Nettement moins connu que
le Carrie
de Brian de Palma et pourtant souvent comparé à ce classique de
l'épouvante du milieu des années soixante-dix, Messe
noire
(Evilspeak)
d'Eric Weston s'articule autour d'un adolescent. Stanley Coopersmith,
cadet d'une académie militaire où il ne peut compter que sur
l'amitié qu'il partage avec un seul de ses camarades et le soutien
que lui apporte le cuisinier du mess. À part ces deux là, tous ceux
qui orbitent autour de Stanley lui mènent la vie dure. Des officiers
et sous-officiers qui le briment en permanence et des camarades qui
l'humilient chaque fois qu'ils en ont l'occasion. C'est sans doute
pour cela que Messe noire
est comparé au long-métrage de Brian de Palma. Pourtant des films
comme celui-ci, mettant en scène des adolescents victimes de
harcèlement de la part de leur entourage, il en existe des dizaines,
voire des centaines. Interdit au Royaume-Uni dans les années
quatre-vingt, le long-métrage d'Eric Weston n'y va effectivement pas
avec le dos de la cuillère. Surtout lors de son apocalyptique et
dantesque final que la relative mollesse de la mise en scène ne
laissait pas envisager jusque là. Dans le rôle du souffre-douleur
de l'académie, l'acteur Clint Howard. Frère du réalisateur Ron
Howard, lequel est mondialement célèbre pour avoir tout d'abord
incarné le rôle de Richie Cunningham dans la série culte Happy
Days
dans le courant des années soixante-dix et pour avoir ensuite été
l'auteur d'un nombre important de succès sur grand écran en tant
que réalisateur (Cocoon,
Apollo 13
ou Da Vinci Code
pour ne citer que ces quelques exemples), Clint Howard n'a pas eu la
même carrière mais n'est pas moins détenteur d'un palmarès
d'acteur long comme le bras débuté au début des années soixante
et poursuivi jusqu'à aujourd'hui. Avec son visage disgracieux, son
épaisse corpulence et son attitude maladroite et balourde, il a
vingt-deux ans lorsqu'il est engagé sur ce projet de film d'horreur
mâtiné de fantastique bien qu'il paraisse avoir quelques années de
moins...
Messe noire
démarre à une époque indéterminée lors de laquelle l'inquisition
est en croisade contre le Malin et traque sorcières et autre suppôts
de Satan. C'est ainsi qu'un certain Esteban et ses disciples sont
chassés d'Espagne pour être des adeptes du Diable. Personnage
iconique dont le portrait orne de nos jours l'académie militaire
servant de décor au film, Esteban, malgré les siècles, est
toujours dans tous les esprits. Bientôt, alors qu'il est chargé
d'une corvée dans les sous-sols de l'établissement, le jeune
Stanley découvre une pièce secrète renfermant ce qui semblait être
un temple entièrement voué à Satan. Le garçon y découvre
notamment un ouvrage intitulé ''Le
livre de la mort''
qu'il commence à étudier au point d'en devenir totalement obsédé.
Passant désormais le plus clair de son temps sur un ordinateur qu'il
a rapatrié dans les sous-sols afin d'étudier le dit ouvrage,
Stanley cherche par tous les moyens à faire revenir dans le monde
des vivants Esteban dans le projet de se venger de tous ceux qui lui
ont fait du mal à l'académie. Boursouflé de défauts et parfois
visuellement dépassé, le long-métrage d'Eric Weston (son premier
d'une carrière qui en comptera neuf) n'en est pas moins une œuvre
qui aura son importance au regard de certaines séquences qui même
plus de quarante ans plus tard peuvent se targuer de posséder un
véritable potentiel horrifique...
Aidé
en cela par l'interprétation convaincante de Clint Howard ou par la
partition musicale ponctuée de cœurs sataniques signée de Roger
Kellaway (laquelle fut très certainement inspirée par les bandes
originales de Amityville, la maison du Diable
de Stuart Rosenberg ou de La malédiction
de Richard Donner), Messe noire
bénéficie de décors gothiques souvent très impressionnants et de
quelques séquences franchement mémorables dont un final qui n'a
absolument pas à rougir en comparaison de celui de Carrie,
justement. Si le film fut jusque là plutôt sage en terme d'horreur
(en dehors d'une très intéressante séquence montrant une tête
virant à cent-quatre vingt degrés), la fin est riche en séquences
gores. Entre des porcs dévorant vivants quelques recrues et un
Stanley habité par l'esprit d'Esteban décapitant à coup d'épée
tous ceux qu'il croise sur sa route, les quinze dernières minutes
s'avèrent absolument remarquables. Et même si l'évocation d'un
ordinateur ''possédé'' par l'esprit d'un suppôt de Satan peut
prêter à sourire ainsi que d'autres petites choses, le film d'Eric
Weston n'en demeure franchement pas moins une excellente surprise...
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