Si tous n'ont pas su
mettre en valeur les qualités d'interprète de l'acteur belge
Jean-Claude Van Damme, parmi les nombreux réalisateurs qui l'ont
dirigé, le britannique Peter MacDonald fait partie des rares qui
semble-t-il se sont donnés la peine de ne pas seulement exploiter
ses prouesses physiques mais davantage son jeu d'acteur. D'ailleurs,
il n'y a dans Légionnaire
qu'une infime part du récit consacré aux combats à mains nues. Et
encore, pas de karaté ni de kickboxing. Rien que de la boxe, et en
très petite quantité retranchée dans la première partie. Sorti
sur les écrans durant la première moitié de l'année 1999, le
long-métrage de Peter MacDonald est d'abord une invitation au
voyage. Dans le temps tout d'abord puisque l'intrigue se déroule au
milieu des années vingt du siècle dernier. A Marseille, en 1924 où
Jean-Claude Van Damme incarne Alain Lefèvre, un boxeur auquel est
proposé de gagner deux fois la somme qu'il empoche habituellement
s'il accepte de participer à un combat face à Julot (l'acteur et
ancien joueur de football américain Joe Montana), le poulain du
parrain de la mafia locale Lucien Galgani (l'acteur britannique Jim
Carter), à condition qu'il accepte de se coucher lors du second
round. Un marché que les deux hommes vont conclure et lors duquel
Alain va retrouver celle qu'il a toujours aimé mais qu'il a
abandonné sur le porche d'une église le jour où il devait
l'épouser (l'actrice suédoise Ana Sofrenovic dans le rôle de
Katrina). Leur rêve était à l'issue de leur mariage de partir pour
l'Amérique. Mais le destin en ayant décidé autrement, ce n'est que
des années plus tard que le français retrouvera la jeune femme et
lui proposera de partir avec lui vivre leur rêve...
Cette
première partie du film qui s'ouvre sur un Marseille dont la
reconstitution est discutable souffre d'une incohérence dont
l'importance est telle que l'on se demande si Légionnaire
va ensuite s'acharner à plonger ses interprètes dans le ridicule et
ainsi nuire au projet. Imaginez : un homme auquel on propose un
combat de boxe qui au lieu de se coucher au second round profite de
ce dernier pour mettre K.O son adversaire. Avec tous les enjeux que
cela suppose. Alors même que de respecter son engagement lui aurait
permis de remporter la somme prévue, de pouvoir discrètement partir
au bras de son ex-dulcinée en train puis en bateau direction le rêve
américain, voici que notre boxeur fait tout à l'envers :
celui-ci perds en effet tout d'abord la moitié de l'argent qui
devait lui être remise après le combat, cause la mort de son
entraîneur, ne peut rejoindre Katrina devant le quai du train, et se
retrouve du coup contraint d'échapper à ses poursuivants en se
faisant enrôler dans la légion étrangère. C'est là qu'entre en
jeu un autre type de voyage après celui du temps : une
destination que d'aucun peut fantasmer tout en la redoutant : la
région septentrionale du Maroc. Le Rif où le contingent qu'Alain a
intégré va connaître des heures plutôt sombres face à une
rébellion berbère dirigée par Abd el-Krim (authentique chef d'un
mouvement de résistants marocains lors de la guerre du Rif qui
l'opposa notamment à l'armée française entre 1925 et 1927) qui ne
va avoir de cesse que de vouloir affaiblir les troupes de la légion
et s'en prendre à ses réserves de munitions qui pour l'heure sont
conservées à l'abri d'un fort bâtit en plein désert du Sahara...
Cette
seconde partie du long-métrage, la plus passionnante après que
notre héros ait participé à un entraînement filmé de la manière
la plus sommaire qui soit, plonge le français en plein désert aride
aux côtés de nouveaux compagnons, tels le poète Mc Intosh (le
britannique Nicholas Farrell), le joueur d'harmonica victime
d'oppression dans son pays les États-Unis, Luther (le
britanico-nigérien Adewale Akinnuoye-Agbaje) ou l'italien Guido
(l'anglais Daniel Caltagirone). Le cadre, forcément, en met plein la
vue. Gros point positif concernant également les costumes, entre les
uniformes de légionnaires ou la tenue traditionnelle berbère, on
s'y croirait. Si les combats à mains nues ne font pas partie du
programme, le spectateur à droit en échange à une succession
d'attaques de la part d'Abd el-Krim et de ses troupes. Des centaines
de figurants d'un côté comme de l'autre qui participent d'un
spectacle alignant des dizaines, voire des centaines de morts ainsi
que des explosions. Que l'on apprécie ou pas l'univers testostéroné
de la star Jean-Claude Van Damme, le fait est que Légionnaire
procure
un vrai plaisir de visionnage. Rien d'outrancier dans son jeu
d'acteur ou celui des autres. À part peut-être la caricature
forcément abusive du grand méchant du film qui à la décharge de
Légionnaire
disparaîtra heureusement très vite ou celle du sergent Steinkampf
(interprété par l'acteur britannique Steven Berkoff) que l'on
reprochera tout d'abord à son doublage en français qui accentue
l'aspect ''brute épaisse'' du personnage. Amitié, trahison et
conflit son au cœur de ce Légionnaire
particulièrement
divertissant...
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