Brittany Poulton et
Daniel Savage collaborent depuis cinq ans mais n'avaient jusqu'à
maintenant produit ensemble que le court-métrage Lizard King
en 2014. En 2019, ils reviennent cette fois-ci avec leur premier
long-métrage en commun, Them That Follow
(Ceux qui suivent). Un drame qui prend son essence au cœur d'une
communauté vivant recluse dans les Appalaches et dont les membres
sont de fervents disciples d'un prédicateur vouant son existence
toute entière au seigneur. L'australienne Alice Englert (Sublimes
créatures
de Richard LaGravenese), la britannique Olivia Colman (la série
policière Broadchurch)
et les américains Walton Goggins, Lewis Pullman et Thomas Mann sont
au centre de ce drame dans lequel la ferveur religieuse contamine
littéralement le récit. Le couple de réalisateurs évoque ainsi la
présence du Malin matérialisé ici sous différentes formes,
qu'elles soient plus ou moins concrètes (grossesse hors mariage,
jalousie, mensonge, etc...), les conséquences y étant un tant soit
peu désastreuses et relatives au degré de ferveur de chacun de ses
membres...
"Adore
celui qui te guérit de tes poisons"
Le
prédicateur Lemuel Childs figure ici ces ''fous de Dieu'' plus ou
moins sincères mais qui d'une manière générale asservissent des
esprits faibles épris d'un soutien moral indéfectible de la part du
seigneur. Them That Follow est
presque une plongée dans un univers païen, loin de toute
technologie. Un retour à des préceptes barbares dominés par
l'aveuglement d'une communauté totalement acquise à la parole d'un
prédicateur qui, chose étonnante, use d'une coutume qui semble
partiellement se référer au ''serpent
d'airain''
dont la vue, qui dans le ''Livre des Nombres'',
le quatrième de la Bible, servit à soigner les morsures des
serpents du désert. Le dit serpent sert dans le contexte présent
d'allégorie au mal qui ronge la communauté et s'insinue dans
l'esprit comme le venin du serpent coule dans les veines...
Brittany Poulton et
Daniel Savage signent une œuvre imparable, touchante et effroyable à
la fois et où la caractérisation des personnages prend une place
très importante. Un peu à la manière de l'excellent Village
de M. Night Shyamalan, Them That Follow s'inscrit
dans cette vague de films prônant un retour aux sources. Entre
nature et religion qui dans le cas présent démontrent que l'esprit
de l'homme est façonné de telle manière que même éloigné des
tentations, le loup finit toujours par s'installer dans la bergerie.
On le comprendra assez rapidement, Brittany Poulton et Daniel Savage
ne se font pas les chantres de l’Église évangélique ici invoquée
sur laquelle les deux cinéastes tapent volontiers. Alice Englert
épouse remarquablement son personnage, naturelle et surtout très
éloignée des héroïnes stéréotypées qui pullulent sur grand
écran. Walton Goggins incarne ce prédicateur sans doute honnête,
mais révérant bien trop son Créateur pour que le spectateur lui
voue un quelconque attachement. Olivia Colman interprète tour à
tour une fervente adeptes des préceptes de Lemuel Childs avant de se
laisser glisser dans la peau d'une mère de famille désabusée au
contact de son fils Augie (Thomas Mann) qui risque la mort. On aurait
peut-être aimé que soit développé le personnage de Garret,
psychopathe en puissance qu'incarne très justement l'acteur Lewis
Pullman (Strangers: Prey at Night
de Johannes Roberts en 2018). A noter qu'il est conseillé de
découvrir le film de Brittany Poulton et Daniel Savage dans sa
langue d'origine, le doublage français étant relativement décevant.
Them That Follow est
en tout cas une excellente surprise qui mérite que l'on s'y
attarde...
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