Il était vraiment temps
d'en finir avec la mythologie entourant le personnage d'Ator
l'invincible. Car même si Joe D'Amato s'est réapproprié sa
création après le désastreux Ator, le guerrier de fer
que réalisa son compatriote Alfonso Brescia en 1987, il est clair
qu'avec Ator l'invincible – l'épée du
Saint-Graal
on atteint le fond ! Miles O'Keeffe ne faisant plus partie de
l'aventure, le rôle-titre est désormais confié à l'acteur Eric
Allan Kramer. Deux ans auparavant, celui-ci incarna le personnage de
Thor dans le téléfilm Le Retour de l'incroyable
Hulk de
Nicholas Corea. Passant ainsi du super-héros au valeureux chevalier,
Ator apparaît désormais sous des atours négligés. Vêtu d'une
tunique brune et d'un bandeau lui encerclant le crâne, il semble
qu'après sa retraite de trois années le héros se soit lancé dans
un régime à base de charcuterie, de frites et de beignets. Bien
qu'imposant, Eric Allan Kramer n'a pas l'allure de son prédécesseur
et conserve même cette absence de charisme qui manquait déjà à
Miles O'Keeffe...
Et
même si à l'époque le faciès de ce dernier laissait peu de place
à l'hypothèse selon laquelle il aurait pu rejoindre les grands
penseurs de son époque, la relève est assurée par un interprète
en totale opposition avec l'image actuelle du prompt chevalier dont
la mission première et de venir en aide à la veuve et à
l'orphelin. On pourrait envisager la tournure que prennent d'emblée
les événements par rapport au fait que le personnage d'Ator ait
changé de visage. Ce que semble pourtant contredire le premier acte
dans lequel nous retrouvons bien le fameux héros, mais sous les
traits de Eric Allan Kramer. Celui-ci meurt mais revient sous ceux
de son propre fils qui lui-même est interprété par l'acteur
américain. Défait par le méchant de service Thor, son fils, Ator
(!?!), alors âgé d'un an prend la fuite dans les bras de sa mère
Sunn (Dina Morrone) qui se réfugie auprès du gnome Grindel. Une
créature particulièrement laide (dans tous les sens du terme et
surtout, artistiquement parlant), veule et qui ne dépareillerait
pas, au hasard, avec les Gobelins/trolls du ''sublime'' nanar réalisé
par Claudio Fragasso en 1990, Troll 2.
Alors âgé de vingt-huit ans au moment du tournage, censé incarner
un Ator de seulement dix-huit ans mais paraissant en faire au moins
quinze de plus, voilà qu'Eric Allan Kramer apparaît physiquement
peu crédible. Joe D'Amato retrouve le compositeur Carlo Maria Cordio
dont la partition se montre cette fois-ci nettement moins
grandiloquente.
Ator ou à travers (de porc)
Ator,
éternel pourfendeur du Mal sous toutes ses formes est donc de retour
pour la quatrième et dernière fois. Certains, comme Joe D'Amato
estimant même qu'il s'agissait là du troisième opus et non du
quatrième puisque le film sorti notamment sous le titre Ator
III : the Hobgoblin,
faisant ainsi l'impasse sur le volet signé par Alfonso Brescia en
1987. Pourtant, Joe D'Amato aurait tout aussi bien pu réserver ses
critiques à sa propre séquelle qui s'avère d'une rare médiocrité.
Le héros n'a jamais paru aussi ridicule que sous les traits d'Eric
Allan Kramer, le désordre qui règne au sein même du scénario
laisse pantois d'admiration. Quant aux différents affrontements et
aux méchants, leur innocuité laisse parfois présumer que le film a
d'abord été pensé comme une version allégée du mythe à
l'attention de nos chères têtes blondes. Au point que le film vire
à la comédie comme lors de ces quelques séquences montrant un Ator
ridiculisé durant certains de ses affrontements, loin de l'image
idyllique du héros auquel rien de mal ne peut arriver. Et que dire
des décors fadasses que parcourent de long en large Ator, Dejanira
et un nouveau compagnon à l'apparition providentielle ? Parmi
les interprètes accompagnant l'acteur américain, Margaret Lenzey
incarne le personnage de Dejanira, la compagne d'Ator, Donal O'Brien
celui du méchant Gunther, tandis que Joe D'Amato offre une petite
apparition à Laura Gemser et, à contrario, le triple rôle de
Thorn, Grindel et Hagen à l'ancien joueur de bobsleigh Domenico
Semeraro. Allez, et pour terminer. Notons le doublage en français
proprement hallucinant du gnome Hagen et que je vous laisse tout
plaisir de découvrir par vous-même : à s'étouffer de rire...
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