Heuuuu, j'aimerais que
l'on m'explique un truc ! Des criminels dotés de
supers-pouvoirs arrivent en prison lorsque l'un des gardiens chargés
de leur surveillance leur indique ceci après que l'une de ses
collègues ait utilisé une arme contre l'un d'eux : '' C'est
un équipement anti-pouvoirs. EAP ou ''Annulard''
(Ouais... je sais... c'est
juste... pathétique). Y'en a dans les lumières, l'eau et
votre nourriture. Dehors vos supers-pouvoirs vous rendent
invincibles. Mais ici, vous êtes comme tout le monde...''. J'veux
bien, mais il me semble que deux minutes auparavant, un détenu
protégé derrière un grillage avait les mains électrifiées !!!
Oh, les gars, c'est bien beau de nous balancer un concept mais
faudrait voir à vous relire avant de l'appliquer au cœur du récit,
hum ? Et le film ne vient que de commencer. Ah ! Et puisque
l'on parle d'incohérences, citons l'extraordinaire bagarre (je
plaisante, bien sûr) qui ouvre le bal et lors de laquelle un mutant
résiste aux balles mais pas à la raclée infligée par celui qui
deviendra l'un des protagonistes du récit... C'est amusant mais qui
parmi les amateurs de films de supers-héros eut connaissance de
l'existence de Corrective Measures
l'année passée ? Vu que le genre est encombré depuis
maintenant pas mal d'années, à moins d'être un acharné du genre,
le film de Sean Patrick O'Reilly est forcément passé sous les
radars. Il faut dire qu'avec ses faux airs de X-Men
fauché comme les blés, la chose avait peu de chance de pouvoir
rivaliser avec les grandes figures de chez Marvel
et DC !
Ici, toute forme de finesse est abandonnée au profit d'un récit qui
ne change guère de ce que nous offrent pas mal de films situant leur
action dans l'univers carcéral. Mais là où le long-métrage de
Sean Patrick O'Reilly diffère de la majorité portant sur le sujet,
c'est l'implication de personnages ''théoriquement'' dotés de
supers-pouvoirs. Théorique puisque le moyen que semble avoir trouvé
le réalisateur afin de pallier aux limites budgétaires fut
d'évoquer un procédé visant à démunir les dangereux criminels
enfermés dans la prison de San Tiburon de leurs pouvoirs acquis à
la suite d'une impulsion. La Pulse comme tous la nomment. Parmi les
taulards condamnés à plus ou moins long terme l'on retrouve le type
qui tabassa un mutant en début de programme et qui dans l'enceinte
de l'établissement va se faire un devoir d'envoyer en Enfer le plus
de co-détenus possible. L'une des particularités de Corrective
Measures
(traduit chez nous sous le ridicule titre Mutants
surpuissants)
est de n'avoir en son sein aucun véritable personnage positif. Bref,
que des antagonistes se frottant les uns aux autres, usant d'un
langage de charretier auquel s'adonnent également les gardiens de
prison, tel l'officier Morales qu'interprète l'actrice Kat Ruston.
Seule clarté dans ce tableau plutôt sombre, le personnage du
Docteur Isabelle Joseph dont Hayley Sales endosse l'uniforme...
Du
sous X-Men,
donc, avec tout ce que cela peut engendrer de défauts. Absence
quasi-totale d'effets-spéciaux vu que les mutants du film ont été
dépouillés de leur don, méli-mélo de sous intrigues qui rendent
confus le récit principal, mise en scène ultra balisée dans la
sphère du cinéma dont la vocation est de commencer et finir ses
jours sur les plateformes VOD,
interprétation pitoyable et caractérisation revue à la baisse.
Ici, les amateurs de séries Z seront en terrain connu. Des films
comme Corrective Measures,
le septième art en charrie chaque année à la pelle. De la
malbouffe cinématographique comparable aux chaînes de restauration
rapide ou aux musiques jetables qui gangrènent le monde du quatrième
art ! Aussi vite vu, aussi vite oublié. N'en déplaise aux fans
de Bruce Willis ou à ceux de Michael Rooker (Henry,
Portrait of a Serial Killer
de John Mc Naughton), le long-métrage de Sean Patrick O'Reilly
n'offre rien de vraiment passionnant. Dans ce film qui réunit à
nouveau les deux acteurs après le White Elephant
de
Jesse V. Johnson, Michael Rooker campe un directeur de prison avide
de vider les comptes en banque du ''Lobe''
qu'incarne Bruce Willis. Un individu lui-même enfermé en prison et
qui possède l'enviable pouvoir de contrôler l'esprit de ses
concitoyens. Un pouvoir dont l'ironie ne cesse d'ailleurs de grandir
à mesure que l'état de santé de l'acteur se détériore au fil des
mois ! Adapté du manga éponyme de Grant Chastain et Fran Moyano,
Corrective Measures est
une œuvre insipide qui se croit sans doute très sérieuse dans sa
démarche mais qui à force d'accumuler les défauts finit par
devenir pittoresque en ce sens où le rire se fait involontaire.
C'est d'ailleurs bien là la seule attitude raisonnable qu'aura le
spectateur face à l'indigence généralisée qui n'honore pas le
manga d'origine. Notons que jusque là, Sean Patrick O'Reilly œuvra
dans le cinéma d'animation et qu'il fut notamment producteur de bons
gros bousins comme la trilogie d'Edward Drake Detective
Knight
ou de Deadlock
de Jared Coh, lui-même interprété par Bruce Willis... Corrective
Measures restera
donc sans doute comme le meilleur film de supers-héros de 2022...
pour qui déteste viscéralement le genre...
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