L'auteur de La
Secte sans Nom, de
Fragile,
de [Rec] et
futur réalisateur de Way Down
Jaume Balagueró signait en 2011 son sixième long-métrage cinéma.
S'éloignant sensiblement de l'épouvante et encore plus franchement
du fantastique qui le fit connaître auprès des fans de cinéma
horrifique, l'espagnol revenait donc avec Mientras
Duermes (Malveillance),
un thriller domestique particulièrement efficace et principalement
interprété par l'acteur Luis Tosar qui débuta sa carrière en
Espagne au beau milieu des années quatre-vingt dix et qui depuis
enchaîne les rôles au cinéma dans son propre pays (El
Desconocido
de Dani de la Torre en 2015, Musarañas
de Juanfer Andrés et Esteban Roel en 2014, ou encore Intemperie
de Benito Zambrano en 2019). il y incarne l'archétype du sociopathe
dont le désir profond est de nuire à son prochain. Son terrain de
jeu ? Un immeuble cossu dans lequel il est employé comme
concierge. Et en tant que tel, l'homme connaît les us et coutumes de
ceux qui y vivent. Affable et en général plutôt apprécié, César
compte cependant dans les rangs de l'immeuble quelques
''réfractaires'' à sa présence. Comme le voisin du quatrième
étage porte B, ''sournoisement'' interprété par l'acteur Carlos
Lasarte, fidèle interprète de Jaume Balagueró, et qui dans le cas
présent rêve de voir le concierge débarrasser le plancher !
Ou comme la jeune Úrsula qu'interprète l'actrice Iris Almeida, et
qui fait chanter le concierge après avoir été le témoin de ses
manigances...
Deux
exemples, deux portraits qui signifient le mépris des nantis envers
l'employé qui tient des portes ouvertes mais jamais n'est remercié
pour cela. Mais heureusement, il en existe pour demeurer chaleureux,
même envers ce curieux personnage trop affable pour être honnête.
À l'image de la vieille Verónica (Petra Martinez) qui prépare et
réchauffe pour notre concierge de bons petits plats. Ou encore la
jeune et plutôt jolie Clara, interprétée par la non moins
délicieuse Marta Etura. L'une des particularités du personnage
incarné par Luis Tosar tient dans son incapacité à vouloir se
rapprocher sincèrement des habitants de l'immeuble afin de cohabiter
en paix avec eux. Non ! Parce qu'il n'a jamais été heureux et
semble convaincu que le bonheur, ça n'est pas pour lui, il a choisit
de faire le malheur autour de lui. Mais parmi les habitants de
l'immeuble se trouve justement Clara, que rien ne semble atteindre et
qui baigne dans le bonheur et dans la joie. C'est donc sur elle que
toute la rancœur du concierge va se focaliser...
Drame
psychologique intense et parfois terriblement sombre, Mientras
Duermes
est littéralement porté par une mise en scène sobre, une
envoûtante partition musicale signée par Lucas Vidal, un décor
parfois glacial et surtout par l'impeccable interprétation de Luis
Tosar qui incarne le dit concierge. Cet être prêt à servir son
prochain tout en ayant de sombres idées derrière la tête. L'une
des excellentes idées générées par le scénario d'Alberto Marini
se situe au niveau de la caractérisation d'une bonne partie des
personnages qui tout en étant relativement détestables amenuisent
l'impact négatif des actes perpétrés par César. À tel point que
l'on en vient parfois à espérer que sa prochaine victime sera tel
ou tel voisin. À l'image, justement, de ce vieil homme habitant au
quatrième et menaçant sans cesse le concierge de le faire renvoyer.
La construction du récit tournant surtout autour de César et de
Clara, le scénario tourmente l'esprit de ses personnages, le
concierge fantasmant littéralement sur sa proie tout en étant
objectivement convaincu de devoir lui faire du mal. Brillant par une
sobriété à peine perturbée par quelques rarissimes élans gore
(en fait, un seul, perpétré sur la personne de Marcos, interprété
par Alberto San Juan), le scénario de Mientras
Duermes
pousse le vice dans ses derniers retranchements lors d'un final au
cynisme inouï. Jaume Balagueró signe ici l'un de ses meilleurs
films et Luis Tosar offre l'une de ses meilleures interprétations...
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