''Avant d'être arabe,
ton père était nègre''... A
quelques phrases près, voici donc comment démarre C'est
pas Moi, c'est Lui,
seconde des deux comédies françaises ayant réunis les acteurs
Pierre Richard et Aldo Maccione dans le courant des années
soixante-dix après un Je suis Timide mais Je me
Soigne
réalisé l'année précédente, en 1978. Menant tous deux une
carrière d'acteur comique, il était inévitable de les voir un
jour se rencontrer à l'écran. Pourtant, et ce n'est pas du
chauvinisme que de préférer la carrière du français que celle de
l'italien, mais force est de reconnaître qu'en la matière, Pierre
Richard a connu un destin beaucoup plus heureux que celui d'Aldo
Maccione sur grand écran. Avant de partager la même affiche à deux
occasion l'un et l'autre, le premier s'était tout d'abord fait la
main chez Yves Robert (Alexandre le Bienheureux)
avant de signer son premier long-métrage en tant que scénariste et
réalisateur en 1970 avec Le Distrait.
Quand au second, la chance (ou le malheur) a voulu qu'il tourne au
début de sa carrière auprès de Claude Lelouch (Le
Voyou
et l'excellent
L'Aventure, c'est l'Aventure),
mais aussi, pour Philippe Clair (le navrant La Grande
Maffia).
Une évolution de carrière régressive qui toutefois se maintiendra
entre nanars assumés et comédies ringardes (l'hallucinant
Plus moche que Frankenstein tu meurs*
du
non moins imprévisible Armando Crispino, auteur de
Macchie Solari
aka Frissons d'Horreur
dans l'hexagone, un giallo atypique assez glauque...)
*Auquel il me semble avoir mis une étoile seulement
C'est
pas moi, c'est Philippe Clair...
...aurait-on
presque envie de dire, histoire de soulager nos consciences d'avoir
tant craché sur cette comédie totalement bâclée en terme de
comique. C'est pas Moi, c'est Lui
semble en effet se réclamer du cinéaste français né au Maroc avec
lequel, pourtant, Pierre Richard n'aura jamais tourné le moindre
film. Ce qui, comme on le devine assez aisément, ne fut pas le cas
d'Aldo Maccione qui au contraire, tourna aux côtés de l'auteur de
La Grande Java
(avec Les Charlots) à cinq reprises. En terme de régression, Pierre
Richard fait également des miracles en cette année 1979, à une
époque (entre 1978 justement,et 1985) où il ne tourne pas plus d'un
film par an alors qu'il en tournait jusqu'à quatre en 1974. L'année
d'avant, on le découvre dans le très réussi et surtout très drôle
La Carapate
de Gérard Oury, lequel l'emploie à nouveau dès 1980 dans le
convaincant Le Coup de Parapluie.
C'est pas Moi, c'est Lui
fait donc figure d'accident de parcours et le fan sera rassuré
d'apprendre que par la suite, jamais il n'aura osé proposer ou
seulement interpréter une œuvre aussi faible que celle qu'il tourna
en cette année 1979.
C'est
pas Philippe Clair, c'est Pierre Richard...
Car
oui, cela est à peine croyable, mais non seulement l'un des acteurs
comiques préférés des français en est le principal interprète,
mais il en est également le réalisateur ainsi que le scénariste.
Bien avant la sortie du film, on aurait pu flairer les origines de
cet affreux nanar. Je sais rien, Mais Je dirai
Tout et
C'est pas Moi, c'est Lui
dérivent dans leur appellation vers une même logique. Sauf qu'en
effet, Philippe Clair (encore lui) était coutumier de ce genre de
titres : Tais-toi quand tu parles,
Par où t'es rentré ? On t'a pas vu sortir ou
encore Si t'as besoin de rien... fais-moi signe.
Ce qui en revanche ne distingue (pratiquement) pas les uns et les
autres demeure dans la qualité des répliques. C'est
pas Moi, c'est Lui
est en la matière relativement pauvre et le spectateur a parfois la
désagréable impression que Pierre Richard n'opère que dans la
redite. S'ils s'avèrent nombreux, les gags tombent généralement à
plat et sont très largement indignes de ce dont est capable
l'acteur-réalisateur-scénariste. Ici, on tombe presque au plus bas
de l'échelle en matière d'humour. Et même si Pierre Richard
n'atteint pas le degré zéro dans lequel se fourvoyaient très
régulièrement des réalisateurs de l'acabit de Philippe Clair (oui,
je sais, j'insiste un peu trop), Michel Gérard (et son
trouducultissime Les vacanciers),
mais aussi Max Pécas (dont les Embraye bidasse,
ça fume,
On se calme et on boit frais à Saint-Tropez,
ou encore On est venu là pour s'éclater
donnent une idée assez précise de leur contenu), C'est
pas Moi, c'est Lui
est sans doute ce qu'il a signé de plus mauvais. Même l'affiche est bien dégueu. Si ça n'est pas de l'acharnement, ça ! A part cela, est-il
bien utile de rappeler que le film fut en partie tourné dans de superbes décors tunisiens et que participent au film l'actrice Valérie
Mairesse, l'acteur Gérard Hernandez et le compositeur Vladimir
Cosma ? Non, hein ? Allez, trois étoiles parce que c'est
Pierre Richard...
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