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lundi 2 août 2021

Fear of Rain de Castille Landon (2021) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Angst de Gerald Kargl en 1983, Clean, Shaven de Lodge Kerrigan en 1994, Bug de William Friedkin en 2006 ou Take Shelter de Jeff Nichols en 2011. Chaque décennie apporte son lot de films sur le sujet de la schizophrénie. Sans doute pourrions-nous en citer d'autres mais ceux-ci demeurent parmi les plus saisissants. Pour cette nouvelle décennie qui a ouvert ses portes il y a sept mois environ, la réalisatrice Castille Landon se penche à son tour sur le cas d'une adolescente qui après avoir fait un long séjour dans un institut psychiatrique retrouve ses parents ainsi que le lycée. Pourtant contrainte de suivre un traitement médicamenteux assez lourd, Rain n'a jamais vraiment cessé d'entendre des voix et de communiquer avec des personnages imaginaires. Soutenue par ses parents (Katherine Heigl et Harry Connick Jr. qui incarnent respectivement Michelle et John Burroughs) ainsi que par son nouvel ami Caleb (l'acteur Israel Broussard que l'on a pu notamment découvrir dans le diptyque Happy Birthdead de Christopher Landon), la jeune fille soupçonne sa voisine Dani McConnell (l'actrice Eugenie Bondurant), professeur dans le lycée où Rain étudie, d'avoir kidnappé une jeune enfant et de la garder prisonnière chez elle. Bien que certains éléments semblent étayer les soupçons de l'adolescente et bien que Caleb soit prête à tout faire pour l'aider dans son entreprise, certains signes montrent que Rain serait peut-être une nouvelle fois aux prises avec sa maladie...


Aborder la schizophrénie au cinéma est une chose. Encore faut-il être capable de le faire avec suffisamment de connaissances pour ne pas tomber dans le ridicule ou ne pas passer à côté de son sujet. D'une certaine manière, Fear of Rain, titre qui renvoie à un échange verbal entre la jeune héroïne interprétée par l'actrice Madison Iseman et son ami Caleb, y arrive sous certains aspects, si petits soient-ils. Mais plutôt que de chercher à étudier la maladie sous tous les angles en expliquant quelles peuvent en être les sources psychologiques ou affectives, la réalisatrice préfère mêler son sujet au thriller. En résulte une œuvre hybride qui souffre de problèmes de mise en scène et d'interprétation. Certaines séquences étant d'ailleurs commentées lors d'un dernier acte explicatif cherchant à justifier ce qui jusque là pouvait apparaître comme de grossières incohérences. Drame, thriller, Fear of Rain va même jusqu'à empiéter sur le sujet abordé par le réalisateur M Night Shyamalan dans Sixième sens. Toutefois, avec une certaine maladresse. Pour un minimum de confort, le long-métrage de Castille Landon devra être visionné dans sa version originale puisque le doublage en français ruine presque totalement l'intérêt du récit. Aucun personnage n'est effectivement épargné par des doubleurs qui font passer la chose pour un téléfilm inconsistant au lieu de lui donner l'ampleur qu'il aurait sans doute mérité. La palme revenant d'ailleurs au personnage de John Burroughs dont la voix française se révèle rien moins qu'atroce...


C'est d'autant plus dommage que l'on aurait aimé y croire à cette histoire. Mais la mise en scène, particulièrement plate fini d'achever le spectateur dont le rôle sera de se poser à intervalles réguliers des questions quant à l'intégrité mentale de sa jeune héroïne. La voisine s'est-elle vraiment rendue responsable de l’enlèvement d'une petite fille ? Caleb existe-t-il vraiment ? Il y avait pourtant dans Fear of Rain, matière à se réjouir : quelques visions intéressantes (un angle de plafond du lycée se décrépissant à vue d’œil) et des voix qui envahissent la tête de Rain. Mais trop timide et insuffisamment percutant, le long-métrage de la réalisatrice manque de puissance et ne ressemble en fait qu'à un petit téléfilm du dimanche après-midi pour que l'on ressente une quelconque émotion pour cette gamine qui tente de combattre ses démons intérieurs ainsi que les doutes de son entourage. Incohérent, donc, le comportement du père est d'un illogisme crasse que tente de justifier le personnage en fin de course. Méthode trop légère et facile pour nous convaincre du bien fondé de toute une série d'attitudes de la part du chef de famille. Bien qu'en étant là à son troisième long-métrage, la réalisatrice ne fait preuve d'aucune véritable aptitude dans la mise en scène ou dans l'écriture. C'est donc dans l'indifférence générale que nous refermerons la page Fear of Rain en espérant qu'un jour, un réalisateur retrouvera la grâce de ceux cités au début de cette chronique...

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