Erreur d’aiguillage...
C'est effectivement en voulant revoir le chef-d’œuvre de Michael
Mann Manhunter que je me suis malencontreusement
retrouvé face à ce Maneater
qui, vous l'aurez compris, n'a absolument rien à voir. Ou si peu.
S'il est ici question de ''mort'', nous n'y retrouverons aucun
profiler (William L. Petersen aka William Graham), pas de docteur
Hannibal Lecktor (interprété à l'époque par l'acteur Brian Cox),
et pas de tueur dans le sens où nous l'entendons généralement (Tom
Noonan dans le rôle du glaçant Francis Dollarhyde). Non, il s'agit,
comme le titre l'indique effectivement, d'une œuvre mettant en scène
l'un des plus fameux mangeurs d'hommes (le Maneater
du
titre, donc) : un requin... blanc ! Notons d'emblée que le
titre original n''entretient pas non plus de rapports avec la série
de longs-métrages estampillés ''Maneater''
qui furent diffusés pour la première fois aux États-Unis entre
2007 et 2011 et ce, même si les différents propos tenus à l'époque
par L'Attaque du crocodile géant,
Les Griffes de la forêt,
La Menace des fourmis tueuses
ou encore Yeti
abordaient eux-mêmes le sujet d'attaques meurtrières de la part de
différentes espèces animales envers l'espèce humaine. Maneater
est donc tout nouveau (mais pas vraiment) tout beau. Le long-métrage
de Justin Lee dont les méfaits sont nombreux puisque rien que ces
cinq dernières années le bonhomme a réalisé pas moins de treize
films porte donc une nouvelle fois sur le sujet des requins-tueurs.
Celui de Maneater
s'en prend donc à une poignée de jeunes adultes et il me semble
important de préciser que d'entrée de jeu le long-métrage ne sent
pas très bon. Un générique très ''Spring Breakien'', une image
lissée façon ''DTV'', des dialogues d'une platitude extrême, un
doublage au rabais, le seul espoir reposant désormais sur la bête
en question qui, espérons-le, ne fera qu'une bouchée de nos
protagonistes pour sortir vainqueur du combat ! Si en dehors des
Dents de la mer
de Steven Spielberg et Piranha
de Joe Dante tout ce que produisent les océans en matière
d'agressions animales vous laisse indifférent, vous pouvez passer
votre chemin. Si au contraire les Sharktopus,
les Sharknado
et tous ces longs-métrages mettant en scène des requins nageant
sous le sable, dans la neige, dotés de deux, trois, quatre ou cinq
têtes, zombifiés, possédés ou radioactifs vous plaisent, vous
savez ce qu'il vous reste à faire...
Le
requin, tout d'images de synthèse foireuses revêtu, est aussi
plaisant à croiser du regard qu'un étron flottant à la surface
d'un océan et lâché par un enfant qui n'aurait pas encore appris à
se retenir pour aller faire ses besoins dans son pot ! Ouais,
j'abuse un peu. La dite chose n'étant pas pourvue d’ailerons
contrairement à notre grand blanc qui au bout d'une toute petite
poignée de minutes fait preuve d'un appétit vorace en dévorant une
adepte de la planche ! Viennent ensuite nos protagonistes dont
le quotient intellectuel cumulé ne doit pas dépasser celui d'une
méduse échouée sur une plage. Ils sont huit, ils sont beaux, ils
sont jeunes (du moins, six d'entre eux), mais qu'ils soient blonds,
bruns, blancs, d'origine afro ou sino-américaine, les préoccupations
de la majorité d'entre eux ne parleront sans doute qu'à très peu
de spectateurs de plus de quarante ou cinquante ans. De jolies
naïades et des gaillards au torse épilé et plus ou moins bombé
qui portent en eux les germes de la superficialité. À bord d'un
joli petit yacht, ils espèrent tous rejoindre une charmante petite
île. Et comme le récit ne fait pas spécialement preuve
d'originalité, en attendant que le requin s'installe à table, les
filles regarderont les beaux gosses bander leurs biceps tatoués
tandis que les garçons admireront les généreuses poitrines
déborder des bikinis ! 'Tain c'que ça peut être mou du genou
et... inintéressant au possible. Tandis qu'un vieux loup de mer
part... en mer (excusez la répétition) histoire de trouver, traquer
et tuer le requin du récit, une partie du groupe rejoint l'île
pendant que l'autre est demeurée sur le yacht. Bon, là, vous vous
dites sûrement : ''
Le con, il est en train de nous raconter tout le film''.
Et vous n'auriez pas tort. Mais bon, vu que Maneater
n'a
semble-t-il pas pour l'instant d'autres prétentions que de faire du
remplissage, j'vois pas de quoi je pourrais parler...
Bref,
il va falloir patienter un peu plus de quarante minutes avant que le
requin ne réapparaisse à l'image. Autant de temps qu'il lui aura
sans doute fallut pour digérer la pauvre nageuse qui en préambule
s'était littéralement faite déchiqueter avant de disparaître dans
la gueule de la bête. Bon, évidemment, côté caractérisation,
c'est le zéro pointé, le minimum syndical, la famine... Le requin
apparaît parfois en ''dur'' mais conserve malheureusement
l'apparence d'une créature taillée dans un bloc de polystyrène !
Sur l'île, rien de bien émoustillant : on dirait Koh
Lanta
sans les épreuves éliminatoires et sans les discordes entre les
participants. Maneater se
montre souvent invraisemblable mais relativement drôle lorsque s'y
exprime la bêtise humaine : Imaginez donc ceci : les
personnages savent qu'un requin sanguinaire rôde dans les parages.
Ce qui ne semble pas déranger l'un des protagonistes qui plonge sans
hésiter à la mer alors même qu'il porte au poignet un bandage
gorgé de sang. Mais bon, comme il faut bien justifier l'apparition
du grand blanc, pourquoi pas ! Et à nouveau, ça bavasse, ça
bavasse, ça bavasse, tout ceci agrémenté d'une bande-musicale
faisant écho aux horreurs retransmises à une époque révolue, qui
dans les cages d'ascenseur, qui dans les supermarchés ! Allez,
la mort de l'afro-américaine dont le crâne percute un quai
d'arrimage et la séquence du type qui revient sur la berge à moitié
vivant (ou peut-être devrais-je dire, à moitié mort ?) sont
assez jouissives. D'ailleurs, le coup de la jambes enfoncée dans le
sable histoire de faire croire qu'elle a disparu dans l'estomac du
requin est à chialer de rire. Mais pour le reste, le film cache ses
faiblesses et son manque de moyens sous des flots d'hémoglobine en
images de synthèse elles aussi. Bon, qu'est-ce que je pourrais
ajouter ? Ah oui : les éventuels spectateurs de cette
purge reconnaîtront sans doute l'acteur Branscombe Richmond qui fut
l'un des principaux interprètes de la série Le
rebelle
entre 1992 et 1996. Voilà, vous êtes prévenus et n'avez donc
aucune excuse. Inutile de faire appel au moindre SAV.
Vous ne serez aucunement remboursés pour avoir fait l'erreur de
louer ce bousin !
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