Il y a quinze ans, dans la nuit du 19 au 20 mai 2010, un cambrioleur
croato-bosniaque du nom de Vjeran Tomic s'introduit par une fenêtre
dans le Musée d'Art moderne de Paris pour y dérober cinq tableaux
de maîtres parmi lesquelles, La Femme à l'éventail d'Amedeo
Modigliani, Nature morte au chandelier de Fernand Léger ainsi
que L'Olivier près de l'Estaque de Georges Braque. Des toiles
hors de prix que l'homme a donc volé alors que le musée rencontre
des soucis s'agissant du système d'alarme, lequel est hors service
depuis plusieurs semaines. À ce titre, les questions que pourront se
poser les spectateurs s'agissant de l'invraisemblance d'un musée ne
possédant aucune protection permettant ainsi de garantir la sécurité
des œuvres exposées seront donc éludées... Après le vol, le
malfaiteur confie les toiles à l'antiquaire parisien Jean-Michel
Corvez. Ce dernier, qui est en affaire avec un commanditaire des
émirats arabes dont l'identité ne sera jamais dévoilée, va
entre-temps confier les toiles à l'expert en horlogerie et
réparateur de montres de luxe Yonathan Birn. Tandis que le voleur et
l'antiquaire finissent par être interrogés par la police qui les
soupçonne d'avoir un lien avec le vol des tableaux, pris de panique,
l'horloger décide de se débarrasser des toiles en les jetant dans
une poubelle à destination d'une usine d'incinération... Voici donc
résumée en quelques lignes cette affaire criminelle française dont
s'inspire le dernier long-métrage du réalisateur et scénariste
Dominique Baumard. Écrit en collaboration avec Benjamin Charbit sur
une idée originale de ce dernier et d'Olivier Bouchara, Les
règles de l'art
tourne majoritairement autour de quatre personnages. Tandis que Steve
Tientcheu tient le rôle du voleur, Jo, Melvil Poupaud et Sofiane
Zermani incarnent de leur côté et respectivement ceux du réparateur
de montre et expert en horlogerie Yonathan Cobb et de l'antiquaire
Eric Moreno. Sur un sujet on ne peut plus sérieux, Dominique
Baumard convoque également l'actrice pleine de charme Julia Piaton.
Elle y incarne le rôle d'Agnès, épouse de Yonathan et mère de
Louise (Sophie Vannier). Un sujet grave, certes, mais traité ici
avec une pointe de fantaisie qui fait d'une œuvre plongeant dans le
contexte du thriller, une comédie objectivement drôle...
Les règles de l'art
nous présente ainsi un trio de ce que d'aucun pourrait considérer
de pieds nickelés. De Jo, voleur talentueux qui pourtant se fait
facilement duper lorsqu'il s'agit de récupérer sa part du marché
en passant par Eric, antiquaire malchanceux mais véritable escroc et
manipulateur et jusqu'à Yonathan, réparateur de montres qui
travaille à la maison, trop gentil, trop naïf mais aussi très
curieux qui va malgré lui entrer dans une chaîne d'événements qui
vont les conduire lui et les deux autres jusqu'à la case prison...
Chacun à leur manière, Steve Tientcheu, Sofiane Zermani et Melvil
Poupaud apportent leur talent d'acteur. Et même si chacun des
personnage ne partage rien de commun avec les deux autres, l'émulsion
entre leurs trois interprètes est parfaite. Le caractère de chacun
forme également la personnalité des uns et des autres. Jo, plutôt
calme et serein, Eric, véritable pile sous tension permanente et
Yonathan, homme désabusé et prit dans un engrenage (amusant pour un
homme qui répare ceux des montres de luxe) qu'il ne sait comment
arrêter... Si les trois acteurs ainsi que la talentueuse Julia
Piaton excellent tous dans le registre de la tragédie et de
l'humour, la palme revient sans doute à Melvil Poupaud que les
téléphages ont pu notamment voir dans l'excellente série Canal+
en 2021, OVNI(s).
Si même le personnage qu'il y incarnait ne semble pas partager la
même histoire personnelle, l'on retrouve chez Yonathan ce même
esprit léger que l'on pouvait trouver chez Didier Mathure, le
personnage qu'il incarna dans cette excellente série de
science-fiction pourtant basée sur l'authentique Groupe
d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés
plus connu sous le nom de GEPAN.
L'acteur imprime dans le cas de Les règles de
l'art,
cet esprit humoristique qui sans ce dernier aurait probablement
plombé l'ambiance du long-métrage comme en témoigne sans doute la
séquence se déroulant dans un bar entre Eric et Yonathan. Une
séquence plus sombre qui étonne par son changement de ton et montre
quelle allure aurait pu avoir le film de Dominique Baumard si ce
dernier n'avait pas choisi de lui offrir un ton sensiblement plus
léger que le fait-divers à l'origine du récit... Si Les
règles de l'art
ne mène pas fondamentalement le spectateur à rire aux éclats, le
film n'en est pas moins une réussite...
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