L'intérêt avec les
nanars, c'est que l'on n'est jamais au bout de nos surprises. Après
Ator le Conquérant
et Ator 2 - L'invincibile Orion et
avant L'Épée du Saint-Graal
tout trois réalisés par Joe D'Amato, Alfonso Brescia s'est emparé
du personnage en 1987 et à choisi de transformer l'univers
médiéval-fantastique d'Ator en délire visuel psychédélique. Non
seulement le réalisateur et scénariste italien semble avoir fumé
la moquette, mais la tapisserie, le rembourrage des coussins, les
doubles-rideaux, les draps et les couvertures également. Non mais
franchement... Le nanar en général et la franchise Ator
gravissait en cette année 1987 un échelon supplémentaire dans
l'ignominie. Voyez la gueule de cette sorcière pratiquant comme le
reste du casting un anglais approximatif, débarquant dans le palais
d'un roi lors de la célébration des dix-huit ans de sa fille, la
princesse Janna, coupe de cheveux fauve au vent, se déplaçant sur
des rails. On s'attendrait presque à voir débarquer à sa suite les
membres du groupe de new wave Dead
or Alive pour
y interpréter leur plus grand succès sorti deux ans auparavant, My
Heart Goes Bang !
On frise le ridicule, voire l'infamie dans ce qui ressemble pour
l'instant à un long clip à l'attention de la communauté
LGBTQQIP2SAA !
Ça commence par une focale qui déforme tout, des faux décors
vaguement médiévaux aux personnages eux-mêmes. Entre la
constipation dont on pouvait ressentir certains symptômes devant les
deux premiers volets de la franchise et la dysenterie que cause cet
OFNI
totalement perché, le choix est vite fait : RENDEZ-NOUS JOE
D'AMATO TOUT DE SUITE !!! Le film mélange avec un sens de
l'anarchie hors du commun des objets vestimentaires qui étaient
davantage de coutume dans les années quatre-vingt que durant ce
récit censé se dérouler des siècles en arrière. Alfonso Brescia
pratique ensuite une refonte physique totale du personnage d'Ator
puisque si Miles O'Keeffe est effectivement toujours présent dans le
rôle-titre, on le reconnaît tout d'abord à peine. Terminée la
longue chevelure blonde. Désormais doté d'une tresse et de cheveux
plaqués, sa nouvelle coiffure l'amincit. Plus svelte et d'apparence
moins gauche, c'est la dernière fois que Miles O'Keeffe apparaîtra
dans le rôle d'Ator puisque après lui, ce sera au tour de l'acteur,
réalisateur et scénariste américain Eric Allan Kramer d'endosser
le rôle...
Après,
il ne s'agit que d'un éternel recommencement. Le concept du
personnage étant ce qu'il est, une fois encore il sera fait appel à
Ator afin de venir en aide à des personnages sous l'emprise, ici,
d'une sorcière prenant les traits de l'actrice française d'origine
hongroise Elisabeth Kaza. Elle y incarne donc Phedra, une sorcière
maléfique outrageusement caricaturale qui semble tout droit sortie
d'une pièce de théâtre horrifique. Surjouant de manière
systématique, devant ce portrait haut en couleurs et ô combien
pittoresque, le spectateur aura souvent l'occasion de pouffer de
rire. La mise en scène, les décors (en dehors d'un magnifique
village de pêcheurs) et les effets-spéciaux se situant à
équidistance du jeu outrancier de l'actrice et de ses partenaires à
l'écran. Le terme ''kitch''
prend ici tout son sens. Des maquillages recouvrant les paupières ou
les joues de la princesse au masque de fer en forme de crâne humain
qu'arbore l'un des disciples de Phedra, Ator, le
Guerrier de fer
est un véritable festival de mauvais goût que se disputent la
totalité des aspects techniques et artistiques du long-métrage.
Pire, alors que tous nos espoirs pouvaient encore reposer sur le
retour du compositeur Carlo Maria Cordio qui fut en charge de la
bande musicale du premier volet, voilà qu'il abandonne l'approche
épique d'Ator le Conquérant pour
une partition parfois pire encore que celle que composa son
successeur Carlo Rustichelli pour Ator 2 -
L'invincibile Orion.
Répudié par Joe D'Amato qui ''s'empressera'' de reprendre les
rennes trois ans plus tard, ce troisième volet fait preuve d'un tel
étalage d'incompétences que ça frise le génie. Et pourtant, une
petite voix ne peut s'empêcher de guider le spectateur vers un tout
autre type de vérité. Car Alfonso Brescia est-il peut-être parvenu
très exactement là où il voulait emmener son public : dans un
délire nonsensesque, absurde, délirant, surréaliste, sous opiacés,
faussement premier degré, parcouru de fulgurances ringardes, monté
à la truelle, joué avec les pieds, mis en scène comme on lance les
dés à un quelconque jeu de hasard. Bref, si l'italien à fantasmé
de tourner LE nanar du vingtième siècle, il ne fut pas loin
d'atteindre son objectif. Culte !
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