repas donné par Bernard Barthélémy (Gérard Depardieu) et son épouse Florence (Carole Bouquet) et auquel ils ont convié une dizaine d'amis. Pour ne pas briser l'homogénéité du récit, et lorsqu'il s'agit de remonter au temps de la cérémonie de mariage des deux personnages, il réorganise logiquement le tour de table, les effets personnels (comme la robe de mariée remplaçant la tenue sombre que porte aujourd'hui Florence), mais en conservant une ligne narratrice impeccable. Même le personnage de Colette Chevassu tenu par Josiane Balsako se fond comme par miracle durant les festivités alors même qu'elle et les mariés ne se connaissent pas encore et que sa relation avec Bernard n'aura lieu que quelques années plus tard.

Carole Bouquet, sa grâce, sa beauté, mais aussi sa froideur. Elle que l'on a connu dans un registre bien différent, là voilà blessée, déboussolée, implorant son époux de revenir vers elle. Bertrand Blier offre à Josiane Balasko un rôle bien différent de ceux auxquels elle était habituée jusque là. A l'aube des années quatre-vingt dix, elle passe de la comédie pure au drame. A l'histoire d'amour dont elle est cette fois-ci, la principale interprète. Bien qu'elle est censée y jouer le rôle d'une secrétaire physiquement quelconque, Bertrand Blier a pourtant réussi à mettre tous les atouts de l'actrice en valeur. A dire vrai, elle n'a jamais été plus belle, plus à son avantage que dans Trop Belle pour Toi.

On le sait, Bertrand Blier aime profondément la musique classique. Véritable mélomane, il aurait, dit-on, aménagé une pièce de sa demeure spécialement consacrée à cet objet de culte. Des enceintes et un fauteuil fixés au sol dans des conditions optimales. Qu'il s'agisse de fiction ou de la réalité, ses personnages, en tout cas pour certains, aiment eux, profondément le classique. Comme Patrick Dewaere dans Préparez-vos Mouchoirs, son personnage ne jurant que pour Mozart et personne d'autre. Dans Trop Belle pour Toi, c'est Franz Schubert qui est à l'honneur. Et de quelle manière. Des œuvres bouleversantes qui jouent un rôle primordiale dans le registre de l'émotion. Des messes, des sonates, une valse, tout cela (et d'autres encore) accompagné par la musique additionnelle du composteur Francis Lai.
Un Grand Prix du Jury amplement mérité...

dimanche 25 septembre 2016

Médecin de Campagne de Thomas Lilti (2016)



En attendant de produire un article digne d'intérêt consacré à High-Rise de Ben Weathley, j'ai décidé de réserver celui-ci à Médecin de Campagne. « Un pas en avant, deux pas en arrière ». C'est un peu dans cet état d'esprit que je me suis lancé dans le visionnage de ce long-métrage signé Thomas Lilti qui pour moi demeurait jusqu'à maintenant un parfait inconnu. En découvrant la bande-annonce, j'avais le sentiment que le film ne serait qu'une comédie comme il en existe tant d'autres. De celles qui confrontent deux univers. Deux chocs culturels. Deux manières d'aborder la vie. J'en ressors avec le sentiment d'avoir échappé à tout ce que je redoutais. Car s'il y a bien un film qui mérite notre attention et qui, sans totalement fuir ses responsabilités d’œuvre partiellement humoristique, parvient à nous rendre attachants ses personnages et leur cadre de vie sans pour autant nous noyer dans un flot ininterrompu de clichés, c'est bien celui-ci. Médecin de Campagne n'est peut-être pas le film du siècle ni celui de la décennie, il est sans conteste l'un des plus réussis de cette année 2016.

Que l'on adhère ou pas à cette perspective, rien ni personne ne peut nier que la présence des excellents François Cluzet et Marianne Denicourt en soit la principale cause. Lui, est ce médecin de campagne, considéré comme l'un des plus importants acteurs dans la vie de ce petit village paysan français. Elle, est celle que lui a envoyé un proche collègue qui a décelé chez lui une tumeur du cerveau. Bien sûr, les stéréotypes d'usage vont bon train. Surtout au commencement. Entre Jean-Pierre Werner qui voit d'un œil modérément positif l'arrivée du docteur Nathalie Delezia, et elle qui tente de se fondre dans un paysage qu'il a mis tant de temps à façonner, le contact est rude. Mais finalement, pas aussi dur qu'on aurait pu le craindre. Car le propos de Médecin de Campagne ne se situe en réalité pas à ce niveau. Nous ne sommes pas vraiment en face d'une œuvre qui voudrait absolument jouer avec les codes du genre pour n'en extraire qu'un sujet maintes fois évoqué par le passé.

Médecin de Campagne est avant un long-métrage d'une grande humanité, VECU par des personnage eux-mêmes, très humains. Thomas Lilti ne cherche absolument pas à créer une œuvre divertissante. Et cela, François Cluzet et Marianne Denicourt semblent l'avoir compris. L'une des grandes forces du film est d'accompagner du début jusqu'à la fin des personnages secondaires devenant finalement au fil du récit d'une importance considérable dans le développement de ses principaux interprètes. Entre l'accompagnement de Monsieur Sorlat, vieil homme dont les jours sont comptés (le formidable Guy Faucher) et Alexis (le très attachant Yohann Goetzmann), jeune homme affligé d'un retard mental, ce sont les rapports entre ces patients et leurs médecins qui cimentent la personnalité de ces derniers.

La mise en scène est irréprochable. A aucun moment nous n'avons l'impression que la campagne et ses habitants soient traités de manière absurde ou irrespectueuse. François Cluzet a ce grand talent d'interpréter un personnage malade sans que cela ne passe par un comportement outré qui le décrédibiliserait. Marianne Denicourt campe quant à elle un tout nouveau médecin de la ville s'intégrant avec une très grande finesse dans un univers où les codes en matière de pratiques médicales sont sensiblement différents des nôtres. Médecin de Campagne est donc une totale réussite...
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