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lundi 2 août 2021

Grâce à Dieu de François Ozon (2019) - ★★★★★★★★★☆

 


 

L'antépénultième long-métrage du réalisateur, scénariste et producteur français François Ozon Grâce à Dieu s'inspire d'un fait-divers authentique. Celui qui entoure l'Affaire Bernard Preynat, ce prêtre accusé de pédophilie entre 1972 et 1991. Reconnu coupable d'avoir abusé sexuellement dix enfants lors d'un rassemblement de scouts, il est renvoyé de l'état clérical et prend cinq de prison ferme. Dans le scénario de François Ozon, tout commence avec Alexandre Guérin (interprété par l'acteur Melvil Poupaud) qui lors d'une conversation se remémore les abus sexuels dont il fut victime de la part du père Bernard Preynat alors qu'il n était qu'un tout jeune adolescent. Le souvenir douloureux de cette période pousse le jeune homme, père de cinq enfants et marié à Marie (Aurélia Petit), à rencontrer Régine Maire, la psychologue de l'archevêché. C'est grâce à elle qu'Alexandre parvient à obtenir un rendez-vous avec le cardinal Philippe Barbarin auprès duquel il témoignes des attouchements dont il fut victime il y a longtemps. Bien que le cardinal lui ait promis de faire la lumière sur toute cette affaire, Alexandre comprend très vite qu'il n'obtiendra rien des autorités ecclésiastiques. Pire : le père Bernard Preynat, malgré les plaintes de plusieurs parents, officie toujours au contact d'enfants...


Avec Grâce à Dieu, François Ozon signe un très grand film, qui s'abstient de montrer l'affaire sous son aspect le plus dérangeant pour n'en retenir que l'essentiel. Le combat mené par les victimes d'un homme d'église en qui leurs parents et eux-mêmes avaient mis leur confiance entre ses mains. Entre dépositions des victimes, création de La Parole Libérée, cette association qui réunit à l'époque une soixantaine de personnes victimes du père Bernard Preynat et qui très récemment a été dissoute par ses propres membres, confrontations entre le bourreau et certains de ceux dont il abusa à l'époque et qui depuis sont tous devenus des adultes, l’œuvre de François Ozon fait également l'état des lieux des traumatismes qui découlèrent du viol de plusieurs d'entre eux. De la simple caresse jusqu'à la fellation contrainte, le réalisateur aborde le sujet de la pédophilie avec une infinie sobriété tout en n'oubliant jamais d'y évoquer également le silence dont s'est rendue coupable l’église et les retombées médiatique, judiciaires et religieuse d'une telle affaire. François Ozon s'intéresse moins au bourreau qu'à ses victime. Ce qui lui évite (et épargne aux spectateurs) d'exposer plus qu'il n'en faut le bourreau sous la lumière des projecteurs. Car les véritables héros de ce récit sont justement ceux dont le père Bernard Preynat abusa. Un homme de Dieu courageusement interprété par l'acteur Bernard Verley qui quoi qu'on en dise, a su parfaitement dessiner les contours de ce prêtre doux dans les paroles mais capable de pire dans les actes...


Melvil Poupaud, donc, mais également Denis Ménochet (notamment inoubliable dans l'excellent Seules les bêtes de Dominik Moll en 2019), mais aussi et surtout Swann Arlaud, qui dans le rôle d'Emmanuel Thomassin interprète l'une des victimes du pédophile de manière absolument bouleversante. Le festival de Cannes saura d'ailleurs s'en émouvoir puisqu'il y recevra le très mérité prix du meilleur acteur dans un second rôle (un second rôle qui d'ailleurs aurait mérité d'être hissé au niveau de ceux de Melvil Poupaud et de Denis Ménochet tant Swann Arlaud marque Grâce à Dieu de sa seule présence et de sa qualité d'interprétation). On appréciera également les participations de Josiane Balasko, d'Odile Debord, d'Aurélia Petit, de Julie Duclos ou d'Amélie Daure qui incarnent avec justesse qui une mère, qui une épouse ou qui une compagne... N'oublions pas également l'acteur François Marthoulet qui incarne quant à lui le rôle du Cardinal Philippe Barbarin qui lui aussi sera au centre de l'affaire pour avoir gardé le silence quant aux faits reprochés au père Bernard Preynat. Sans jamais se placer à la hauteur d'un juge, François Ozon signe une partition parfaite. Un sujet grave traité dans la plus grande dignité par le réalisateur et ses interprètes. Je le répète, Grâce à Dieu est un très grand film...

 

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