Le réalisateur français
Alain Deruelle a réalisé en tout et pour tout douze longs-métrages
dont la plupart sont des... pornos ! La plupart tournés sous le
nom d'Alain Thierry. On trouve ainsi parmi son humide filmographie
des titres tels que À la queue Lulu ou Orgies
pour nymphomanes. Mais au beau milieu d'une carrière en
majorité consacrée à faire monter la sève chez les amateurs de
pornographie, Alain Deruelle a fait une sortie de route en réalisant
en 1980 le film d'horreur Terreur Cannibale
sous le pseudonyme de A.W. Steeve. Une co-production franco-espagnole
se penchant sur une thématique qui à l'époque était surtout
l'apanage de certains cinéastes transalpins et non pas de
réalisateurs hexagonaux. C'est donc avec curiosité et amusement que
l'on abordera ce qui de prime abord apparaît comme un fumeux nanar
franchouillard plutôt piqué des hannetons si l'on tient compte de
certaines remarques à son sujet. Produit par la compagnie
cinématographique française Eurociné
dont les amateurs de films d'exploitation connaissent la réputation,
Terreur Cannibale
met en scène les acteurs Gérard Lemaire et Antonio Mayáns dans les
rôles de Roberto et Mario, deux criminels spécialisés dans les
enlèvements qui après avoir kidnappé la fille d'un homme
d'affaires partent se réfugier en sa compagnie dans la jungle... où
les attend une complice à bord d'une jeep qui aide les deux hommes
rejoints par une amie prostituée à traverser la frontière. La dite
complice sera la première à faire les frais du goulu appétit d'une
tribu de cannibales !
Des
anthropophages qui lors de leur première apparition sont
physiquement plutôt corrects mais parviennent avec beaucoup de mal à
faire illusion dans une jungle qui n'a rien de luxuriante ou de
tropicale comme nous aurions pu l'espérer. Et pour cause, le film
fut tourné dans la région de la Costa Brava sans pour autant avoir
semblé bénéficier du jardin botanique Pinya de Rosa créé à
Blanes en 1954 par Fernando Rivière de Caralt. Là où celui-ci créa
un jardin botanique constitué d'espèces végétales issues
justement des Tropiques. Plus tard, d'autres cannibales font leur
apparition à l'écran. Mais à moins que les figurants découverts
plus tôt n'aient décidé de faire grève, comment expliquer dès
leur seconde apparition à l'image que ces anthropophages soient
remplacés par des blancs-becs exhibant des traits et un teint aussi
blafards que celui d'occidentaux n'ayant pas vu la lumière du jour
depuis des mois ? Bourré d'incohérences, dans le genre Terreur
Cannibale atteint
des sommets lorsque à la suite d'un viol, une jeune femme retrouve
plus tard son agresseur avec lequel elle se montrera particulièrement
lascive ! Ou comment guérir le mal par le mal. Ou comment,
surtout, monter un film sans tenir compte du déroulement du récit !
Beaucoup plus tard, nous retrouvons nos malfrats aux prises avec la
tribu cannibale du début. Ces derniers sautillent sur place comme si
une envie pressente de pisser leur comprimait la vessie ! Alain
Deruelle assène quelques plans de nus totalement gratuits histoire
de rappeler à ses ''fans'' qu'il fut tout d'abord un réalisateur de
films X relativement productif...
Totalement,
perché, fauché mais au fond.... inespéré, Terreur
Cannibale
n'est qu'une succession de séquences vides de tout intérêt,
ponctuées d'innombrables dialogues post-synchronisés par des
doubleurs du dimanche et accompagnées de chants d'oiseaux tropicaux
très probablement issus des mêmes enregistrements que les quelques
stock-shots qui parsèment le long-métrage. Là encore, qu'ils
gloussent, qu'ils piaillent ou qu'ils cacardent, jamais la majesté
des chants qui nous sont offerts ne font illusion. Parmi les rôles
secondaires, on retrouve à l'écran l'acteur Olivier Mathot dont le
jeu est d'une indicible médiocrité. Il incarne le personnage du
père de la gamine kidnappée par Mario et Roberto (Annabelle dans le
rôle de Laurence Danville) et Silvia Solar, son épouse. Quant à
Mariam Camacho, elle décroche ici son unique rôle au cinéma. Tout
aussi gore que peuvent être les rares séquences d'horreur,
celles-ci sont pénible à regarder. Non pas que les éventrations,
éviscérations et autres consommations de chair par nos cannibales
fantomatiques soulèvent le cœur, mais celles-ci s'avèrent longues
et surtout, répétitives. Terreur Cannibale
étant agrémenté d'une bande originale on ne peut plus éclectique,
celle-ci oscille entre pseudo rock-choucroute, bande-son pour
porno-soft et musique tribale. Du bon gros Z français qui (fait)
tâche !
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