Commençons par une
anecdote qui n'a pas de relation directe avec le film. À voir
Catherine Deneuve affublée d'une coiffure qui ne la met pas vraiment
physiquement en valeur, je me suis demandé si elle portait une
perruque. C'est alors que je me suis rendu sur Google
pour y taper Catherine+Deneuve+Perruque.
Obtenant ainsi parmi une foule de portraits de l'actrice nantie de
diverses coiffures, quelques résultats étonnants. Telle cette
foufoune
dite ''A la portugaise''
du plus mauvais goût. Aussi pittoresque que puisse paraître la
chose, elle rejoint par contre l’œuvre de Jean-Pierre Mocky en ce
sens où le réalisateur français signait en 1987 avec Agent
trouble,
un bien curieux thriller. Le ridicule se penchant sur le moindre
petit détail. Cette mèche grise qu'arbore Richard Bohringer, cette
coiffure fauve qu'affiche Dominique Lavanant (aggravée par des
tenues excentriques), ce bandeau qui enserre le crâne de Tom
Novembre... Jean-Pierre Mocky était un bien curieux personnages
n'ayant pas la langue dans sa poche. Un univers tout personnel qui
malheureusement se dégrada au fil du temps, gangrenant les intrigues
même les plus limpides. Pour comprendre et aborder Agent
trouble de
la manière la plus claire, il faudra sans doute se reporter à ces
deux phrases que cite Catherine Deneuve après soixante-quinze
minutes de récit : ''J'narrive
pas à comprendre exactement les mobiles de ces gens... Ni à
expliquer la nécessité pour eux de tuer tous ces innocents...''
Et c'est justement ce que l'on ressent devant cette histoire
remarquablement intrigante dans ses premiers instants mais dont
l'intérêt se délite au fil du temps. Qu'on le veuille ou non,
Jean-Pierre Mocky gâche le matériau d'origine en insufflant à son
œuvre cette folie douce dont il est coutumier mais qui n'était sans
doute pas nécessaire ici. Lui que l'on aurait aimé voir traiter
pour une fois avec un peu plus de sérieux cette adaptation du roman
The man who loved
zoos
de l'écrivain américain Malcom Bosse ne peut donc s'empêcher d'y
joindre une partie des freaks qui l'accompagnent généralement dans
des situations ubuesques !
Le
plus tragique dans toute cette histoire d'une adaptation dont l'effet
est malheureusement celui d'un pétard mouillé, est d'observer le
potentiel du récit et ce qu'en a fait Jean-Pierre Mocky. De sa
manière toute personnelle et maladroite d'énumérer l'intrigue et
ses personnages, Agent trouble évoque
quelque part l'adaptation du roman de Georges-Jean Arnaud Brûlez-les
tous ! réalisée
en 1986 par Robert Enrico sous le titre Zone
Rouge.
Film dans lequel l'actrice Sabine Azéma cherchait à comprendre les
raisons entourant la mort de son ex-mari et de celle de plusieurs
habitants d'un hameau qui ensuite fut au cœur d'un incendie
volontaire. Moins enclin à faire de son œuvre une adaptation riche
en rebondissements et en sous-intrigues passionnantes, Jean-Pierre
Mocky ouvre cependant les hostilités de la manière la plus
séduisante, attirant ainsi le chaland à travers cette vision on ne
peut plus fantasmagorique d'un bus arrêté dans un décor enneigé
et dont tous les passagers sont prostrés dans une attitude
d'inexplicable effroi. À la suite de cette séquence d'ouverture
alléchante, le réalisateur introduit Tom Novembre, pittoresque
personnage marginal prénommé Victorien qui fera les poches des
victimes avant d'aller rendre visite à sa tantine Amanda
Weber(Catherine Deneuve) et d'être ensuite recherché, poursuivi et
enfin assassiné par l'étrange personnage qu'incarne Richard
Bohringer, un certain Alex. Sans le talent particulièrement pointu
d'un Claude Chabrol mais avec toujours autant de ferveur et de
vigueur, Jean-Pierre Mocky persévère dans la critique des hauts
dignitaires, jouant avec les codes du thriller tout en laissant une
large place à ces personnages étranges qui toujours ont parcouru sa
filmographie. Après la mort de Victorien, sa tante mène
l'enquête... un peu trop tardivement comme le constatera le
spectateur, beaucoup trop tard pour que le réalisateur parvienne à
véritablement déployer l'intrigue et pour que les investigations
d'Amanda Weber prennent une tournure véritablement passionnante.
Reste alors le plaisir de retrouver Sylvie Joly, Pierre Arditi et les
habituels trublions du cinéma ''Mockyéen''.
Sans oublier la délicieuse Kristin Scott Thomas quasiment au début
de sa carrière (à trois ans et une toute petite poignée de rôle
près), jeune, belle, sexy, dans le rôle de la prostituée Julie.
Laquelle absorbera sans doute l'attention des spectateurs de sexe
masculin lorsqu'elle leur révélera sa brune toison. Une foufoune en
chassant une autre, voilà donc une jolie épanadiplose...
Il me semble que c'est dans ce film où Jean Abeillé a une admirable réplique du genre "Le mauvais temps ? Mes couilles, oui ! Si les gens ne viennent plus, c'est à cause de l'accident.", non ? :-)
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