Angst
de Gerald Kargl en 1983, Clean, Shaven
de Lodge Kerrigan en 1994, Bug
de William Friedkin en 2006 ou Take Shelter
de Jeff Nichols en 2011. Chaque décennie apporte son lot de films
sur le sujet de la schizophrénie. Sans doute pourrions-nous en citer
d'autres mais ceux-ci demeurent parmi les plus saisissants. Pour
cette nouvelle décennie qui a ouvert ses portes il y a sept mois
environ, la réalisatrice Castille Landon se penche à son tour sur
le cas d'une adolescente qui après avoir fait un long séjour dans
un institut psychiatrique retrouve ses parents ainsi que le lycée.
Pourtant contrainte de suivre un traitement médicamenteux assez
lourd, Rain n'a jamais vraiment cessé d'entendre des voix et de
communiquer avec des personnages imaginaires. Soutenue par ses
parents (Katherine Heigl et Harry Connick Jr. qui incarnent
respectivement Michelle et John Burroughs) ainsi que par son nouvel
ami Caleb (l'acteur Israel Broussard que l'on a pu notamment
découvrir dans le diptyque Happy Birthdead
de Christopher Landon), la jeune fille soupçonne sa voisine Dani
McConnell (l'actrice Eugenie Bondurant), professeur dans le lycée où
Rain étudie, d'avoir kidnappé une jeune enfant et de la garder
prisonnière chez elle. Bien que certains éléments semblent étayer
les soupçons de l'adolescente et bien que Caleb soit prête à tout
faire pour l'aider dans son entreprise, certains signes montrent que
Rain serait peut-être une nouvelle fois aux prises avec sa
maladie...
Aborder
la schizophrénie au cinéma est une chose. Encore faut-il être
capable de le faire avec suffisamment de connaissances pour ne pas
tomber dans le ridicule ou ne pas passer à côté de son sujet.
D'une certaine manière, Fear of Rain,
titre qui renvoie à un échange verbal entre la jeune héroïne
interprétée par l'actrice Madison Iseman et son ami Caleb, y arrive
sous certains aspects, si petits soient-ils. Mais plutôt que de
chercher à étudier la maladie sous tous les angles en expliquant
quelles peuvent en être les sources psychologiques ou affectives, la
réalisatrice préfère mêler son sujet au thriller. En résulte une
œuvre hybride qui souffre de problèmes de mise en scène et
d'interprétation. Certaines séquences étant d'ailleurs commentées
lors d'un dernier acte explicatif cherchant à justifier ce qui
jusque là pouvait apparaître comme de grossières incohérences.
Drame, thriller, Fear of Rain
va même jusqu'à empiéter sur le sujet abordé par le réalisateur
M Night Shyamalan dans Sixième sens.
Toutefois, avec une certaine maladresse. Pour un minimum de confort,
le long-métrage de Castille Landon devra être visionné dans sa
version originale puisque le doublage en français ruine presque
totalement l'intérêt du récit. Aucun personnage n'est
effectivement épargné par des doubleurs qui font passer la chose
pour un téléfilm inconsistant au lieu de lui donner l'ampleur qu'il
aurait sans doute mérité. La palme revenant d'ailleurs au
personnage de John Burroughs dont la voix française se révèle rien
moins qu'atroce...
C'est
d'autant plus dommage que l'on aurait aimé y croire à cette
histoire. Mais la mise en scène, particulièrement plate fini
d'achever le spectateur dont le rôle sera de se poser à intervalles
réguliers des questions quant à l'intégrité mentale de sa jeune
héroïne. La voisine s'est-elle vraiment rendue responsable de
l’enlèvement d'une petite fille ? Caleb existe-t-il
vraiment ? Il y avait pourtant dans Fear of
Rain,
matière à se réjouir : quelques visions intéressantes (un
angle de plafond du lycée se décrépissant à vue d’œil) et des
voix qui envahissent la tête de Rain. Mais trop timide et
insuffisamment percutant, le long-métrage de la réalisatrice manque
de puissance et ne ressemble en fait qu'à un petit téléfilm du
dimanche après-midi pour que l'on ressente une quelconque émotion
pour cette gamine qui tente de combattre ses démons intérieurs
ainsi que les doutes de son entourage. Incohérent, donc, le
comportement du père est d'un illogisme crasse que tente de
justifier le personnage en fin de course. Méthode trop légère et
facile pour nous convaincre du bien fondé de toute une série
d'attitudes de la part du chef de famille. Bien qu'en étant là à
son troisième long-métrage, la réalisatrice ne fait preuve
d'aucune véritable aptitude dans la mise en scène ou dans
l'écriture. C'est donc dans l'indifférence générale que nous
refermerons la page Fear of Rain
en espérant qu'un jour, un réalisateur retrouvera la grâce de ceux
cités au début de cette chronique...
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