Quinze ans après avoir
signé le classique de la science-fiction
dystopico-post-apocalyptique New York 1997,
allez savoir pourquoi, John Carpenter prend enfin la décision de
concrétiser le scénario écrit par le scénariste américain
Coleman Luck en 1985. Mais alors qu'à cette époque le script semble
trop léger pour celui qui entre les deux volets réalisera une
succession de chefs-d’œuvre plus ou moins horrifiques (parmi
lesquels on retrouve The Thing
en 1982, Christine
en 1983 ou Prince des Ténèbres
en 1987), deux événements vont avoir des conséquences sur la suite
de sa carrière et John Carpenter prendra finalement la décision de
tourner ce qui deviendra en 1996, Los Angeles
2013.
Il aura en effet fallu des émeutes en 1992 à Los Angeles et un
tremblement de terre pour que le projet soit relancé avec en
vedette, un Kurt Russell sur lequel le poids des années ne semble
avoir aucune prise. Le film débute par un topo qui nous explique
qu'en 2000, un tremblement de terre a eu des conséquences
désastreuses sur le continent américain, la ville de Los Angeles se
retrouvant ainsi isolée du reste du pays à la suite d'un immense
tsunami. Le gouvernement américain décide treize ans plus tard de
profiter de la configuration géographique de Los Angeles pour
transformer la ville en île-prison. Mais désormais, John Carpenter
durcit cette thématique déjà abordée dans New
York 1997 en
enfermant davantage que les seuls criminels. Désormais, et à titre
d'exemple, le seul fait d'être athée suffit pour être arrêté et
jeté en prison parmi les prisonniers de droit commun...
Dans
cette séquelle, le héros Snake Plissken est une nouvelle fois
''engagé'' (pour ne pas dire contraint) d'aider les autorités afin
de récupérer une boite noire à laquelle semble particulièrement
tenir le président en place. Exit Lee Van Cleef dans le rôle du
responsable de la sécurité de New York désormais remplacé par le
tout aussi détestable commandant Malloy incarné par l'acteur Stacy
''Mike Hammer'' Keach. Les fans du premier volet ne seront pas perdus
puisque John Carpenter se contente en fait de reprendre les mêmes
ingrédients tout en relevant l'exploit de faire moins bien qu'à
l'époque. Tout ou presque est similaire à ce que proposait New
York 1997
sauf que John Carpenter semble moins investi qu'auparavant. Si le
casting fait le boulot, les effets-spéciaux sont dignes des pires
séries de science-fiction des années quatre-vingt dix. À tel point
que l'on se demande dans quelles mesures le réalisateur n'a pas
volontairement donné sa touche kitsch à ce
Los Angeles 2013
dont certaines séquences demeurent parfaitement indigestes. À titre
d'exemple, le tremblement de terre d'une durée ridicule proposé en
début de métrage n'a pas le dixième de l'impact visuel de celui du
classique du film catastrophe signé en 1974 par Mark Robson,
Earthquake.
L'usage d'effets-spéciaux numériques gâche une partie du film
tellement l'on a l'impression d'être face à des cinématiques de
vieux jeux vidéos du début de l'ère numérique. La séquence du
sous-marin demeure d'ailleurs l'une des plus remarquablement bâclée
de ce Los Angeles 2013...
synthétique !
Reste
peut-être le récit... ? Bon, tout n'est pas qu'une (peu)
scrupuleuse repompe de l'original. Et même si durant une grosse
demi-heure Los Angeles 2013 ne
fait pas franchement preuve d'originalité, avec le temps, ça
s'arrange. Enfin, le terme est légèrement galvaudé. Car concernant
la dite originalité, Big J se permet des incartades pas toujours
judicieuses. Car à moins d'avoir un sacré sens de l'humour et une
propension à accepter tout ce que ce ''Dieu'' de la science-fiction
et du fantastique est capable de mettre en boite, le film est ponctué
de séquences hautement nanardesques quand d'autres s'avèrent intéressantes (Le chirurgien fou incarné par Bruce Campbell et sa cohorte de timbrés en robe de bure). Telle la scène où Snake
Plissken fait du surf en compagnie de Peter ''Pipeline'' Fonda. Où
encore la rencontre entre le héros et une Pam Grier/Hershe Las
Palmas en mode ''trans''. Deux options s'offrent au spectateur :
soit Big J assume et alors il a réussi son coup. Soit il est passé
à côté d'un concept qui se voulait plus proche de l'original que
d'un quelconque nanar et là, c'est loupé. Mais connaissant le
bonhomme et la qualité de sa filmographie, on aura tôt fait de
l'imaginer faire un pieds de nez à l'univers hautement nihiliste de
New York 1997 pour
faire de sa séquelle un reflet beaucoup moins sombre. Des vingt
longs-métrages (ciné et télé), Los Angeles
2013 demeure sans doute
comme le plus faible d'entre tous. Un échec artistique qu'il
parviendra fort heureusement à faire oublier deux ans plus tard avec
l'excellent Vampires...
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