Mais qu'est-ce qui arrive
à Michel Blanc ? En manque d'inspiration depuis dix ans (le
film évoque pourtant le fait que seulement sept année séparent son
dernier long-métrage en tant que réalisateur de l'époque où se
situe l'action de Grosse fatigue), jeté hors de la
boite de nuit tenue par Régine, accusé de viol sur la personne de
Josiane Balasko, jeté en prison puis libéré et enfin accueilli
dans la splendide résidence secondaire de Carole Bouquet dans le
Lubéron, l'acteur et réalisateur semble proche de la dépression.
En effet, Michel Blanc ne comprend absolument pas ce qui lui arrive.
Et nous non plus d'ailleurs. Jusqu'au jour où on lui annonce qu'il
va très prochainement dédicacer les cassettes de ses films au rayon
''Sport et plein air'' à l'hypercontinent d'Orange ! Bien
décidé à clarifier toute cette affaire, il se rend en compagnie de
Carole Bouquet à la séance de signatures... Le concept de film dans
lequel tout ou partie des interprètes jouent leur propre rôle est
relativement récurrent. En France, l'un des plus représentatifs du
genre demeure Les acteurs
que réalisera six ans plus tard le réalisateur et scénariste
Bertrand Blier. Concernant le second long-métrage de Michel Blanc,
parmi la pléthore d'interprètes, certains incarnent des personnages
de fictions, tels Philippe du Janerand, François Morel, Jean-Louis
Richard, Bruno Moynot ou encore Bernard Farcy. Des dizaines de rôles
secondaires autour desquels beaucoup d'autres comédiens apparaissent
sous leur véritable identité : Philippe Noiret, Charlotte
Gainsbourg, Mathilda May, Dominique Besnehard, Guillaume Durant mais
également, les anciens membres de la troupe
du Splendid
dont faisait lui-même partie Michel Blanc. C'est donc entouré de
Josiane Balasko, de Marie-Anne Chazel, de Thierry Lhermitte, de
Christian Clavier et de Dominique Lavanant qu'il partage avec les
spectateurs cette histoire absolument loufoque et presque
invraisemblable dont il a écrit le scénario aux côtés de Josiane
Balasko, de Jacques Audiard et de Bertrand Blier.
Si
j'ai volontairement ''oublié'' de citer le nom de Gérard Jugnot,
c'est pour mieux évoquer le fait qu'en dehors de sa participation en
tant qu'interprète de son propre rôle dans le film, l'intrigue
repose à l'origine sur un fait-divers dont il fut lui-même la
victime. En effet, durant plusieurs années, un hommes partageant les
même caractéristiques physiques que lui a usurpé son identité à
des fins commerciales. Un individu du nom de Michel
Praz qu'avait approché la star française pour le tournage de Pinot
simple flic
s'est semble-t-il un peu trop prêté au jeu : l'homme signait
des autographes, animait le Tour de France dans les boites de nuit et
contribuait à la vente de véhicules d'une concession automobile en
promettant aux futurs acheteurs une photo d'eux en sa compagnie. Tout
cela contre monnaie sonnante et trébuchante, bien entendu... Au
final, Gérard Jugnot lui fera un procès et finira par obtenir gain
de cause. Pour en revenir au film, on devine désormais les tenants
et les aboutissants de cette histoire rondement menée, bien écrite
(on reconnaît bien là la verve de l'auteur de Marche
à l'ombre)
et relativement bien rythmée. Pour Carole Bouquet, Grosse
fatigue
est l'occasion de changer de registre et de s'essayer à la comédie.
L'ombre de Bertrand Blier plane à plusieurs reprises au dessus du
récit. Et notamment lors de la séquence située dans la cellule
d'une prison où Michel Blanc va être confronté à trois voyous.
Aux côtés de François Aragon et d'Antoine Basler, Arno Chevrier
campe un détenu à l'éloquence proche de celle du Gérard Depardieu
de Tenue de soirée.
Le passage en prison rend d'ailleurs très clairement hommages à
certains échanges entre Antoine et Bob, deux des trois protagonistes
principaux du long-métrage de Bertrand Blier. Sur le ton de
l'absurde, à la limite du cauchemar éveillé, Michel Blanc signe
une comédie cynique mais très sympathique qui égratigne quelque
peu le métier d'acteur en le dévoilant sous un jour nouveau. Bourré
indirectement de références cinématographiques, Grosse
fatigue
peut être envisagé comme un OFNI du fait qu'une bonne moitié des
actrices et acteurs y interprètent leur propre rôle. Ce qui
n'empêche absolument pas le film d'être parfois très amusant...
"Prends-moi comme une ouvrière ! Qu'est-ce que j'ai de moins que Balasko, merde !" (Bouquet)
RépondreSupprimer"Moi, le cinéma, ça m'fait chier !" (la serveuse du bar)
Excellent, bien sûr. Quand ça allait encore pour toute cette troupe du Splendid, avant la "reformation" cynique et purement commerciale de ces "Bronzés amis pour la vie"...
R.I.P... Il a fini par "conclure"... :-(
RépondreSupprimer