Un canadien, un belge, un
français, une thaïlandaise, un islandais, un américain et DES
brésiliens. Ça ressemble au début d'une blague. Du style où trois
types se retrouvent sur un bateau avant de tomber à l'eau l'un après
l'autre. Ou semblable à l'histoire du chinois qui tombe du haut d'un
immeuble en faisant Chiiiiine-TOC ! Je sais, c'est à mourir de
rire... Vu la gueule du casting essentiellement composé de
spécialistes de Ju-jitsu, de karaté, de kickboxing, de sports de
force, de boxe, d'ultimate fighting et même de football, on imagine
assez vite que le scénariste s'est retrouvé au chômage technique.
Sauf que le scénariste en question, le greco-américain Dimitri
Logothetis, ne fut pas seulement en charge d'écrire en 2016 un
script autour d'un récit situant son intrigue autour du reboot de
Kickboxer réalisé
l'année précédente par John Stockwell, mais se vit également
confier le tournage de cette suite intitulée Kickboxer:
Retaliation entre la Californie, le Nevada et même la
Thaïlande. Les amateurs de sports de combats furent à n'en point
douter, ravis de découvrir qu'au casting seraient présents dans le
désordre : Alain Moussi, Mike Tyson et surtout Jean-Claude Van
Damme. Et parmi eux, l'étrange présence du célèbre footballeur
brésilien Ronaldo de Assis Moreira plus connu sous le nom de
Ronaldinho. Moins certain d'attirer l'attention, les cinéphiles...
pardon, les cinéPHAGES auront droit quant à eux à la présence
plus ou moins réconfortante de ce pauvre Christophe(R) Lambert dont
la balance entre réussites et nanars a malheureusement toujours eu
tendance à pencher du mauvais côté. Devinez lequel...
Concernant l'épisode précédent, je vous la fais courte : Kurt
Sloane y vengeait la mort de son frère tué lors d'un combat par le
terrible Tong Po incarné par l'acteur américain Dave Bautista en
montant à son tour sur le ring. Soit dit en passant, les amateurs
auront noté que l'américain fut quand même bien moins flippant que
le Tong Po de l’œuvre originale signée en 1989 par Mark DiSalle
et incarné à l'époque par l'acteur belgo-marocain Michel
Qissi. Dans la séquelle réalisée par Dimitri Logothetis, ce même
Kurt Sloane toujours incarné par Alain Moussi a la désagréable
surprise de se retrouver dans l'enfer d'une prison thaïlandaise sous
prétexte d'avoir tué Tong Po lors de son mémorable combat à la
fin du précédent chapitre intitulé
Kickboxer: Vengeance.
Kurt n'a pas trois solutions s'il veut s'en sortir. Soit il passe le
reste de ses jours en prison à affronter les autres détenus ainsi
que des gardiens particulièrement pervers, soit il accepte de
combattre cette fois-si le terrible Mongkut interprété par
l'islandais Hafþór Júlíus Björnsson (à vos souhaits!). Bien
entendu, Kurt refuse et dès lors le spectateur assiste à une série
de combats dont une partie est filmée avec les pieds et en contre
plongée (ce qui laisse à penser que le cameraman fut sans doute une
personne dite ''de petite taille''). On ne crachera pourtant pas
systématiquement dans la soupe puisque la mode étant à la prouesse
technique dite du ''plan-séquence'', Kickboxer:
Retaliation
nous en offrira un plutôt bien fichu même si jamais comparable à
celui de Old Boy
de Park Chan-Wook ni même à celui du remake américain tourné dix
ans plus tard par Spike Lee...
Parle
à Mongkut,
ma tête est malade.
Au
vu du casting et du thème abordé, vous comprendrez que la qualité
de Kickboxer:
Retaliation tient
moins dans son écriture que dans certains combats. D'un classicisme
parfois exaspérant (l'enlèvement de l'épouse de Kurt vient
remettre en question sa décision de ne pas se frotter à Mongkut
lors d'un combat ordonné par le personnage de Thomas Moore). Inutile
d'espérer voir aucun des interprètes composer avec un jeu digne de
l'actor's studio. Ici, c'est du basique. Sans inspiration, et doublés
à la truelle, les personnages sont tous bas du front, le pauvre
Christophe Lambert faisant les frais d'un doublage ''asthmatique''
absolument révoltant. Vu que le bonhomme, excusez du peu, a
physiquement pris cher depuis quelques années, on a parfois
l'impression qu'il livre ici, sa dernière (dé)composition. La
question qui nous vient alors à l'esprit n'est pas :''Kurt
va-t-il combattre Mongkut pour sauver celle qu'il aime ?'' mais
plutôt : ''à quel moment notre C.L national va-t-il
canner ?''. Indissociable de ce genre de production, l'aspect
kitsch de certains dialogues couplés à des attitudes inappropriées
provoqueront parfois d'incontrôlables fous rires. Surtout
lorsqu'intervient le personnage de Maître Durand incarné par le
toujours irrésistible, inénarrable et parfois désarticulé
Jean-Claude Van Damme.
La
chose dure une heure cinquante, ce qui, me semble-t-il, n'est pas si
courant pour ce genre de long-métrage. Une durée qui s'explique
sans doute par la méthode employée par le réalisateur
greco-américain consistant à énumérer tout ce qui fait d'un film
d'arts martiaux, un bon film... d'arts martiaux. Le lieu : la
Thaïlande. Ses prostituées et sa police pourrie jusqu'à la moelle
(on a rarement vu pire en terme de clichés). Sa prison où la
violence n'est pas que du côté des détenus, ceux-ci la partageant
aisément avec leurs gardiens. Un peu de torture, du sang, des cris.
De l’entraînement et diverses initiations. Et encore et toujours
des combats, au pied, au poing, dans des ralentis et des effets
visuels pas toujours de très bon goût. Passées les premières
minutes parfaitement indigestes ayant l’allure d'une pub pour un
parfum ou une automobile, le film tient sa promesse pour quiconque
est venu voir des brutes épaisses faire de la ''tatane'' leur
profession de foi. Concernant le jeu des interprètes, là encore,
C.L (que je n'ose plus nommer par son nom tant il me semble trahir
celui qui su à quelques reprises, m'éblouir par le passé) fait les
frais d'un jeu terriblement déplaisant. En prenant des airs de
Parrain du pauvre agitant les bras comme s'il chassait les mouches,
la liane de Tarzan s'est brisée et l'homme-singe est venu s'échouer
au sol sans pouvoir se relever. Pour preuve que la magie ne peut
désormais plus s'exprimer et ce, même comme au temps de ses plus
grands nanars : son célèbre rire n'y est plus. Pathétique
mais surtout terriblement déchirant ! Mais pourquoi s'éterniser sur
C.L et non sur le reste du casting ? Pour une raison simple :
Parce qu'au fond, aussi affligeant que puisse être le français,
c'est encore lui dont on retiendra sans doute le plus la
''performance'' face à des interprètes souvent monolithiques. Au
final, les cent-dix minutes de Kickboxer:
Retaliation
passent relativement bien puisque les ventres mous sont assez rares.
Pas un chef-d’œuvre, loin de là, mais pas non plus l'immonde
navet que je redoutais...
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