Le social est une valeur
marchande qui sur grand écran fonctionne actuellement à plein
régime et connait un certain succès auprès de la presse et du
public. Rien que ces dernières années, le public français a eu
droit à quelques bonnes et même, très bonnes surprises. Quelques
comédies légères, telle Jusqu'ici tout va bien de Mohamed Hamidi,
l'excellent Les Crevettes Pailletées de Cédric Le Gallo, moins
connu que Le Grand Bain de Gilles Lellouche mais tout aussi
intéressant à découvrir, mais aussi des œuvres parfois plus dures
et encore davantage ancrées dans la réalité. On pense notamment
aux Invisibles de Louis-Julien Petit ou au chef-d'oeuvre de Stéphane
Brizé, En Guerre, sorti le 16 mai 2018. Et puis sortent parfois des
œuvres dont on n'attend rien de spécifique au tournant. Du moins
peut-on les envisager comme d'énièmes variations sur un même
thème. C'est ainsi donc que nous nous rendions ce matin dans l'une
des neuf salle du MEGA CGR de Narbonne avec l'espoir de nous changer
les idées devant une comédie. Le choix s'étant tout d'abord porté
sur la présence des excellents Arnaud Ducret (L'Embarras Du Choix,
Monsieur Je-sais-tout ou Les dents, pipi et au lit) et Philippe
Rebbot (Bon rétablissement !, Une Famille à Louer) et sur une
affiche qui ne laissait pourtant la place à aucune ambiguïté quant
à l'approche de ce premier long-métrage réalisé par l'acteur-réalisateur Mathias
Mlekuz (scénario écrit en compagnie de Philippe Rebbot et Cécile Telerman), c'est d'abord avec un certain désarroi que l'on a commencé
à suivre les aventures d'Arnaud et de Di Dello dans une région
connue pour les célèbres corons chers au chanteur Pierre Bachelet
auxquels il rendit hommage avec la chanson ''Les Corons'' mais
également atteinte d'un fort taux de chômage. Une œuvre qui semble
tout d'abord hésiter entre comédie aux ressorts humoristiques
inefficaces et drame social décrit avec peu d'enthousiasme. C'est
dire si la première impression est négative et si l'on a vite fait
de cataloguer Mine de Rien comme une comédie dramatique sans relief.
Il faudra cependant
patienter jusqu'à ce que le héros soit suffisamment ivre et à
l'agonie pour avoir une idée surprenante: construire un parc
d'attractions sur une ancienne mine de charbon qui a fermé ses
portes, laissant l'intégralité de ses ouvriers sur le carreau.
C'est peut-être à cet instant très précis que Mine de Rien prend
toute sa valeur en apportant tout ce qui semblait lui manquer jusqu'à
cet instant. On comprendra que le réalisateur ait d'abord choisi de
présenter ses personnages tout en décrivant avec justesse leurs conditions de vie mais c'est bien lorsque tous ensemble,
dans une même communauté de sentiments et de solidarité, ils vont
se battre pour bâtir ce qui peut-être, leur permettra de retrouver
leur dignité. Mine de Rien ne dépasse pas les une heure et
vingt-cinq minutes et pourtant, Mathias Mlekuz est parvenu en aussi
peu de temps à évoquer tout un tas d'aspects de la vie quotidienne
des habitants de cette petite ville minière engagés tous ensemble
dans une bataille contre la maire en place, les services sociaux et
des combats personnels parfois terriblement pesants. Arnaud Ducret est
absolument formidable dans la peau d'Arnaud, divorcé, chômeur, mais
qui devant l'adversité et un sort qui semble vouloir s'acharner sur
lui, conserve calme et optimisme. Tranchant relativement à ses
côtés, le personnage qu'interprète Philippe Rebbot apporte une note de fantaisie dans ce
tableau parfois dépeint avec une très grande noirceur. À ce
titre, on pense notamment à la séquence particulièrement poignante
durant laquelle la mère d'Arnaud, divinement incarnée par Hélène
Vincent, réclame son fils alors qu'elle vient d'être admise dans
une maison de retraite. Le partenaire d'Arnaud Ducret agit comme une
soupape de sécurité qui évite au long-métrage de tomber dans le
nihilisme absolu. Il faudrait citer tous les seconds rôles Rufus, Mélanie Bernier, Marianne Garcia, Cyril Aubin, etc...) qui
apportent leur lot de fraîcheur à cette comédie dramatique et
sociale qui apporte une réponse positive et optimiste à un sujet
grave et particulièrement dans l'air du temps. Mine de Rien, c'est
l'honneur retrouvé d'une communauté d'ouvriers faisant face à
l'adversité. Tantôt dans la joie et la bonne humeur et parfois
saupoudré de moments incroyablement émouvants. À dire vrai,
Mathias Mlekuz signe pour un premier film, l'une de ces pépites,
rares, qu'il faut savoir dénicher de temps en temps. Le plaisir y
est immense et la satisfaction d'avoir vécu un réel instant de
partage et de communion avec ses personnage, authentique...
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