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dimanche 31 mars 2024

Grosse fatigue de Michel Blanc (1994) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Mais qu'est-ce qui arrive à Michel Blanc ? En manque d'inspiration depuis dix ans (le film évoque pourtant le fait que seulement sept année séparent son dernier long-métrage en tant que réalisateur de l'époque où se situe l'action de Grosse fatigue), jeté hors de la boite de nuit tenue par Régine, accusé de viol sur la personne de Josiane Balasko, jeté en prison puis libéré et enfin accueilli dans la splendide résidence secondaire de Carole Bouquet dans le Lubéron, l'acteur et réalisateur semble proche de la dépression. En effet, Michel Blanc ne comprend absolument pas ce qui lui arrive. Et nous non plus d'ailleurs. Jusqu'au jour où on lui annonce qu'il va très prochainement dédicacer les cassettes de ses films au rayon ''Sport et plein air'' à l'hypercontinent d'Orange ! Bien décidé à clarifier toute cette affaire, il se rend en compagnie de Carole Bouquet à la séance de signatures... Le concept de film dans lequel tout ou partie des interprètes jouent leur propre rôle est relativement récurrent. En France, l'un des plus représentatifs du genre demeure Les acteurs que réalisera six ans plus tard le réalisateur et scénariste Bertrand Blier. Concernant le second long-métrage de Michel Blanc, parmi la pléthore d'interprètes, certains incarnent des personnages de fictions, tels Philippe du Janerand, François Morel, Jean-Louis Richard, Bruno Moynot ou encore Bernard Farcy. Des dizaines de rôles secondaires autour desquels beaucoup d'autres comédiens apparaissent sous leur véritable identité : Philippe Noiret, Charlotte Gainsbourg, Mathilda May, Dominique Besnehard, Guillaume Durant mais également, les anciens membres de la troupe du Splendid dont faisait lui-même partie Michel Blanc. C'est donc entouré de Josiane Balasko, de Marie-Anne Chazel, de Thierry Lhermitte, de Christian Clavier et de Dominique Lavanant qu'il partage avec les spectateurs cette histoire absolument loufoque et presque invraisemblable dont il a écrit le scénario aux côtés de Josiane Balasko, de Jacques Audiard et de Bertrand Blier.


Si j'ai volontairement ''oublié'' de citer le nom de Gérard Jugnot, c'est pour mieux évoquer le fait qu'en dehors de sa participation en tant qu'interprète de son propre rôle dans le film, l'intrigue repose à l'origine sur un fait-divers dont il fut lui-même la victime. En effet, durant plusieurs années, un hommes partageant les même caractéristiques physiques que lui a usurpé son identité à des fins commerciales. Un individu du nom de Michel Praz qu'avait approché la star française pour le tournage de Pinot simple flic s'est semble-t-il un peu trop prêté au jeu : l'homme signait des autographes, animait le Tour de France dans les boites de nuit et contribuait à la vente de véhicules d'une concession automobile en promettant aux futurs acheteurs une photo d'eux en sa compagnie. Tout cela contre monnaie sonnante et trébuchante, bien entendu... Au final, Gérard Jugnot lui fera un procès et finira par obtenir gain de cause. Pour en revenir au film, on devine désormais les tenants et les aboutissants de cette histoire rondement menée, bien écrite (on reconnaît bien là la verve de l'auteur de Marche à l'ombre) et relativement bien rythmée. Pour Carole Bouquet, Grosse fatigue est l'occasion de changer de registre et de s'essayer à la comédie. L'ombre de Bertrand Blier plane à plusieurs reprises au dessus du récit. Et notamment lors de la séquence située dans la cellule d'une prison où Michel Blanc va être confronté à trois voyous. Aux côtés de François Aragon et d'Antoine Basler, Arno Chevrier campe un détenu à l'éloquence proche de celle du Gérard Depardieu de Tenue de soirée. Le passage en prison rend d'ailleurs très clairement hommages à certains échanges entre Antoine et Bob, deux des trois protagonistes principaux du long-métrage de Bertrand Blier. Sur le ton de l'absurde, à la limite du cauchemar éveillé, Michel Blanc signe une comédie cynique mais très sympathique qui égratigne quelque peu le métier d'acteur en le dévoilant sous un jour nouveau. Bourré indirectement de références cinématographiques, Grosse fatigue peut être envisagé comme un OFNI du fait qu'une bonne moitié des actrices et acteurs y interprètent leur propre rôle. Ce qui n'empêche absolument pas le film d'être parfois très amusant...


2 commentaires:

  1. "Prends-moi comme une ouvrière ! Qu'est-ce que j'ai de moins que Balasko, merde !" (Bouquet)
    "Moi, le cinéma, ça m'fait chier !" (la serveuse du bar)
    Excellent, bien sûr. Quand ça allait encore pour toute cette troupe du Splendid, avant la "reformation" cynique et purement commerciale de ces "Bronzés amis pour la vie"...

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  2. R.I.P... Il a fini par "conclure"... :-(

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