Hommage à ce grand
monsieur qu'était François Hadji-Lazaro, fondateur des groupes de
rock alternatif français Pigalle et
Les garçons bouchers
qui s'est éteint le 25 février dernier. Mais plutôt que de revenir
sur sa fructueuse carrière de chanteur et de multi-instrumentiste
complétée par une poignée d'albums solos, cet article est
l'occasion de revenir non pas sur le chanteur et musicien qu'il était
mais sur l'acteur qu'il fut également, devenant ainsi en 1994 l'un
des interprètes principaux de Dellamorte Dellamore,
œuvre signée du réalisateur italien Michele Soavi qui en 1987
signa pas moins que l'un des chefs-d’œuvre du cinéma horrifique
transalpin avec Deliria
(ou Bloody Bird
à l'internationale). Dans la séquence d'introduction, le gardien de
cimetière Francesco Dellamorte (l'acteur britannique Rupert Everett)
reçoit la visite d'un homme au teint blafard et au regard exorbité.
Ni une, ni deux, il se saisit de son arme et tire une balle dans la
tête de l'individu qui s'effondre au sol. Une courte scène
d'ouverture qui fait très clairement référence à un autre
réalisateur italien, sans doute le plus grand auteur de la Botte
dans le domaine de l'horreur putride et gore, Lucio Fulci. Le son que
produit le tir et l'aspect du zombie semblant sortir tout droit de
l'une des œuvres crépusculaires que le cinéaste auteur de L'enfer
des Zombies,
de
L'au-delà,
de Frayeurs
ou de La maison près du cimetière consacra
aux morts-vivants durant sa carrière... L'on distingue alors le
détachement du personnage de Francesco qui afin d'opérer cette
sommaire exécution à laissé l'homme qu'il avait au bout du fil
avant de le reprendre ensuite tout en allumant en toute quiétude une
cigarette. Ce qui apparaît comme un détail apporte un semblant
d'explication quant à la manière de fonctionner du jeune gardien.
Un acte presque anodin, perpétré de nuit dans un cimetière où
aura principalement lieu l'intrigue. Accompagné par la musique de
Riccardo Biseo et Manuel De Sica (ce dernier collabora en outre avec
son père, le réalisateur Vittorio De Sica, ainsi que Dino Rizi ou
encore Joe D'Amato), Dellamorte Dellamore
est l'objet d'un véritable culte. Et notamment en France puisque
certains le considèrent comme une œuvre intouchable et aux
indiscutables qualités visuelles... Le film remportera d'ailleurs
dans notre pays le prix du jury lors de la seconde édition du
Festival
international du film fantastique de Gérardmer
en 1995 ainsi que d'autres récompenses dans plusieurs pays...
Co-produit
par l'Italie, l'Allemagne et la France, le film accueille en son sein
des interprètes d'origines diverses. Outre l'acteur britannique l'on
retrouve donc l'actrice italienne Anna Falchi dans le rôle de Elle,
une jeune et très jolie veuve fascinée par la mort qui entretiendra
une idylle de courte durée avec Francesco avant de connaître un
triste sort. L'acteur américain Mickey Knox incarne quant à lui le
commissaire Straniero tandis que M/ichele Soavi s'offre un caméo en
apparaissant à l'image lors d'une séquence située en ville. Reste
donc François Hadji-Lazaro qui lui interprète le personnage de
Gnaghi, l'assistant de Francesco légèrement débile qui de son côté
va lui-même connaître l'amour avec la tête de la fille du maire
récemment décédée dans un accident de voiture particulièrement
gore ! Rendu fou de douleur après la seconde mort d'Elle qui
comme de nombreux autres cadavres reviendra à la vie une fois
enterrée dans le cimetière, Francesco perdra la tête et se rendra
en ville afin de tuer quelques habitants. Constitué en outre de
tableaux morbides de toute beauté (le cimetière et l'ossuaire
demeurant visuellement remarquables), Dellamorte
Dellamore repose
d'abord et avant tout sur ses qualités esthétiques et moins sur son
scénario largement prévisible et sur l'étrange tonalité de
l'ensemble. Film d'horreur parfois très graphique bénéficiant
d'effets-spéciaux appréciables, le long-métrage du réalisateur
italien n'est pas toujours très sérieux et flirte même avec la
comédie. Une histoire d'amour zombiesque d'une très grande beauté
et où Rupert Everett cabotine un brin tandis que François
Hadji-Lazaro demeure désespérément muet en dehors de quelques
borborygmes, effectuant les tâches les plus ingrates (c'est lui qui
en effet creuse les trous ou nettoie les allées du cimetière).
Mélange de romance, de gothique, de comédie et de gore, Dellamorte
Dellamore est
une œuvre singulièrement drôle et tragique à la fois. Michele
Soavi signait là l'un de ses meilleurs films et confirmait tout le
bien que l'on pensait de lui...
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