Capable d'apparaître
dans ce qui se fait de mieux (Leaving Las Vegas
de Mike Figgis en 1995) ou de pire (là, je laisse le lecteur se
complaire personnellement dans le dressage d'une liste qui sera
probablement longue comme le bras), Nicolas Cage est un cas presque à
part dont l'ultime représentation reste sans doute John Travolta.
Deux exemples d'interprètes capables d'incarner des rôles dans des
œuvres devenues mythiques (l'un et l'autre collaboreront d'ailleurs
avec l'immense Brian De Palma) et de se fourvoyer dans des films sans
envergure ! Concernant The Old Way,
la question ne se serait sans doute pas posée s'il avait su pour
lui, conserver une certaine originalité. Malheureusement, le
scénario de Carl W. Lucas demeure prompt à piller l'héritage du
western avec son héros, Colton Briggs, un ancien tueur à la
gâchette facile, réputé et craint il y a de cela vingt ans en
arrière et qui depuis s'est retiré du circuit, a épousé Ruth
(Kerry Knuppe), laquelle lui a donné une fille qui maintenant est
âgée d'une dizaine d'année (Ryan Kiera Armstrong dans le rôle de
Brooke). La vengeance au cinéma étant un sujet particulièrement
prolifique, le western s'en est forcément emparé. Qu'il s'agisse
d'un frère débarquant dans une petite ville de pleutres afin de
venger la mort d'un homme qui fut lynché sur la place principale
(L'homme des hautes plaines
de Clint Eastwood) ou de toute autre individu venu faire payer ceux
qui lui ont fait du mal ou plus simplement trahi, il est une approche
que partagent nombre de western : la mort d'une épouse ou d'un
fils. Sept hommes à abattre et
Le vengeur agit au crépuscule
de Budd Boetticher réalisés en 1956 et 1957. Bravados
de Henry King en 1958. Django
de Sergio Corbucci en 1966... et la liste est encore longue et
remonte jusque dans les dernières années. The
Old Way,
lui, propose une double vengeance. Celle d'un certain Boots (Shiloh
Fernandez) dont le père périt vingt ans auparavant sous les tirs de
Colton Briggs. Et c'est apparemment tout à fait par hasard que
celui-ci remonte la trace de l'assassin de son père alors même que
son arrivée sur la propriété des Briggs semble fortuite. Lorsque
Boots et ses hommes tombent sur Ruth et apprennent qu'elle est mariée
à Colton, leur sang ne fait qu'un tour et ils l'assassinent. De son
retour en ville en compagnie de Brooke où il tient un magasin,
Colton découvre qu'un marshal (Nick Searcy dans le rôle de Jarret)
et plusieurs autres hommes sont présents sur sa propriété. Lorsque
le représentant de la loi indique à l'ancien criminel que sa femme
est morte, son sang à lui aussi ne fait qu'un tour et il décide
d'emblée de reprendre les armes et de traquer ceux qui ont tué
Ruth. Colton sera lors de sa mission, accompagné de sa fille
Brooke...
Ouais,
bon, rien de vraiment original si ce n'est que le héros du récit
est ''chaperonné'' ici par sa propre fille. L'avantage avec le
cinéma, c'est que l'on peut prendre vingt ans sans avoir pris une
seule ride. C'est le cas de Nicolas Cage qui ne change pas
d'apparence malgré les décennies qui passent entre l'introduction
et la suite du récit. Par contre, son personnage conserve une
attitude plutôt étrange. Que l'on aura bien du mal à définir,
entre lassitude et fatigue physique. Un comportement qui pèsera
malheureusement sur la quasi totalité de l'intrigue. Effectivement,
le film semble avoir été pensé pour les maisons de retraite et les
Ehpads ! L'acteur incarne un Colton Briggs apathique et
pratiquement dénué d'émotions (lui arracher des larmes à la mort
de son épouse aura été une véritable gageure). Linéaire et sans
surprises, The Old Way
déroule son récit avec une platitude qui n'a d'égale que
l'interprétation mollassonne de Nicolas Cage et l'impassibilité de
Ryan Kiera Armstrong dont l'indifférence face au décès de la mort
de Ruth est carrément inappropriée. C'est que l'on entendrait
presque les mouches voler la plupart du temps. Comblant les vides
d'un scénario à travers des séquences sans intérêt (Brooke
remplissant des bocaux de bonbons et les séparant scrupuleusement
par couleur), le film met en scène un vengeur sans envergure dont la
froideur apparaît totalement superficielle. L'acte qui devait faire
culminer le récit dans ses derniers retranchements et à l'aune
duquel le récit devait opposer Colton Briggs à l'assassin de son
épouse est à l'image du reste du long-métrage : De peu
d'intérêt ! Dernier long-métrage à l'heure actuelle du
réalisateur Brett Donowho, The Old Way
fait montre de si peu d'engouement pour son matériau de base, l'on
regrettera ces temps anciens où lorsque parlait la poudre, les
spectateurs pouvaient assister à de mythiques affrontements. Ici,
c'est malheureusement l'ennui qui prévaut sur tout le reste...
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