Pour se faire une idée
assez précise de Crabs !
et de sa tentative d'émailler son intrigue d'un torrent d'humour,
juste une réplique en deux phrases, pas une de plus : ''Est-ce
que j'ai l'air d'un gars qui s'y connaît en poissons ?''
demande
un shérif à son adjoint avant que ce dernier ne lui réponde :
''Même pas en
poissons panés ?''...
Connu sous le prénom de Stéphane, l'homme qui se cache derrière
les blagues Carambar
depuis l'année 1969 aurait sans doute été particulièrement fier
de pouvoir ajouter à la longue liste de celles qu'il inventa
lui-même durant des décennies. Deux phrases, ouais, véritables
monuments d'indigence humoristique. Des blagues qui, à titre
d'information lui rapportaient à chaque fois l'équivalent de
soixante-dix euros. Non, vous ne rêvez pas à la lecture de cette
révélation. Soixante-dix euros ! C'est peut-être aussi le
budget qui fut sans doute accordé au réalisateur américain Pierce
Berolzheimer, auteur de cette purge qui ferait passer chaque épisode
de la franchise Sharknado
pour le must en matière de longs-métrages mettant en scène des
créatures marines s'attaquant à l'homme ! Une chose est certaine :
il ne faut jamais, ô grand jamais, tester ses plaisanteries sur les
membres de sa propre famille. Surtout lorsque celle-ci manque
d'objectivité et adoube tout ce qui provient de votre imagination.
Maman dira que tout ce qui sort d'entre vos lèvres vaut de l'or et
cela, même si c'est faux ! Le héros de l'histoire est un jeune
paraplégique accompagné de sa meilleure amie. Plaisirs simples sont
au menu. Comme de foncer à toute allure dans les rues de la ville
balnéaire où ils vivent. Leur meilleur pote ? Un demeuré
caricaturé à outrance dont on ne sait jamais vraiment si l'on doit
sourire franchement de son parler et de son attitude d'arriéré ou
s'il faut au contraire afficher un regard grave face à son handicap.
Mais ce qui dérange finalement davantage que ce portrait d'un
handicapé mental provoquant autour de lui l'indifférence quasi
généralisé de ses camarades est sans doute cette incapacité de la
part du réalisateur à rendre attachant quiconque se dresse devant
la caméra...
Crabs !
fait partie du fond du panier d'un sous-genre qui compte des
dizaines, des centaines et qui sait, peut-être même des milliers de
clones, et dont la seule différence provient de l'espèce animale
employée. Notons que ni le réalisateur, ni le scénariste (en fait,
le même bonhomme, ce qui n'étonnera personne), ni les producteurs,
ni même les distributeurs ne semblent avoir étudié ne serait-ce
qu'une seule journée la biologie marine. Car si le titre promet la
présence de crabes à l'écran, il faudra surtout se fier à
l'affiche du film qui représente non pas une myriade de crustacés
décapodes parmi les plus connus mais bien des limules qui, pour
celles et ceux qui ne seraient pas encore au courant, n'ont aucun
rapport zoologique avec les créatures promises. Mais après ce tout
petit cours de biologie, revenons aux choses sérieuses. L'acteur
Chase Padgett interprète le rôle de Radu, le ''fada''
du récit.... Ouais, je sais ce que vous vous dîtes...... que même
sans handicap mental mais doté d'un nom pareil, le type était de
toute manière mal parti dans la vie ! Si l'on s'amuse de la
caractérisation un ''brin'' outrancière du personnage dans les
premières minutes, les choses finalement se gâtent et terminent de
faire péter le tensiomètre ! On pardonnera tout de même à
Chase Padgett sa pathétique prestation tout en lui souhaitant que sa
carrière s'éteigne aussi rapidement qu'elle a débuté. Lorsque
l'on connaît l'anecdote selon laquelle le ''réalisateur'' (un bien
grand mot pour un individu qui mériterait davantage l'appellation de
vidéaste amateur) a envisagé son œuvre comme un mix entre Gremlins
de Joe Dante et Génération Perdue
de Joel Schumacher, on est en droit de se demander quel genre de
''stimulant'' le bonhomme prend le matin au petit déjeuner avant de
s'asseoir devant son écran d'ordinateur ou sa machine à écrire !
Quoique
à bien y regarder, il est vrai que le premier de ces deux classiques
du cinéma fantastique datant des années quatre-vingt a pu inspirer
Crabs !
Mais dans le but, sans aucun doute, de réduire à néant cet hommage
factice cachant plutôt un manque flagrant d'inspiration. Les fans de
cinéma d'horreur auront peut-être d'autres références à
l'esprit. Comme Le Bal de l'horreur
de Paul Lynch ou Carrie au bal du Diable
de Brian De Palma pour son approche visuelle de festivités
adolescentes typiquement américaines. Crabs !
se veut délirant en convoquant des créatures qui ne cesseront pas
d'évoluer jusqu'à atteindre des proportions qui n'auront plus rien
de commun avec les limules d'origine. Face aux créatures, le
paraplégique, sa meilleure amie et quelques autres avatars de
résistants du dimanche vont entreprendre une mission visant à
anéantir les envahisseurs venus des profondeurs de l'océan. Très
bête et finalement pas vraiment méchant, le long-métrage de
Pierce Berolzheimer trouvera forcément son public dans son pays
d'origine mais sans doute un peu moins dans d'autres contrées. À
moins d'être fan de ce type de films que l'on rencontre notamment
dans les pages virtuelles de l'excellent site Nanarland
au cœur duquel, n'en doutons pas, Crabs !
risque de très rapidement se retrouver... Maintenant, si vous
désirez avoir quelques précisions supplémentaires quant au
déroulement de l'intrigue, le jeu des autres interprètes, la mise
en scène ou les aspects techniques du film, ne comptez pas sur moi.
J'en ai suffisamment soupé en m'infligeant les soixante-dix sept
minutes que dure Crabs ! et
en pondant cet article sur trois paragraphes. À bon entendeur,
salut !
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